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"Le Skylab", "Another earth" : le ciel leur tombe sur la tête

Par Vierasouto

  
La peur ancestrale des Gaulois que les ciel ne leur tombe sur la tête est tendance en ce moment au cinéma, après "Melancholia" de Lars VT où la collision avec la planète qui se rapprochait de la terre symbolisait la dépression nerveuse, on a deux films très différents utilisant le même thème : "Le Skylab" de Julie Delpy et "Another earth", film américain indépendant de la branche indé Fox présenté au dernier festival du cinéma américain de Deauville. Dans "Le Skylab", Julie Delpy utilise l'actualité de l'année 1979 où l'on craignait qu'un satellite (Skylab) ne s'écrase sur la Bretagne où les personnages du film passent leur vacances. Dans "Another earth", c'est beaucoup plus compliqué, la collision est plutôt mentale : en deux mots, on a découvert une planète jumelle de la Terre où sont tentés de se rendre des gens qui aimeraient connaître une autre version d'eux-mêmes.
"The Skylab" de Julie Delpy
Pitch.
Une jeune femme se souvient d'un WE familial en Bretagne à la campagne en Juillet 1979 pour l'anniversaire de sa grand-mère quand elle-même avait dix ans.

photo Mars distribution

Comme disait quelqu'un sur Twitter "je déteste tous ces films de vacances en famille" et je ne suis pas loin de penser, pour ma part, que les films de vacances en famille, souvent d'inspiration autobiographique, intéressent surtout ceux qui les font... Ceci dit, on peut transcender quand on s'appelle Louis Malle, par exemple, avec "Milou en mai", pas tout à fait des vacances mais le principe est le même : dans une unité de temps courte, une réunion de famille à l'occasion d'un événement fédérateur (ici un deuil) sur fonds d'événènements de mai 1968.
Saint-Malo, juillet 1979, sur fonds de crainte que le satellite Skylab ne s'écrase dans l'ouest de la France, on fête l'anniversaire de la grand-mère (Bernadette Lafont). Les enfants et petit-enfants débarquent de toute la France, et, en premier lieu Anna (Julie Delpy) et Jean (Eric Elmosnino), son mari, comédiens de spectacle de rue à Paris, caricatures de bobos avant l'heure, et leur fille de 10 ans, Albertine, pivot du film puisque Julie Delpy part du regard de la fillette sur cette journée dont elle se souvient, devenue elle-même mère de famille (Karine Viard), dans un Eurostar où elle harcèle les passagers pour choisir ses places. Et puis, autant de personnages que de numéros d'acteurs, d'actrices, l'oncle joué par le père de Julie Delpy, Valérie Bonneton lourdement bégayante, la poitrine généreuse de Noémie Lvovsky, sujette à multe plaisanteries graveleuses. Car Julie Delpy aime bien l'humour trivial et les histoires de cul, allusions, confidences, visiblement, ça la fait rire de casser son image lisse (elle sourit/rit non stop tout le long du film), nous, moins, on aurait préféré un vrai film.
Julie Delpy, brillante scénariste, réalisatrice de deux films plutôt réussis ("2 Days in Paris", "La Comtesse"), a-t-elle ici atteint le point où, sous prétexte de faire un film choral où il ne passe rien qu'une réunion de famille en juillet 1979 en Bretagne, la scénariste/dialoguiste, a dévoré la réalisatrice? Dialogues, monologues interminables, ce film choral logorrhéique serait rapidement fastidieux (et il l'est) si la présence de Vincent Lacoste ("Les Beaux mecs") dans le rôle de l'ado frimeur ne venait sauver une scène du film particulièrement craquante : la scène de la boum avec ses musiques d'un autre âge comme "Born to be alive" ou "It's five o' clock" des Aphrodite child. Seul vrai point positif : la reconstitution crédible des tenues et coiffures de la fin des années 70.
"Another earth" de Mike Cahill
Pitch.
Un accident de voiture tragique rapproche une élève en astrophysique et un compositeur de musique. Au même moment, on découvre dans le cosmos une planète jumelle de la terre, l'agitation des médias est à son comble.

photo Fox
C'est un film compliqué où l'on joue sur la culpabilité d'une étudiante passionnée d'astrophysique qui provoque une nuit un accident de voiture dont elle réchappe mais la femme et l'enfant de l'autre conducteur, un compositeur de musique, ont été tués sur le coup. En parallèle, on a découvert dans le cosmos une planète jumelle de la terre et des concours sont organisés pour la découvrir, une Terre bis, symbole d'une autre vie, de possiblité de refaire sa vie.
De l'insouciance de Rhoda, brillante étudiante en astrologie, il ne reste rien quand, retournée dans sa famille, libre après avoir purgé une peine de prison de 4 ans, elle y survit. Elle choisit un emploi de gardienne d'école avec une idée fixe : retrouver l'homme victime de l'accident. Pour cela, elle se fait passer pour une employée d'une société factice de nettoyage à domicile. Bien entendu, le concours pour découvrir la Terre bis est fait sur mesure pour Rhoda, elle s'y inscrit. Mais, à présent, à son désir d'explorer l'espace depuis son enfance, s'ajoute celui de refaire sa vie après l'accident.
Le film bascule dans une histoire d'amour impossible entre Rhoda et John, une jeune femme brisée et un homme démoli par le deuil, devenu un clochard misantrope enfermé dans sa maison sale et encombrée, qu'elle va peu à peu nettoyer. Peut-on refaire sa vie, couper une scène au montage du film de sa vie et recommencer? La solution serait ici une terre alternative, un second soi-même, une vie de rechange. Compliqué, drame avec quête de rédemption doublé d'un questionnement philosophique traité comme de la Science-fiction "crédible", on a collé deux histoires en une, difficile équilibre entre une histoire intimiste et le Cosmos, le tout au service d'un dénouement original. Trop riche, trop ambitieux, à la recherche d'un genre "total" nouveau qui possèderai un peu tous les genres, l'histoire d'amour, la SF, le conte philosophique, en deux mots c'est un film de scénaristes débordant d'idées (en cela, il rejoint Julie Delpy, scénariste débordant, elle, de mots).

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