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Doublé gagnant Ryan Gosling: Drive et Crazy Stupid Love

Par Geouf

Hasard du calendrier des sorties, l’acteur Ryan Gosling était cette semaine à l’affiche de deux films au Royaume-Uni. Tout d’abord le thriller Drive de Nicolas Winding Refn, qui a été récompensé cette année du Prix de la Mise en Scène à Cannes, et la comédie romantique Crazy, Stupid Love, dans laquelle il partage l’affiche avec Steve Carrell, Julianne Moore et la craquante Emma Stone. Deux films diamétralement opposés et dans lesquels l’étoile montante d’Hollywood prouve toute l’étendue de son talent.

Drive

Doublé gagnant Ryan Gosling: Drive et Crazy Stupid Love
Résumé : Un jeune homme solitaire (Ryan Gosling) effectue des cascades pour des films hollywoodiens le jour et conduit des voitures pour des truands la nuit. Sa vie calme et austère va néanmoins basculer lorsqu’il va faire la connaissance de sa voisine (Carey Mulligan) et du fils de celle-ci.

Vainqueur du Prix de la Mise en Scène au Festival de Cannes 2011, Drive va certainement être le film qui va faire connaitre le réalisateur Nicolas Winding Refn au grand public. Avec cette histoire classique de gangsters, le réalisateur Danois réalise en effet un long métrage beaucoup plus abordable que ses précédents essais. Ce qui ne veut pas dire pour autant que Drive est totalement impersonnel, bien au contraire. Nicolas Winding Refn arrive en effet à totalement s’approprier le matériau de base pour le plier à ses obsessions. Le style du réalisateur est donc immédiatement identifiable, que ce soit dans le rythme lent, les images léchées mais réalistes, la précision de la mise en scène, ou dans le mutisme de son héros et ses soudaines explosions de violence. Un héros interprété à la perfection par un Ryan Gosling dont le jeu en apparence minimaliste fait ressortir le bouillonnement intérieur du personnage. On pense d’ailleurs souvent à l’excellent A Bittersweet Life de Kim Jee-Won dans la description de ce personnage avare en parole dont l’humanité de dévoile au contact d’une femme. Face à Gosling, la jolie Carey Mulligan n’a jamais été aussi craquante et fait aisément oublier sa participation au calamiteux Wall Street 2.

Malgré une histoire finalement assez classique (un pro se retrouve piégé par un job pourri et tente de s’en sortir), le film évite bon nombre de clichés, notamment dans la relation du Driver et de sa voisine Irene. Alors que le retour de l’ex-mari taulard aurait donné lieu à un affrontement basique dans n’importe quel autre film, c’est un curieux ménage à trois (voire à quatre si on compte le fils d’Irene) qui s’installe, dans lequel la protection et le bonheur d’Irene et de son fils passent avant tout. Le film déjoue ainsi totalement les attentes et se révèle passionnant en s’attachant à dresser le portrait de son héros pas comme les autres. A l’instar de Bronson, Drive conjugue avec audace l’émotion et les explosions de violence. Le film passe parfois en l’espace de quelques secondes du romantisme le plus exacerbé  à une violence crue et réaliste (la scène de l’ascenseur, tout simplement exceptionnelle). Nicolas Winding Refn emballe aussi quelques scènes très ludiques, notamment une introduction impressionnante de maîtrise, renforcée par une musique en totale symbiose avec les images.

Doublé gagnant Ryan Gosling: Drive et Crazy Stupid Love

Drive est définitivement un excellent thriller, qui parvient sans effort à s’élever à des coudées au-dessus de la masse des divertissements hollywoodiens grâce à son interprétation sans faille et sa réalisation léchée, malgré un rythme assez lent qui pourra en rebuter certains.

Note : 8/10

USA, 2011
Réalisation: Nicolas Winding Refn
Scénario: Hossein Amini
Avec: Ryan Gosling, Carey Mulligan, Ron Perlman, Albert Brooks, Bryan Cranston, Oscar Isaac

Crazy Stupid Love

Doublé gagnant Ryan Gosling: Drive et Crazy Stupid Love
Résumé: Cal Weather (Steve Carrell), la quarantaine, a tout pour être heureux : une femme magnifique, de beaux enfants, un bon boulot. Du coup c’est un véritable coup de massue qui s’abat sur lui lorsque sa femme Emily (Julianne Moore) lui annonce qu’elle l’a trompé et qu’elle veut divorcer. Forcé de s’installer dans un petit appartement en attendant que les détails du divorce soient réglés, Cal passe toutes ses soirées à se morfondre dans un bar branché local. Jusqu’au jour où il fait la connaissance de Jacob (Ryan Gosling), un jeune homme branché qui va décider le prendre en main pour lui apprendre l’art de la séduction…

 

Que ce soit en France ou aux Etats-Unis, il faut avouer que la plupart des comédies romantiques se ressemblent à un point déprimant : scénarii passés à la photocopieuse, clichés d’un autre temps, interprètes interchangeables cantonnés à ce registre (Katherine Heigl est la reine du genre)… Bref, cela faisait bien longtemps que rien d’excitant ne s’était produit dans ce genre aussi balisé que routinier (probablement depuis Amour et Amnésie et Eternal Sunshine of the Spotless Mind en 2004).

Et puis débarque Crazy Stupid Love, nouveau film des réalisateurs de I love you Philip Morris (et scénaristes de l’excellent Bad Santa), qui ont déjà dynamité le genre l’an dernier en contant une histoire d’amour comique et tragique entre Jim Carrey et Ewan McGregor. Cette fois-ci point de romance homosexuelle, mais l’histoire a priori plutôt banale d’un couple d’une quarantaine d’années qui se déchire. La femme (Julianne Moore) a trompé son mari (Steve Carrell) et demande le divorce, tandis que celui-ci profite de la nouvelle liberté acquise pour redécouvrir son sex appeal. A cela viennent se greffer un tombeur (Ryan Gosling) qui court après une mystérieuse jeune femme (Emma Stone), un fiston aux portes de l’adolescence (Jonah Bobo) amoureux de sa babysitter (Analeigh Tipton) de quatre ans son ainée, qui elle n’a d’yeux que pour le paternel en question (une amourette adolescente d’ailleurs assez audacieuse pour un film hollywoodien, et traitée avec une grande finesse). Un nombre de personnages assez importants qui aurait vite pu conduire à une overdose de sous-intrigues pour un traitement sans finesse (cf Love Actually ou Valentine’s Day), mais qui sous la plume de Dan Fogelman (Volt, Raiponce) et devant la caméra de Glenn Ficarra et John Requa aboutit à une délicieuse comédie romantique chorale. Certes, Steve Carrell se taille la part du lion dans le rôle de Cal Weather, mais tous les autres personnages sont suffisamment développés pour être attachants. Toutes leurs histoires sont réellement touchantes, le cœur du spectateur bat avec le leur comme rarement devant une comédie romantique (voir la très jolie scène dans laquelle Julianne Moore appelle son mari sous un faux prétexte, juste pour entendre sa voix, alors que celui-ci est en fait dans leur jardin et l’observe par la fenêtre). Les réalisateurs arrivent même à emballer quelques clichés sans que cela ne soit agaçant (le discours sur l’amour en fin de film).

Doublé gagnant Ryan Gosling: Drive et Crazy Stupid Love

Crazy Stupid Love a aussi le bon goût de ne pas tomber dans la vulgarité comme beaucoup de ses concurrents, et d’être réellement drôle. Les dialogues sont incisifs, et certaines situations tout simplement hilarantes (la session de relooking de Steve Carrell, la partie de jambe en l’air avec Marisa Tomei), notamment un deus ex machina gonflé au cours duquel tous les personnages se retrouvent.

Avec Crazy Stupid Love, Glenn Ficarra et John Requa nous vengent de ces centaines de « chick flicks » interchangeables et sans saveur qu’Hollywood nous refourgue à longueur d’année. Et ça fait fichtrement du bien !

 Note : 8/10

USA, 2011
Réalisation : Glenn Ficarra, John Requa
Scénario : Dan Fogelman
Avec : Steve Carrell, Julianne Moore, Ryan Gosling, Emma Stone, Kevin Bacon, Jonah Bobo, Analeigh Tipton, Marisa Tomei

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