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Ben Mazué : Chronique de son premier album

Publié le 01 octobre 2011 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

 

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Ben Mazué : Inconstestablement un des artistes les plus intéressants de la scène musicale actuelle française.

Ben Mazué, ça a été une VRAIE rencontre artistique. Parce que les rencontres musicales comme toutes les autres rencontres de la vie c'est aussi une question de moment . A l'instant où j'ai croisé sa musique pour la première fois j'étais dans une situation personnelle difficile et il se trouve que ses mots et ses notes m'ont aidée à aller mieux.

Pansement musical.

Vraiment.

Parce que Ben Mazué délivrait à travers ses deux EP des textes dont les valeurs me parlaient, parce qu'il employait des formules qui me touchaient et qu'il abordait des thèmes qui résonnaient en moi, qu'il s'agisse de sujets douloureux (Tout recommencer) ou plus léger (t'es trop près). 

C'est rare de dénicher en quelque sorte son alter égo musical. J'aimais l'écriture et les arrangements, souvent peu travaillés, qui me semblaient mettre en valeur le texte sans jamais lui voler la vedette. J'aimais l'honnêteté qui infusait dans chacun des mots mais aussi le mélange d'autodérision et de sérieux :  Equilibre parfait.

Alors quand l'artiste a signé chez Columbia je me suis réjouie évidemment. "Enfin" ai-je pensé, ravie à l'idée que son public allait enfin pouvoir vraiment s'élargir et déborder bien au-delà des quelques milliers de fans qui le suivaient déjà sur le net.

Il a continué à se produire sur quelques scènes en interprétant le répertoire de ses deux EPs puis il a pris le temps d'enregistrer l'album, se faisant un peu oublier de la scène musicale.

Il manquait. Inutile de se mentir.

La sortie de l'album initialement prévue pour début octobre a apparemment été avancée et moi j'étais un peu absente du web quelques jours donc j'ai manqué l'annonce de sa sortie digitale pour le 30 septembre. Je m'en veux un peu. Parce que je dois publier cette chronique depuis longtemps déjà et que j'aurais aimé la mettre en ligne juste avant la diffusion de ce premier album. Raté.

(Il faut reconnaitre aussi qu'une première chronique avait été rédigée mais que je l'ai perdue quand mon disque dur m'a lâchée. J'ai un peu eu la flemme de m'y remettre dans la foulée...)

Pour commencer il faut déjà dire que j'aime vraiment cet album.

Je l'ai écouté des centaines de fois depuis que je l'ai (oui mais il faut dire que je l'ai récupéré depuis le début de l'été dernier alors j'ai eu le temps aussi). Au début, il faut avouer que j'ai été un peu bousculée par quelques morceaux (peu nombreux) que je qualifierais de surarrangés.

Après être revenue attentivement sur la tracklist, j'ai réalisé que cette réaction de rejet léger me venait toujours avec les titres que je connaissais dans leur version initiale sur les EPs. Il s'agissait en fait sans doute simplement d'une déception liée au fait que j'aurais aimé retrouver l'émotion que je ressentais avec les versions originales sur l'album.

D'ailleurs ce n'est pas un hasard je pense si les titres inédits sont mes préférés : c'est léger (sublime duo avec Pauline Croze), Evidemment, les mots qui touchent ou encore Papa.

L'ouverture de l'album se fait sur le très opportun "Case départ" qui annonce la couleur, l'envie de l'artiste de surprendre et de se démarquer, d'être "là où on ne l'attend pas". Avec ces nouveaux arrangements sur certains morceaux, il est clair que Ben Mazué a pris le risque de brouiller les pistes et de décontenancer ceux qui le suivent depuis longtemps maintenant. Ce titre fait partie de ceux que l'on connaissait déjà et dont j'ai trouvé que les nouveaux arrangements étaient particulièrement bien inspirés. J'ai aussi aimé la dynamique nouvelle qui se dégage de "Mes Monuments" même si je ne peux m'empêcher de repenser à la version plus dépouillée que j'adorais. Mais celle-ci, différente, a aussi son charme. Il est différent de celui qui se dégageait de la version précédente voilà tout.

Je crois que mon plus grand choc a été "confessions d'un rap addict" dont je raffolais littéralement en version live. Bien sûr le texte est toujours aussi bon puisqu'il n'a pas bougé mais je trouve que les arrangements y sont trop riches. J'avais eu l'occasion d'en entendre une version temporaire déjà arrangée dans cet esprit mais c'était plus léger et j'avais aimé. C'était une façon de revisiter le morceau, ça m'avait surprise mais beaucoup plu. Là, c'est une question de dosage sans doute mais je suis un peu dérangée par l'abondance de gimmicks musicaux sur le refrain et sur la fin du titre. Légère déception aussi sur "Je regrette"  où de nombreux gimmicks viennent parasiter les séquences. J'aimais tellement le côté dépouillé, l'émotion palpable qui se dégageait des morceaux où la musique semblait accompagner le sens des mots sans jamais le masquer. 

Avis personnel qui tient là encore sans doute à une forme de nostalgie mal placée. 

Mais cet album m'est vraiment cher malgré ça. 

Parce qu'on y retrouve ce qui fait le talent de Ben Mazué : sa plume efficace, une forme de sincérité dans l'expression, une simplicité incroyablement touchante, un phrasé qui n'appartient qu'à lui et cette voix douce aux accents urbains qui lui va si bien.

Côté thèmes, les textes sont résolument positifs et s'accordent aux arrangements qui accompagnent la dynamique générale. On retrouve son talent pour ce qui est de saisir l'air du temps, emprisonnant en quelques mots les émotions du moment, peut être même celles d'une génération, partagée entre l'envie d'avancer et la difficulté à faire des choix et à renoncer. Celle d'une tranche d'âge  assaillie par le doute mais mue par l'envie tenace de tracer sa route en toute liberté.

Un seul titre n'a pas bougé par rapport à sa version originale : C'est l'homme modeste qu'on aime à retrouver tel qu'on l'a découvert :  Hommage toujours aussi émouvant.

Ben Mazué prouve avec cet album qu'il est une sorte d'orfèvre du quotidien qui arrive à mettre en musique des portraits (L'homme modeste, évidemment), des fragments de vie et des états d'âme (papa, lâcher prise, case départ...) qui s'animent sous l'impulsion des notes qu'il a choisi d'y associer. 

Mention spéciale au duo avec Pauline Croze, "c'est léger", petite pépite du genre, associant deux voix qui s'accordent parfaitement et que j'ai écouté un nombre incalculable de fois. Peut être parce qu'on y retrouve la discrétion des arrangements qui m'avait initialement séduite dans le répertoire de Ben. Toujours est il que ce titre ci est inconstestablement mon favori.

Petite nouveauté  : 2 titres en anglais régulièrement répartis sur l'album vérifient qu'avec ce premier opus l'artiste a choisi de ne rien s'interdire, d'aller naviguer du côté des tempos lents ou très rythmés, d'arranger énormément les morceaux ou de les livrer dans une version plus dépouillée, de chanter tantôt en français tantôt en anglais...En totale liberté.

Ce premier opus est celui d'un artiste qui a souhaité produire un album qui offre à son public un contenu nouveau bien qu'il reprenne des titres qui ont participé à son succès, qui a souhaité s'aventurer sur de nouveaux territoires pour tenter de proposer de l'inédit. On y retrouve son groove, ses mots toujours soigneusement agencés, son talent si particulier pour ce qui est de transmettre des émotions, qu'il s'agisse de partager ses doutes aussi bien que de confier ses joies. 

J'attends avec impatience le concert prévu à la Maroquinerie le 19 octobre parce qu'un live de Ben Mazué c'est toujours un moment très particulier, de partage et d'émotion et que cette première "grande" date parisienne aura une saveur toute particulière, à n'en pas douter.

En résumé j'aime beaucoup ce premier album mais si sa version unplugged doit exister un jour, nul doute que j'y serai complètement accro. Parce que j'en suis encore à avoir les larmes qui me montent aux yeux quand il joue ses morceaux en version acoustique comme sur cette session réalisée pour Soul Kitchen que je t'invite à aller visionner.

Attention, frissons en vue, tu es prévenu(e).

Je profite de ce billet pour mettre ici le lien vers le montage réalisé par Florent de Bim Bam Boum lors de notre "tournée des cuisines parisiennes" le 04 novembre dernier parce que j'adore la version acoustique de ce titre et que ça me rappelle une excellente soirée. Tiens, pour que tu aies le sentiment que tu y étais un peu aussi, je partagec'est ici que tu peux la visionner avec en bonus deux autres vidéos de cette soirée.

      A noter : Son passage dans Taratata hier soir avec bientôt un podcast que je relaierai ici-même et sur ma page FB.


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