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Equipe de France : En Faim !

Publié le 08 octobre 2011 par Lben

Chronique du samedi 8 octobre 2011.

L’équipe de France a battu l’Angleterre 19 à 12 et se retrouve en demi-finale contre le Pays de Galles samedi prochain. Les français se sont enfin rappelés qu’ils étaient des joueurs de rugby et surtout que leur point forts étaient le combat, la défense et les ballons joués en contre. Analyse…

La touche comme rampe de lancement :

Les Français ont réalisé une formidable entame de match en menant très vite de 11 points grâce à un bel essai de Vincent Clerc et leur capacité à dominer territorialement leur adversaire. Là où on attendait une bonne conquête anglaise, notamment en touche, et un bombardement au pied des 2 dix, Wilkinson et Flood, on a assisté à la domination de l’alignement français qui, en privant très vite de ballon les Anglais, les a mis sous pression et même déréglés. Ajouté à cela, les coups de pied par dessus de Dimitri Yachvili qui, finement ajustés, ont mis sous pression Foden et compagnie, avec même des récupérations au point de chute comme autant de très bons ballons à jouer. Après 20 minutes de jeu, les Anglais étaient dépassé par l’engagement français et se retrouvaient à courir après un score qu’ils ne rattrapèrent jamais.

La touche Française a été décisive sur ce match. Un contre de Nallet dès les premières minutes, suivi par un autre de Papé, sur 2 lancers Anglais ont complètement perturbé un adversaire habituellement dominateur dans les airs. C’est d’autant plus surprenant que, jusqu’à maintenant, les Français n’avaient jamais vraiment pris le dessus sur leurs adversaires, quels qu’ils soient. Mais c’était nécessaire pour que l’équipe de France pèse sur ce match et puisse mettre l’Angleterre sous pression. La touche est un lancement de jeu qui peut avoir une énorme influence sur le cours de la rencontre et cela s’est encore révélé vrai sur ce match. Les conquêtes anglaises rendues difficiles dans les airs ont facilité le travail de pressing de la troisième ligne anglaise et Youngs, même s’il a été dangereux une ou deux fois, et surtout Wilkinson, se sont retrouvés sous pression et incapables de renverser le cours du jeu.

Bien sûr, la performance de la 3ème ligne doit être soulignée. Que ce soit la détermination de Thierry Dusautoir à retourner de l’Anglais, celle de Julien Bonnaire, présent aux quatre coins du terrain quitte à jouer, par moment, un rôle qui n’est pas naturellement le sien, sans oublier la magnifique performance d’Himanol Harinordoquy qui a été surprenant d’adresse balle en main, avec des démarrages derrière sa mêlée, dans un timing parfait, qui ont, à chaque fois, remis l’Angleterre sous pression. Il est évident que ces 3 là sont les artisans de la victoire, envoyant aux abonnés absents leurs adversaires directs et prouvant que le choix de mettre Haskell et sa puissance sur le banc a été une énorme erreur de la part de Johnson. Ces 3 là ont fait avancer toute l’équipe et avec Papé et Nallet, omniprésents dans le combat, ont donné le tempo qui a permis de construire la victoire sur chaque point d’impact au près.

Autant l’équipe de France n’avait pas réussi à marquer dans son premier temps fort contre la Nouvelle-Zélande, autant, cette fois, elle a su saisir sa chance avec opportunisme. Malgré un drop raté et un premier débordement de Clerc fini à quelques mètres de la ligne, le premier essai du même ailier Toulousain est la preuve de la capacité des Français de pouvoir battre même une défense bien en place. Ca a été, bien sûr, totalement rassurant et la prise du score, avec 11 points d’avance, a, alors, renforcé la détermination et l’esprit de sacrifice de chacun. Le trio arrière Clerc, Médard, Palisson est remarquable, capable de vitesse et de créativité pour surgir là où on ne l’attend pas ou concrétiser une action qui n’était pas véritablement une occasion de marquer. Si la France n’a toujours pas d’équipe type, elle s’est au moins, enfin trouvé un triangle arrière qui rassure ses coéquipiers et inquiète ses adversaires…

Même si une telle victoire était difficile à prévoir au vu des derniers jours, on a retrouvé, dans ce match, les ingrédients entrevus en 2ème mi-temps lors de la rencontre contre les All Blacks. Une détermination et une solidité » au niveau du combat, la capacité de faire reculer l’adversaire sur les points d’impacts au près et une solidarité défensive qui permet de plier mais de ne pas céder après une première brèche sont autant de points forts que cette équipe a su exploiter ce samedi. La perfoirmance d ela touche est venue se rajouter. On attendait là Harinordoquy et Bonnaire et oin a eu, de manière déterminante, Nallet et Papé en début de rencontre. Autant d’ingrédients qui ont permis de vaincre un adversaire, bien sûr, inférieur aux Néo-Zélandais mais, surtout, de se retrouver en demi-finale et d’être toujours en vie…

Une certaine faiblesse au milieu du terrain :

Une analyse de match complète passe aussi par ce qui n’a pas marché. Et à ce niveau, il est évident que le fait que l’on joue sans une véritable charnière reste un problème. C’est vrai que le formidable performance de la 3ème ligne a masqué cette réalité, que l’envie et la qualité de Morgan Parra compensent certaines de ses déficiences en tant que véritable 10, mais je ne peux pas passer sous silence l’une des 2 faiblesses françaises entrevues sur ce match. Si la 1ère mi-temps a été autant à l’avantage de l’équipe de France, on le doit entre autre au jeu au pied de Dimitri Yachvili qui a réussi, derrière son pack, à mettre sous pression Ben Foden et ses ailiers. Cela s’est révélé très efficace mais manquait cruellement de variété. Si les seuls coups de pieds donnés le sont dans l’axe des regroupements, il va être facile aux Gallois de s’organiser en conséquence et ce , d’autant qu’ils sauront que le 10 français ne risque pas de les embêter avec de grandes diagonales ou des chandelles de l’autre côté du terrain.

Malgré cette brillante victoire, notre jeu reste globalement très stéréotypé. Le jeu au pied de Yachvili, les départs au ras de Servat, les ballons portés après touche et le jeu d’avant après mauls sont des incontournables qui rendent notre jeu facile à lire. Quand les avants français sont irrésistibles au combat, cela peut se traduire par une belle victoire mais il parait aléatoire de se contenter de cela. Même si la créativité du triangle arrière est LA véritable arme créative de l’équipe de France, il parait encore une fois, inquiétant de tout miser là-dessus. Il me parait essentiel pour ajouter de la variété au jeu français de titulariser François Trinh-Duc à l’ouverture. Celui-ci amènera par son jeu au pied plus en en accord avec ce qu’un ouvreur doit être capable de faire, des solutions supplémentaires qui redonneront naturellement de la variété au jeu Français. Il est évident que Marc Lièvremont va reconduire le même 15 de départ pour rencontrer le Pays de Galles mais ce choix enlèvera certainement des armes offensives supplémentaires à son équipe.

L’autre faiblesse vient du centre du terrain et de notre paire de centre qui a, par moment, tangué et donné une impression de difficulté. Aurélien Rougerie a réalisé un match exceptionnel de courage, à la fois par sa détermination et son envie communicative à combattre sur les points d’impacts mais, aussi, par le fait qu’il joue avec une cheville en fer et une épaule en bois. Néanmoins, il est évident que sa blessure de fin de saison dernière ne lui permet pas, actuellement, d’être à son tour meilleur niveau, notamment en ce qui concerne ses qualités de vitesse et de changement d’appui. Maxime Mermoz, lui, prend ses marques à un tel niveau. On sent que le potentiel est là, sans problème, mais qu’il a encore besoin de quelques matchs pour réaliser physiquement ce qu’il a en tête. En théorie, Marc Lièvremont a raison sur le choix de ces 2 joueurs mais la pratique ne lui a pas permis d’associer ces 2 joueurs précédemment, ce qui pose aujourd’hui un problème en termes d’automatismes et de capacité à peser sur le match. Face à l’Angleterre, ceux-ci ont livré une copie plus que correctes mais c’est Tuilagi et, à quelques occasions, Flood qui ont pris les initiatives. Il est évident que les Gallois vont vouloir se servir de la puissance de Roberts pour traverser notre défense et peser sur le match. Est-ce que la domination adverse, à ce niveau, est inéluctable samedi prochain ? J’espère, bien sûr, que non, mais ce sera certainement un élément clé dans la configuration de la demi-finale. Les Gallois vont produire des temps de jeu, à moins que notre alignement les prive totalement de ballons,ce que je ne crois pas, et si nous perdons la bataille du centre du terrain à nouveau, cette fois nos adversaires risquent de concrétiser leurs percées par des points marqués et de nous compliquer sacrément l’accession en finale…

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