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EROSION DU LITTORAL GAGNE PARTOUT …

Publié le 02 octobre 2011 par Jean-Robert Bos

http://www.sudouest.fr/2011/10/01/l-erosion-va-gagner-la-partie-514466-2921.php
Par Jean-Denis renard
L'érosion va gagner la partie

Ce sera à n'en pas douter une des grandes affaires de la décennie sur la façade océanique. Comment contrer les effets dévastateurs de l'avancée de la mer ? Que faut-il défendre, que faut-il se résoudre à abandonner ? Qui doit décider, qui doit indemniser ? Depuis de longues années, les éléments naturels posent ces questions avec insistance à Soulac-sur-Mer, à Lacanau ou encore à Biarritz. Rendues publiques en début de semaine, les études techniques à l'échelle aquitaine prouvent que le problème de l'érosion marine n'est plus circonscrit à quelques sites disséminés le long de la côte. L'estuaire de la Gironde et le bassin d'Arcachon, qui obéissent à d'autres dynamiques, n'ont pas été pris en compte.

Habitations menacées

C'est le GIP Littoral qui s'est chargé de débroussailler la matière. Associant l'État, le Conseil régional d'Aquitaine, les trois départements côtiers de la région (Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques) et toutes les communes littorales, ce groupement d'intérêt public a lancé il y a deux ans des travaux sur le risque d'érosion. L'Observatoire de la côte aquitaine a hérité de cette tâche, avec l'Office national des forêts (ONF) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Leurs conclusions ne sont guère rassurantes. Sur les 238 km de la côte sableuse aquitaine, le recul est compris entre 1 et 3 m par an en moyenne. En 2020, une érosion comprise entre 1 et 2 m par an (aléa moyen) devrait concerner 33 % de la côte sableuse (79 km). Une érosion supérieure à 2 m (aléa fort) s'appliquerait à 14 % du linéaire (34 km). Le phénomène va ensuite prospérer. En 2040, 44 % de la côte (104 km) serait sous le régime d'un aléa moyen, 19 % (46 km) sous celui d'un aléa fort. On estime qu'à cette échéance 250 habitations seront menacées dans les Landes et en Gironde.

« Nous sommes sur une côte orientée nord-sud qui encaisse une houle du nord-ouest. Cette énergie oblique fait glisser le sable vers le sud. Mais, à cause de la coupure de l'estuaire de la Gironde, le Médoc perd du sable sans en recevoir du nord. Il s'appauvrit. C'est aussi le cas de Capbreton, dans les Landes. La digue côté Hossegor retient le sable au nord. Il faut savoir que cette dynamique s'exerce en Aquitaine avec un stock de sable limité. On ne peut pas le réalimenter », indique Jean Favennec, qui a œuvré au diagnostic pour le compte de l'ONF.

La côte rocheuse est nettement moins étendue. Longue d'une quarantaine de kilomètres, elle prend naissance à Anglet-Biarritz et s'étire jusqu'à Hendaye. Mais les effets de l'érosion y sont tout aussi redoutables. Sous les assauts des pluies par le haut et des vagues par le bas, les falaises cèdent graduellement. Depuis toujours. « Une falaise littorale est, par définition, un rivage soumis à l'érosion. S'il n'y avait pas d'érosion, il n'y aurait pas de falaises », souligne Cyril Mallet, du BRGM. L'action de l'homme aggrave le phénomène, qu'il s'agisse du bâti, souvent dense dans le secteur, ou des écoulements d'eau.

La côte rocheuse recule de 20 cm par an en moyenne, avec des vitesses qui dépassent localement 50 cm par an, comme à Erromardie, à Saint-Jean-de-Luz. Pour 2020, l'aléa est jugé moyen (désordres dans les falaises) sur 42 % de la côte rocheuse (15 km), et fort (glissements de terrain et éboulements répétés) sur 13 % de la même côte (5 km). À l'horizon 2040, 150 habitations pourraient en être victimes.

Sur le sable comme sur les falaises, ces projections ne sont en rien catastrophistes. L'étude n'a pas intégré les effets aggravés du réchauffement climatique en cours, comme la hausse accélérée du niveau des océans dans les prochaines décennies. Elle ne s'est pas non plus attachée aux conséquences des submersions, malheureusement célèbres depuis le passage de Xynthia, en février 2010.

Sur l'agenda politique

En revanche, ces travaux mettent très clairement le sujet de l'érosion à l'agenda politique. « Il fait son chemin dans beaucoup d'esprits. Ce document pose des questions importantes, pour l'État comme pour les collectivités locales. Il va y avoir des décisions à prendre », note Renaud Lagrave, le vice-président (PS) du Conseil régional d'Aquitaine, qui préside le GIP Littoral. Celui-ci plaide pour une stratégie cohérente à l'échelle régionale et pour une impulsion de l'État qui passerait par une nouvelle législation (lire l'entretien publié dans notre édition du 19 septembre).

Le GIP entend maintenant croiser l'aléa érosion avec les enjeux de conservation. À érosion égale, on n'adoptera pas la même tactique s'il s'agit de considérer un tronçon de littoral densément peuplé, un morceau de forêt ou des paysages dunaires. « On a la chance que la côte sableuse soit très peu urbanisée. Des problèmes vont sans doute survenir à Soulac-sur-Mer, à Lacanau, à Biscarrosse, à Capbreton et à Labenne. C'est-à-dire sur une urbanisation récente, qui remonte tout au plus aux années 1970 et 1980. Au Pays basque, la densité de population accroît les difficultés », juge Arnaud Guéguen, chargé de mission au GIP Littoral.

Le tabou qui tombe

L'organisme a dégagé plusieurs réponses possibles à l'érosion : l'évolution naturelle surveillée, l'accompagnement des processus naturels (végétalisation et pose de branchages), la lutte active contre l'érosion (recharge en sable, épis, brise-lames, maçonnerie sur les falaises) et enfin la relocalisation, c'est-à-dire le déplacement des activités, des biens et des personnes vers l'intérieur du territoire communal. « Il y a quelques années, on aurait pris des tomates en l'évoquant. Aujourd'hui, ce n'est plus tabou », note Renaud Lagrave.

Sur les points les plus sensibles de la côte aquitaine, il va falloir affiner le diagnostic pour apporter les meilleures réponses possibles : la pointe du Médoc, Lacanau, les passes du bassin d'Arcachon, Biscarrosse, Capbreton et Labenne, Anglet et Biarritz, Bidart et Guéthary, la baie de Saint-Jean-de-Luz, la corniche basque et la baie d'Hendaye. Les élus locaux seront là en première ligne. « Mais on ne peut pas laisser un élu seul face à ces questions », estime Renaud Lagrave, qui sait bien que « le financement ne sera pas une petite question », qu'il s'agisse de lancer des travaux d'envergure ou d'indemniser des propriétaires. Tout reste à faire pendant que l'Océan avance.

Voir également les études et film du géologue M. Tastet qui a été projeté lors de nos réunions publiques pendant les cantonales 2011 sur le Nord Bassin d’Arcachon à Ares et Andernos


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