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Mafiosa - Un essai louable mais guère convaincant

Publié le 07 janvier 2007 par Heather
Mafiosa - Un essai louable mais guère convaincant

Canal + a d'hors et déjà commandé une seconde saison de sa série corse dont la diffusion de la première s'est achevée cette semaine. Huit épisodes en tout pour nous introduire au sein du clan Paoli, une des plus importantes familles mafieuses de l'île de Beauté. Le 'Parrain' régnant, François Paoli, est abattu dans le premier épisode, laissant les rênes de la vaste organisation à sa nièce, Sandra Paoli, jusqu'alors avocate pénaliste rendant quelques services à son oncle. Une femme à la tête du 'clan', voilà qui fait grincer quelques dents parmi les subalternes. Heureusement Sandra bénéficie du soutien sans faille de son frère, Jean-Michel, parfait soldat mais manquant d'envergure pour le poste.
Au fil des épisodes, on suit l'installation de Sandra, sa prise en main des affaires, puis sa gestion courante face aux adversités. Les personnages dévoilent au fur et à mesure de nouveaux aspects de leur personnalité, illustrant sans doute la volonté des scénaristes de leur conférer une certaine épaisseur psychologique. La mission n'est remplie qu'à moitié, mais elle a au moins le mérite d'exister. Cependant, cela n'empêche pas de rester très réservé sur le résultat d'ensemble.

On sent incontestablement une volonté de créer un style propre, qui se traduit notamment par une réalisation particulière qui se démarque des codes français pour adopter ceux d'outre-atlantique (le réalisateur est canadien). Même si l'objectif identitaire n'est pas toujours atteint, c'est un élément positif. Mais si la forme serait plutôt réussie malgré quelques choix parfois un peu douteux, c'est sur le fond que la série pêche.
Les dialogues sonnent souvent creux, très peu naturels, plus théâtrals qu'autre chose (surtout flagrant dans les premiers épisodes, comme le premier discours de Sandra). Epurés certes, mais maladroits voire trop stéréotypés pour coller à une optique réaliste.
Par ailleurs, la série a dû mal à se départir de la succession de clichés dans lesquels elle s'enfère. C'est par moments très très indigeste à suivre (mention spéciale pour les premiers épisodes). Je ne connais pas grand chose à la Corse. Et il est certain que la série n'est pas financé par l'office du tourisme local. Cependant, certaines scènes comme celles du maquis n'arrivent pas à créer une ambiance propre à la série, mais donne l'impression d'assister à une succession de toutes les images que le téléspectateur aurait en tête au sujet de la Corse...
Certes, il s'agit d'un parti pris sans doute réfléchi. Mais les scénaristes accroissent ce sentiment à vouloir montrer qu'ils n'ont pas de limites. Ils plongent bien souvent dans des résultats excessifs dont l'opportunité peut être vraiment discutée. Le nombre de tueries dans toute la série amène à s'interroger sérieusement sur l'état démographique de l'île à la fin de la saison. D'autant que les scènes de violence aussi nombreuses qu'elles soient, sont loin d'avoir l'impact tranchant que peuvent avoir auprès du téléspectateur certaines des Sopranos ou de Brotherhood (aucune ne marque vraiment le téléspectateur).
Il y a aussi des faiblesses dans l'histoire même. Etait-il vraiment nécessaire d'inclure la DEA dans le tableau ? Une volonté de tendre les bras vers le genre américain ? J'en doute vraiment, surtout accompagné de tels flashbacks. Concernant l'infiltration d'agent ou les scènes de 'torture', je conseille fortement aux scénaristes de jeter un coup d'oeil à Sleeper Cell par exemple. Cela leur permettra d'éviter quelques eccueils flagrants.
Enfin, le scénario tourne en rond avec certains personnages en leur servant toujours les mêmes ficelles. Par exemple, pour Andriani, le concept de base du personnage se résume en : "Tu as fais une bêtise, ok, si tu ne veux pas que je te tue, tu vas tuer quelqu'un pour moi...". Au bout de la troisième fois, on commence à se dire qu'il y a un problème dans la dynamique d'ensemble...

Bilan : Si on réussit à passer les premiers épisodes, on finit par accrocher, la curiosité du téléspectateur aiguisée par certaines interrogations soulevées ça et là. Mais si l'effort est louable et n'est pas d'une facture très mauvaise, il ne s'agit pas non plus d'une réussite. La série s'essaye à bousculer un peu les codes, mais dans cet élan pas assez maîtrisé son identité ne s'affirme pas vraiment.

Pour lire une autre vision de la série (laudative), je vous conseille : Mafiosa : Superbe !


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