Magazine Internet

L’empathie, qualité clé d’une civilisation connectée

Publié le 30 septembre 2011 par Corinne Dangas

L’empathie est une notion complexe qui décrit les mécanismes qui servent notre conscience et nous permettent de « comprendre » l’autre. Elle intègre une dimension à la fois affective (vous comprenez ses sentiments, ses émotions) et cognitive (compréhension des états mentaux non émotionnels).

Comme elle recouvre des réalités physiologiques que nous ne connaissons pas ou mal, l’empathie est un terrain de choix pour les neurosciences depuis une vingtaine d’années. (on sait par exemple que les neurones dits « neurones-miroirs », s’activent aussi bien lorsqu’un individu effectue soi-même une action que lorsqu’il observe un autre individu de la même espèce l’effectuer).

L’empathie n’est pas faite (que) pour les bisounours ! 

On confond communément l’empathie, que l’on tend à décliner sur le mode « bisounours surémotif », avec compassion, émotivité et partage d’émotion. L’empathie fait de nous des animaux sociaux qui, certes, supportent en général assez mal la souffrance des autres, ce qui nous épargne d’être tous des sociopathes : selon une expérience menée par Pessoa & Adolphs, quand on présente à des personnes des images suggérant qu’un tiers a mal, 1/3 d’entre elles ressentent une douleur au même endroit – empathie sensorielle – et 2/3 sont perturbées mais sans ressentir elles-mêmes la douleur.

Mais, avant tout, l’empathie est un mode de connaissance et de compréhension de l’autre. Ce n’est pas nécessairement de la sympathie (à l’extrême, l’empathie peut servir la cruauté : la douleur de l’autre est ressentie positivement) ni ce que l’on appelle « contagion émotionnelle » (ex. le fou rire contagieux).

Même si elle est structurellement dépendante de notre propre environnement émotionnel, je la décrirais bien plus comme une facilité à capter la projection de l’esprit d’autrui. Les capacités d’empathie permettent de réduire le différentiel entre ce que « signifie l’autre » et ce que « je conçois ». Bref, l’empathie est une qualité de réception, une largeur de bande qui permet de couvrir plus ou moins bien l’écart entre ces deux angles du même processus : l’émission originale, et sa retranscription.

- C’est une compétence qui, parce que l’on « comprend » l’autre, réalise des comportements  socialement efficients : en intégrant aussi l’intérêt d’autrui dans ses modes d’action, on sert plus largement la coopération et l’intérêt collectif.

- A contrario, c’est aussi une compétence de survie essentielle dans un monde « rétréci » où l’homme n’a d’autre prédateur que lui-même, et est en interaction, sinon en compétition permanente, avec sa propre espèce, ce qui requiert une maîtrise de plus en plus aboutie et une adaptation de plus en plus fine à la façon dont son congénère va agir et réagir.

Nous vivons actuellement un tournant de l’histoire de l’humanité, où jamais le monde n’a paru si petit, ses points les plus éloignés si connectés, et la conscience des ressources terrestres en tant que bien commun, si pleine. De l’explosion des modèles fondés sur le partage, la coopération, le « peer-to-peer », au rôle des médias sociaux dans les révolutions et crises planétaires, nous sommes en train de bâtir une civilisation mondiale fondée sur l’interdépendance, et la conscience de cette interdépendance.

A la base de cette conscience, fondement de la vie en société, l’empathie sera une qualité humaine de plus en plus déterminante, une condition sine qua non à la communication, à l’adaptabilité et la richesse des connexions et au développement économique et social, sur laquelle nos organisations, nos systèmes éducatifs et entrepreneuriaux, doivent absolument mettre l’accent.

Watering the Sun de Conanil, sur Flickr


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Corinne Dangas 854 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine