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Sous la glace - Louise Penny

Par Venise19 @VeniseLandry
Sous la glace - Louise PennyJe conseille ce polar à toute personne qui appréhende le noir. Cette histoire est de toutes les couleurs, sauf noir. Installez au centre d’une brochette de villageoises typées, de l’acariâtre poétesse à l’imperturbable spirite en passant par la peintre inquiète, un inspecteur bienveillant aux perceptions aiguisées, et vous avez une partie du tableau. Le décor ? Un village enseveli sous une épaisse neige étouffant le bruit de la rumeur, générant une sensation malsaine d’intimité entre de potentiels meurtriers.
Pendant que les cheminées des chaumières fument paisiblement, l’équipe Gamache est au travail. Le quartier général est temporairement installé au cœur du village, pas question de quitter Three Pines pour retourner à la maison discuter du cas avec la douce moitié. Cela devra se faire au téléphone. Il n’est pas si difficile de faire parler les uns et les autres quand tous se connaissent et aiment l’inspecteur pour l’avoir connu dans une enquête précédente. Faut dire qu’il n’est pas difficile à aimer, Armand Gamache, il est l’amabilité sur deux pattes. C’est à presque donner l’envie d’être mêlé à une histoire de meurtre ! En plus, c’est un bon vivant. Remarquez, il faut être un bon vivant pour se pencher sur les morts sans perdre le moral. Sous des dehors paternels, il dirige des hommes et des femmes avec la fermeté de celui qui doute de tout, excepté de lui-même. Tant mieux, car se présente à lui un défi de taille, une jeune femme est morte électrocutée pendant une partie de curling sur la glace. Fait intéressant pour nourrir l’intrigue, quasiment tout le village participait ou assistait à cette partie de curling annuelle.
L’omniprésence de la blancheur immaculée des tempêtes de neige à répétition atténue les relents de morbidité. Sous d’épaisses couches d’apparence trompeuse se découvre une forte misère morale et physique sur laquelle on ne s’attardera pas trop, ménageant l’ambiance de joyeuse bonhommie, collant à la peau de l'inspecteur.
Partie gagnée par l’auteure, je me suis surprise à butiner d’un coupable à l’autre, ce qui est l’idée j’imagine. Ils ont tous uSous la glace - Louise Pennyn motif étampé sur le front, mais ils ne peuvent être tous coupables ! Mes soupçons se sont vite portés sur le ou la coupable « X » mais bien sûr, je l’ai abandonné en cours de route. Je n’aurais pas dû. J’ai été frappé jusqu’à quel point l’histoire est prétexte au jeu de la devinette. Louise Penny en manie habilement les ficelles. Je l’imagine nous regarder malicieusement avancer sur l’échiquier des doutes, case après case. Il m’est arrivé d’entendre certaines phrases ou expressions en anglais dans ma tête, me dégageant difficilement de la touche « british » élégante et pince sans rire.
Quel contraste entre le traitement candide et le côté emberlificoté du meurtre. Je me demande encore si j’ai vraiment compris le mode d’emploi du « comment ». Peut-être pourrais-je un jour y répondre mais pas avant d’avoir consulté des spécialistes en la matière !
Je ne renie pas le plaisir que j’ai retiré à découvrir cette histoire racontée dans la sensualité et l’humour, même si j’avoue m’être parfois impatientée du rythme lent, aussi lent qu’un Gamache fumant la pipe auprès de l’âtre tout en faisant rouler ses indices comme des billes. Je tardais qu’il les jette sur la table, qu’on les voit enfin. Je me laisserais probablement tenter par une autre histoire de madame Penny, en m’assurant cependant de me trouver dans l’humeur approprié d’avoir le goût de prendre mon temps.
J'apporte à votre attention que Louise Penny a un site web digne d’une visite.
Sous la glace, Louise Penny, Roman policier, Flammarion Québec, 383 pages, janvier 2011,

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