Gaspard Proust a trouvé un ton. C'est un bon début...

Très vite son cynisme, son côté désabusé, odieux, sa méchanceté ou son acidité réjouissent le spectateur autant qu'ils outrent les sensibilités les plus délicates... Ce sniper tire plus vite que son ombre sur tout ce qui bouge avec esprit, et surtout mauvais esprit. En nostalgique du Troisième Reich ou en misogyne, il va relativement loin dans l'humour noir, n'épargne personne, se paie aussi bien la bourgeoisie que les classes populaires, les vieux ou encore le public Télérama. C'est efficace, indéniablement. Un peu court cependant...

Car à mesure que les skuds s'enchaînent, on se demande en effet où le jeune homme souhaite nous emmener. Si l'on perçoit intelligence et culture derrière ce personnage, il manque à l'efficacité de sa plume un véritable propos pour sortir du registre à mon sens limité du stand up. Le style reste également à travailler et à affiner. Même si son spectacle est plaisant, Gaspard Proust mérite de toute évidence mieux que cela. Voilà pour l'instant ce qui fait la différence entre lui et un Pierre Desproges auquel il est souvent comparé et dont on a parlé récemment ici (deux notes plus bas, en fait...). 

Aux salles combles depuis un an et à l'encensement médiatique général, nous nous permettrons donc d'adjoindre ces quelques réserves qui ne devront pourtant pas vous empêcher de partir à la découverte d'un humoriste prometteur dont il faudra  guetter le prochain spectacle.