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Friday Night Lights - 1.02 à 1.10 - Une bonne surprise

Publié le 28 décembre 2006 par Heather

S’il est certain que FNL ne remportera pas d’Emmy Award pour sa réalisation, le potentiel entraperçu lors du premier épisode se confirme par la suite, les scénaristes exploitant finalement de manière intelligente leur concept de départ.
La série dépasse rapidement le simple cadre du sport pour nous introduire dans une petite ville désoeuvrée dont la vie est rythmée par les matchs disputés par son équipe de football, chaque vendredi soir. L’importance sociale du football dans une ville entièrement organisée autour de ce sport offre finalement un arrière-plan pour développer des relations humaines, une "tranche de vie" nous est contée.
Du côté des personnages, la plupart sont bien écrits, mais j’aime par-dessus tout l’ambivalence inhérente à la psychologie de chacun. Les caractères sont fouillés, si on n’échappe pas aux clichés, cela n’empêche pas de voir les différents personnages gagner en épaisseur et en complexité au fil des épisodes.
medium_fnlpp4.jpgPar exemple, on aurait pu craindre que la storyline de Jason Street ne vire au pathos indigeste, ou pire à une boulétisation d’un personnage dont les scénaristes n’auraient su que faire. Pourtant, c’est le processus inverse qui se produit. Le golden boy adulé futur star était un poster de promo, le développement du personnage, devant se confronter à la dure réalité d’après son accident, une vie dorée et planifiée qui explose avant même d’avoir commencé, est autrement plus intéressant. Ses réactions et sa façon de faire face à toutes les tuiles qui lui tombent dessus sont très humaines et bien dépeintes. Notamment une des premières scènes qui m’a réconcilié avec le personnage est celle où il crie sur Lyla qui est elle en pleine période de déni face à la perte de leurs rêves, se réfugiant dans ses illusions.
medium_fnlp9.jpgLyla est un autre personnage de carte postale, initialement : la star de football et la cheerleader, archétype du couple phare du monde lycéen. Là encore, ce sont les épreuves qui permettent au personnage de prendre de l‘épaisseur. Elle avait beau être touchante au début, en se dévouant corps et âme au rétablissement de Jason, cela me paraissait trop artificiel et exagéré, même si c’était sa façon à elle de faire face. A partir du moment où elle quitte l’image de Miss Perfection, tout de suite, cela va mieux. Certes, aller fricoter avec Tim n’était pas la meilleure idée qui soit.
L’épisode où les trois font une escapade sur le bateau, pour permettre à Jason de se changer les idées, nous offre des scènes vraiment bien pensées. Le téléspectateur garde en arrière-pensée l’aventure, et finalement, cela ne fait que souligner encore plus la trahison des deux personnes sur lesquels Jason était sensé le plus pouvoir compter. Cette innocence et ces rêves perdus (parce que medium_fnlp6.jpgle téléspectateur sait bien sûr que ce n’est qu’une question de temps/épisodes avant que la vérité n’éclate) sont parfaitement illustrés, avec un certain tact, sans excès, dans ces scènes qui sont à mettre en parallèle avec celles du pilote. Les derniers épisodes, une fois l’affaire exposée, sont plutôt bien menés, et surtout ça sonne très juste à chaque fois au niveau de la caractérisation des personnages, mais aussi pour l‘atmosphère de la vie dans cette ville. La façon dont Jason réagit, comme les « représailles » envers Lyla et Tim sont autant de moments assez ‘forts’, bien retranscrits. Ils donnent plus de dimension au personnage de Lyla, permettant aussi à son père de réinvestir le temps de quelques scènes le rôle de père -pas seulement de lobbyiste actif auprès de l’équipe de football.
medium_Ep107Still_0019.jpgLa série a d’ailleurs tout compris à la recette de création d’un « bad guy mais pas complètement » dans une série. Vous prenez donc un acteur-ex-mannequin, vous lui imposez une coupe de cheveux tombant à hauteur des épaules, vous inventez toute sorte de prétextes rendant problématique la fermeture des chemises au cours des épisodes. S’exprimant en onomatopées -très économique pour les scénaristes rédigeant les dialogues- utilisant généralement un maximum de quatre à cinq mots par épisode, vous soupoudrez le tout avec un passif familial conséquent et désastreux, et vous obtenez un personnage comme Tim Riggins (lol). Même s’il est assez effarant de constater dans quelle situation ces deux-là vivotent, j’aime bien la storyline de Tim avec son frère, pour la conjugaison de ce côté totalement à la dérive, mais se raccrochant malgré tout ça et là.
medium_fnlp3.jpgAu fil des épisodes, même Smash se voit offrir une storyline. Au rôle initialement orienté vers un remplissage de quota, il finit par se voir offrir une vraie storyline. Cela permet d’explorer un peu plus le personnage. Si l’interrogation sur le père décédé est trop expédiée à mon goût, le poids qui repose sur ses épaules et la question du dopage sous-jacente offrent les moyens de développer au mieux le personnage.
medium_fnlp8.jpgOn ne peut pas détester le nouveau QB1. J’aime beaucoup son insécurité permanente, ses doutes. Pas un mauvais garçon, c’est certain, comme le montre ces scènes avec sa grand-mère, souvent touchantes (ça semble être une constante les absences parentales dans cette série d‘ailleurs). Cependant, Matt fait l’objet de toutes sortes d’influences et de conseils qu’il ne devrait pas toujours suivre. On pourrait croire que son nouveau poste l’aurait transformé en deux temps, trois mouvements. Si l’évolution est bien présente, elle est diffuse, progressive, s’affirmant au fil des erreurs et des hésitations de Matt. Les grands dilemmes qui se posent à lui sont généralement traités de façon assez juste : vers qui doit d’abord aller sa loyauté -le coach, l‘équipe…-, comment sortir avec la fille du coach (lol)… Sa relation avec son meilleur ami, Landry, prouve que les personnages secondaires apportent aussi leur plus à la série. Il est un peu le témoin avec le téléspectateur de la transformation de Matt, évolution qu’il essaye à la fois de canaliser, mais aussi de mettre au niveau du rôle de ‘QB1’. Je retiendrai particulièrement ses conseils de drague et surtout la veste ‘members only’ (et la tête du coach en la voyant).
medium_fnlp10.2.jpgKyle Chandler fait de l’excellent boulot dans son interprétation du coach Taylor. Paternaliste parfois, mais sachant aussi sévir. Vraiment impliqué dans son métier, mais capable aussi de prendre le recul nécessaire devant la frénésie hystérique qui règne dans la ville au sujet de tout ce qui touche au foot, ou concernant les perspectives de carrière dans le football. Toujours très posé, servi par quelques bonnes répliques, comme le speech sur les garçons quand Julie est sur le point de sortir avec Matt (tordant), le personne est d’autant plus mis en valeur dans son association avec sa femme. Leur complicité passe vraiment bien à l’écran, avec des répliques qui font souvent mouche. J’aime vraiment beaucoup ces deux-là, dans la distance en plus qu’ils peuvent mettre face au monde du football et la ville dans laquelle ils sont immergés.
medium_fnlp11.jpgCertes, Tami est sans doute le personnage le plus irréaliste de la série, au sens où elle apparaît quasiment trop idéale pour être réelle. Toujours aux bons endroits pour apaiser les sources de tension, héritant d’un rôle constant de médiatrice, sa bonne humeur et sa fraîcheur sont communicatives. J’aime beaucoup sa capacité à cerner rapidement les gens auquel elle fait face. Pour le moment, elle ne tombe pas dans le piège de moralisation, même si elle s‘impose en autorité morale respectée incontestable. Il faut dire que l’actrice hérite d’un rôle un peu similaire à celui d’ « interprète diplomate » entre Doug et le reste du staff dans la saison 3 d’A la Maison Blanche.
Parmi les meilleurs moments du couple, j’avoue que leur réaction face à la perspective que leur fille puisse sortir avec un footballeur vaut le détour. Entre Tami qui panique en songeant aux mœurs plutôt dissolues ayant cours dans l’équipe de son mari et ce dernier qui s’essaye aux discours paternels classiques, cela donne des scènes vraiment excellentes.
medium_fnlp1.2.jpgJulie fait partie des personnages qui évoluent autour de la galaxie football mais sans y prendre pleinement part, sa seule qualité de fille du coach l’introduisant dans ce monde. Mais en bonne adolescente qui se respecte, elle développe une logique réaction face à cet univers, qu’elle tient en horreur. Enfin, jusqu’à ce qu’elle croise Matt Saracen. A sa décharge, il convient quand même de souligner que Matt n’est pas non plus l’archétype du footballeur, « at least not one of the Riggins boys » comme disait son père. Les instincts de sur-protection de son père sont cependant en action dans le dernier épisode. La dynamique utilise des clichés classiques, mais l’ensemble est traité de telle façon que l‘on n‘en tient pas rigueur aux scénaristes.
medium_fnlp7.jpgEnfin, un de mes personnages préférés, même si vraiment sous-exploité, il s’agit de Tyra, une autre âme errante. J’aime beaucoup sa liberté de ton et son détachement vis-à-vis du microcosme que constitue cette petite ville coincée au fin fond du Texas. Ses scènes avec le prospecteur de Los Angeles ont donné une dimension très intéressante au personnage. Son recul et son réalisme étaient vraiment rafraîchissants. J’espère qu’elle sera plus développée et se verra offrir une vraie storyline dans le futur.

Bilan : Cette première partie de la saison tient ses promesses, ou plutôt révèle une véritable surprise car je ne m'attendais pas à me retrouver face à une bonne série, encore moins à apprécier ladite série suite à la lecture du synopsis de départ.
Les personnages sont vraiment bien dépeints, on perçoit le réalisme de la série dans les rapports humains que l'on explore (en dépit d'un profond mal de mer consécutif à la réalisation pour le moins trouble de la série). Chacun apporte sa part de complexité, on s'attache rapidement à l'ensemble. Les dialogues sonnent souvent juste (et non pas creux, comme on aurait pu le craindre).
L'atmosphère particulière de cette petite ville, de son micro-climat, de ses stars de football qui déchantent rapidement quand ils partent vers d'autres cieux, apporte un charme supplémentaire, une touche identitaire.
Il y a quelques défauts, quelques inégalités, parfois un peu moins inspiré, mais dans l'ensemble, malgré sa réalisation catastrophique, voilà une bonne série, surprise bien agréable.


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