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Retour de Saleh, première salve saoudienne contre Washington

Publié le 23 septembre 2011 par Jcharmelot

Le retour à Sanaa du président Ali Abdallah Saleh le 23 septembre illustre la profonde irritation des Saoudiens à l’égard des Etats-Unis. Et ce coup de semonce annonce l’ouverture d’une période de tension entre les deux partenaires dont l’entente est nécessaire pour assurer la sécurité du Golfe, région fragile mais essentielle pour l’approvisionnement du monde en énergie.  

Le dirigeant yéménite, que Washington considère comme un obstacle à la stabilisation de son pays en proie à des violences depuis le début de l’année, n’aurait jamais pu quitter Ryad où il était en convalescence depuis trois mois sans l’assentiment du roi Abdallah. Saleh avait été pris en charge par les Saoudiens aprés un attentat en juin qui l’avait grièvement blessé, et son séjour dans la puissante monarchie pétrolière avait pris des allures d’assignation à résidence. Avec la bénédiction de Washington, à la recherche d’une alternative au vieil autocrate qui a bénéficié pendant longtemps du soutien financier, militaire et diplomatique des Etats-Unis.  

La neutralisation et le retrait du président Saleh de l’équation yéménite semblaient un élément de la solution dans ce pays pauvre mais stratégique de la Péninsule arabique. Washington a choisi d’appuyer l’opposition pour mettre un terme au règne de ce despote au pouvoir depuis 33 ans. Les responsables américains craignent que la poursuite des violences et le délitement d’un état déjà trés affaibli ne fassent le jeu des émules d’Oussama ben Laden, bien implantés au Yémen. Le pays est certes pauvre mais il est le gardien de routes stratégiques, notamment le détroit de Bab el Mandeb, une voie d’eau qui contrôle l’accés à la Mer Rouge et au Canal de Suez, par lequel transite le pétrole destiné à l’Europe.

Mais les Saoudiens en ont décidé autrement, et en renvoyant chez lui Saleh, ils comptent sur sa poigne de fer pour mettre de l’ordre dans son pays, neutraliser les groupes affiliés à Al Qaida dans la Péninsule Arabique et mettre au pas l’opposition. Même au prix d’une brutale répression. Il devra également se réconcilier avec des chefs tribaux et des chefs militaires qui ont fait sécession, mais sans doute la générosité saoudienne aidera-t-elle à ce processus de rapprochement.  

Ryad a ainsi voulu envoyer un message clair à l’administration de Barak Obama, et le fait que l’annonce du retour de Saleh à Sanaa intervienne au lendemain du discours du président américain à l’ONU sur la Palestine n’est pas une coïncidence. Les Saoudiens avaient prévenu Washington qu’un veto américain à la requête palestinienne d’être admis comme état plein droit dans l’organisation internationale aurait des conséquences néfastes sur la coopération entre la monarchie pétrolière et les Etats-Unis.  Le Prince Truki al-Faisal, ancien patron des services de renseignements saoudiens, ancien ambassadeur du royaume à Washington, avait mis en demeure le président Obama de choisir entre son soutien inconditionnel à Israël et son alliance avec l’Arabie Saoudite.

Le renvoi de Saleh chez lui démontre que les Saoudiens ont les moyens de pénaliser les Etats-Unis dans leur stratégie dans le Golfe. Et Washington doit rapidement trouver une manière de calmer la colère de Ryad, pour éviter que ce coup de semonce ne soit suivi d’autres démonstrations d’hostilité.


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