[Critique DVD] Mel & Jenny

Dès la première image, le trouble est évident. Fille ou garçon ? ce personnage au sourire discret et à l’anatomie tout aussi préservée.Un garçon manqué peut-être, un jeune homme, efféminé…

L’ambiguïté qui s’installe, est au cœur de l’histoire que nous raconte si joliment Nana Neul,  pour parler du désir amoureux et des amours de la marge. Inconsciemment, secrètement (on n’en sait pas grand-chose) Mel est plutôt attirée par les femmes. Le jour où le hasard lui fait rencontrer Jenny, une ado pleine de vie,  elle craque et Jenny, aussi.

Mais Jenny pense que Mel est un garçon… Et cette dernière qui ne la contredit, s’invente alors une autre identité. C’est le début d’une histoire incroyable qui à tout moment pourrait déraper sans ce scénario, parfaitement écrit, par une réalisatrice décidément maître de son sujet.

Elle nous parle de la quête de l’identité sexuelle, de manière lumineuse et légère. Et l’assume tout autant que son héroïne avec ses doutes et ses passions dans une mise en scène qui écarte toute mièvrerie, toute sensiblerie.

Même si la duperie, plus que le mensonge, donne le tempo de ce  récit plein de tendresse et de sentiments, pour ces jeunes amants, heureux, et inconscients du bonheur qui forcément va s’émietter.

Le regard d’un proche, l’attitude d’un collègue, le doute d’une mère très aimante : au fil des apparences, le vernis des conventions s’écaille et la supercherie n’est plus loin d’être découverte.

Certaines scènes sont alors très cocasses, d’autres plus dramatiques, mais devant l’innocence de Jenny, jusqu’où ira Mel, l’androgyne, pour conquérir le cœur de sa belle ? Là encore le final s’accorde au juste ton employé depuis les premières images.

Le trouble dont je parlais alors ne s’est pas dissipé. Il s’est simplement imposé telle l’affirmation de ces deux êtres à part entière. Anjorka Strechel , et Lucie Hollmann, deux comédiennes formidables, qui ont  su conjuguer leur talent à celui d’une cinéaste lucide et sensible. « Mel & Jenny », presque, pour la vie …