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Codes noirs

Par Gangoueus @lareus

Codes noirsIl y a quelques années, lors d'une discussion de salon qu'affectionnent les étudiants rêvant d'un monde meilleur, fut évoqué le code noir. Je ne connaissais pas à l'époque le sujet ou plutôt l'existence d'un traité de droit régissant les rapports en maîtres et esclaves dans l'espace colonial de la France de l'Ancien régime puis de la France post-révolutionnaire. Pour être sincère, j'avais dû mal à croire à l'existence d'un tel texte et surtout à son accessibilité de nos jours. Aussi quand les Editions Dalloz ont édité ce petit ouvrage recueillant à la fois le Code noir régissant les rapports humains dans les Antilles françaises de Louis XIV, puis celui s'appliquant pour l'Ile Bourbon et Madagascar de Louis XV ou encore l'ensemble des textes de loi mis en oeuvre en Guadeloupe par le gouverneur général Antoine Richepanse. Ce recueil reprend également les récents textes de droit au niveau international (SDN, ONU) traquant toute forme d'esclavage, servage autres certaines approches de travaux forcés, avec une extension au mariage forcé.
Je ne veux pas faire polémique en publiant ce texte et je suis conscient du caractère délicat d'une telle chronique. Il est important de souligner que le lecteur peut avoir l'impression que l'on brode énormément avant d'arriver au coeur du sujet qui se concentre sur les différents articles de loi des différents codes noirs. Il  est pourtant essentiel de saisir le contexte de la traite négrière, de l'esclavage dans les îles, celui de la première abolition de l'esclavage sous la Révolution française, du rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe et de l'indépendance haïtienne, avant la seconde abolition de 1848 sous l'impulsion de Schoelcher.
Le lecteur réalise au fur et à mesure de sa lecture que les épisodes du feuilleton célèbre Racines  ne nous font saisir qu'une très faible portion de ce que fut la condition de l'esclave dans l'espace colonial français durant trois siècles. Même si les lois américaines ne furent pas forcément les mêmes par le simple fait que le système s'appliquait dans un milieu protestant et un espace géographique plus important, la violence instituée, le régime de lois au service des maîtres ne laissant aucune chance à l'esclave la possibilité d'exister par lui-même dans une structure dans laquelle il est un objet, un meuble parmi tant d'autres. 
Je ne rentrerai dans plus de détail sur le texte en lui-même. Par contre, ce texte disponible est comme me le disait un écrivain l'une des facettes étonnantes de l'Occident capable par l'écrit de tracer, d'évoquer le sublime de ses réalisations comme l'abomination la plus abjecte normée en règles de lois. Car le code noir s'appliquant aux colonies mais étant en totale opposition avec les valeurs de la métropole (Ancien Régime, France Révolutionnaire, France napoléonienne, etc.) atteste de l'écartèlement parfait entre les intérêts mercantiles primaires et les idéaux humanistes prônés au siècle des lumières et applicables finalement de manière parcimonieuse, surtout quand on construit une idéologie raciale et raciste pour tenter de justifier la condition du nègre.
Ce que souligne ce texte de loi, cela en toutes circonstances, que ce soit pour Saint-Domingue après la concession de l'indépendance par Charles X ou avec l'abolition de l'esclavage de 1848 dans les colonies françaises, le fait qu'une indemnisation fut instituée pour les propriétaires et en aucun cas pour les esclaves affranchis.
De nombreux autres éléments ont attiré mon attention, mais je m'arrêterai ici.
En voici ma lecture succincte. Quelle sera la vôtre?
CODES NOIRS, de l'esclavage aux abolitionsEditions Dalloz, textes présentés par André Castaldo, préface de Christiane Taubira, 150 pages, 1ère parution en 2006 
Voir également la réflexion de Raphael Adjobi sur ces codes noirs.

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