Magazine Côté Femmes

Rétrospective #2

Par Lisbeth_hugen

Après avoir lu la critique de Mango, je me suis précipitée pour l'acheter et je n'ai pas regretté une seule seconde. J'ai littéralement dévoré Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan. J'ai été profondément touchée par le récit de cette auteure qui raconte sa mère mais aussi les difficultés d'entreprendre ce roman vis-à-vis d'elle même et vis-à-vis de sa famille. D'une part, on a les chapitres dans lesquels Delphine de Vigan raconte comment est né le besoin de faire ce roman, la démarche qu'elle a entreprise en réalisant des entretiens avec les frères et soeurs de sa mère, ses craintes, ses doutes et, d'autre part, les chapitres qui racontent la vie de sa mère dès sa petite enfance jusqu'à sa mort tragique.

On sort profondément marqué de ce récit racontant avec détails les relations complexes mère/fille, les secrets lourds trainés par cette famille (suicide, inceste...) et qui continuent de marquer les générations, la maladie mentale de sa mère... Un témoignage brut et débordant de sincérité que je vous encourage vivement à lire!

Vous devez vous demander pourquoi je nomme ce billet rétrospective?

Tout simplement, parce qu'en lisant ce livre un souvenir m'est revenu à l'esprit... Je n'ai pas encore réussi à déterminer pourquoi ce souvenir précisément? Je me rappelle de ma mère qui voulait changer de boulot et qui se préparait un matin à aller à un entretien d'embauche. C'était un matin où mon frère et moi allions à l'école, j'étais en primaire et je crois que mon frère était encore à l'école maternelle. Nous étions, comme tous les matins, dans sa chambre (c'est là que nous nous préparions) et ce matin là, elle accordait un soin particulier à sa tenue. Elle avait une jolie jupe de tailleur, c'était rare de la voir en jupe, et un beau chemisier. Elle était très bien maquillée. J'aimais tellement qu'elle se mette du rouge à lèvres (particulièrement quand elle le mettait dans la voiture en se regardant dans le rétroviseur), je trouvais que cela faisait grande dame et j'aimais particulièrement l'odeur. Je me rappelle qu'elle nous a demandé comment elle était. Belle, bien évidemment! Elle nous a accompagnés à l'école, plus tard que d'habitude, je me souviens de son pas décidé et de ses escarpins à talons qui claquaient sur le bitume. Et surtout, je me rappelle de mon amie qui m'a dit en arrivant à l'école : "j'ai croisé ta maman ce matin, elle était très belle". J'étais fière.

Je ne sais pas pourquoi ce souvenir? Peut-être parce qu'aujourd'hui, en tant qu'adulte, je réalise à quel point cela devait être un jour important, un jour stressant, un jour où cela devait être encore moins évident de tout gérer, un jour plein d'espoir, un jour rempli de doutes... Je ne sais pas pourquoi mais j'avais en vie de vous le livrer.

IMG_2321

"A Bagneux, Lucile m'offrit En attendant Godot, parce que Manon me surnommait Didi et que je l'appelais Gogo. Didi et Gogo, c'est ainsi que se nomment les deux personnages de la pièce de Samuel Beckett, deux vagabonds qui attendent comme le messie un troisième larron qui n'arrivera jamais. A douze ans je découvris ce texte, auquel je ne compris sans doute pas grand-chose mais qui m'inspira cette question : qu'attendions-nous, Manon et moi, quel messager, quel sauveur, quel protagoniste miraculeux susceptible de nous sortir de là, d'interrompre la spirale morbide dans laquelle Lucile était happée et de nous ramener au temps d'avant, quand la douleur de Lucile n'était pas si envahissante, ne se voyait pas à l'oeil nu?"

Rien ne s'oppose à la nuit
Delphinde de Vigan
JCLattès 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lisbeth_hugen 1363 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte