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Aleph de Paulo Coelho

Par Mango
Aleph de Paulo Coelho
Est-ce une autobiographie ou une  aventure purement fictive?  Imagination ou réalité ? L’ambiguïté est savamment entretenue jusqu’à la fin.Cependant, le narrateur semble bien proche de l’écrivain lui-même.Le récit s’ouvre sur une injonction de J.,  le maître et le guide de l’auteur  dans la Tradition spirituelle que ce dernier  poursuit depuis des années mais qui le laisse à nouveau, à 56 ans,  plein de doutes et de questionnements. Ils se retrouvent alors  autour d’un chêne sacré, vieux de cinq cents ans,  lieu habituel de leurs rituels. Leurs bras se rejoignent, entourant le tronc,  mais  après avoir prononcé une prière soufie, tous deux constatent que, cette fois-ci, c’est un échec: l’amertume et le désenchantement sont toujours là. Le Maître dit alors :   «Tu n’es plus ici. Il est temps de partir pour revenir au présent»
C’est alors que commence le véritable récit, celui du troisième chemin sacré que doit entreprendre le narrateur après les deux précédents, celui de  Saint-Jacques-de-Compostelle en 1986 et celui de Rome en 1989.«Le diamètre de l’Aleph devait être de deux à trois centimètres, mais l’espace cosmique était là, sans diminution de volume. Chaque chose… équivalait à une infinité de choses, parce que je la voyais clairement, de tous les points de l’univers.»
Jorge Luis Borges : L’Aleph. (Phrase mise  en exergue)
Cette fois, peu importe la destination géographique, ce sera un voyage plus intérieur et expérimental, vers l’Aleph,  le point de rencontre entre l’espace et le temps.
 Ce sera un voyage, seul,  d’un océan à l’autre, vers l’Asie, le Pacifique, en Transsibérien, à travers la Russie.Il laisse sa femme  derrière lui, en toute confiance. Il abandonne tout pour aller au devant  de ce point de l’espace qui doit le transporter dans le temps afin de revivre le moment le plus terrible  de ses réincarnations et obtenir le pardon des  personnes à qui il a fait tant de mal. Il découvrira assez vite qu’il s’agit de l’Inquisition espagnole.Il est aidé dans cette quête de son lointain passé par Hilal, une jeune femme exaltée, qui lui impose sa présence, persuadée qu’ils sont faits l’un pour l’autre et qu’elle peut lui être utile. Finira-t-il par accepter et rechercher leur rapprochement physique dans ce point aleph du train si mystérieux et son désir pour elle sera-t-il sans cesse interrompu par fidélité et loyauté envers le lien sacré du mariage?Un autre personnage l’aidera dans son aventure: Yao, son interprète.L’histoire se termine en fanfare par une audience  officielle, à Moscou, entre Paulo Coelho et le président Vladimir Poutine en personne,le 1er juin 2006.Dernière phrase du livre :
«Enfin,  je veux mettre en garde en ce qui concerne l’exercice de l’anneau de lumière. Comme je le mentionne plus haut,  tout retour au passé sans un minimum de connaissance du procédé peut entraîner des conséquences dramatiques »
C’est un livre que j’ai eu beaucoup de mal à terminer. Il m’a mise très mal à l’aise à plusieurs moments, en particulier  pour tout ce qui concerne l’intrigue sentimentale. Elle est au cœur de l’histoire mais j’ai trouvé si antipathique cette jeune femme qui se jette sans pudeur au cou de l’auteur dès leur première rencontre, le poursuivant sans cesse de ses assiduités grossières et finissant par s’imposer à lui  tout en l’isolant de ses compagnons de voyage que l’histoire en devenait glauque. Quant à l’aspect mystique de la recherche de l’aleph…que dire, sinon que les phrases se déversent à la chaîne, ciselées et définitives comme des citations d’anthologie. J’en ai relevé plusieurs. Prises une à une, je les ai appréciées  mais le livre lui-même m’a énormément déçue, c’est pourquoi j’ai tant tardé à rédiger cette notice. Je n’ai pas cru une seconde à cette histoire  et n’en ai pas aimé les personnages tant ce récit m’a semblé artificiel et froid, plein de clichés et d’idées dans l’air du temps, alors qu’il se veut exactement le contraire.
Quelques citations:Le temps n'enseigne rien; il nous apporte seulement la sensation de fatigue, de vieillissement. ... Mais le moment présent est au-delà du temps: il est l'Éternité. Mais le concept est mal expliqué. Ce n'est pas ce que tu as fait dans ta vie passée qui va influer sur le présent. C'est ce que tu fais dans le présent qui rachètera le passé et logiquement modifiera l'avenir. Notre vie est un voyage constant, de la naissance à la mort. Le paysage change, les gens changent, les besoins se transforment, mais le train continue. La vie, c'est le train, ce n'est pas la gare. Et ce que tu as fait jusqu'à  maintenant ce n'est pas voyager, mais eulement changer de pays, ce qui est complètement différent.Je suis dans l'Aleph, le point où tout est au même endroit en même temps. On ne peut pas expliquer l'Aleph, tu l'as constaté toi-même. Mais dans la Tradition magique, il se présente de deux manières. La première, c'est un point dans l'Univers qui contient tous les autres points, présents et passés, petits ou grands.  Généralement on le découvre par hasard, comme nous dans le train. Pour cela, la personne -ou les personnes- doit être à l'endroit physique où il se trouve. On appelle cela le petit Aleph.Le grand Aleph arrive quand deux personnes ou plus qui ont une certaine sorte d'affinité très profonde se rencontrent par hasard dans le petit Aleph. Ces deux énergies différentes se complètent et provoquent une réaction en chaîne. Ces deux énergies se transforment en une même lumière. 
Paulo CoelhoAleph (Flammarion,  octobre 2011, 309 pages) Traduit du portugais (Brésil) par Françoise Marchand Sauvagnargues), 19€Voir aussi les avis de Neph,A propos de livresAleph de Paulo CoelhoMerci à Karine et aux éditions Flammarion 

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