Magazine Société

Jet set

Publié le 10 octobre 2011 par Toulouseweb
Jet set

L’aviation d’affaires en convalescence

Cette semaine se tient à Las Vegas le salon professionnel annuel de la National Business Aviation Association (NBAA) : un millier d’exposants, une centaine d’avions exposés et l’occasion de faire le point sur un secteur malmené par la crise financière. Les ventes se sont effondrées, les constructeurs américains, Cessna en tête, ont licencié des milliers de personnes et la reprise se fait attendre. Chacun l’espérait dans l’immédiat ou les mois à venir mais tout porte à croire qu’elle ne deviendra pas réalité avant 2013.

Tous les intervenants ne sont pas égaux devant la crise. Ainsi, Dassault Aviation, bien que frappé de plein fouet, résiste mieux que d’autres. Au cours du premier semestre de cette année, l’avionneur français a vendu 22 Falcon (solde net après déduction des annulations), à comparer à deux seulement au cours de la période correspondante de 2010. Mais les livraisons sont tombées à 19 appareils, contre 45. «La situation s’améliore lentement», commente laconiquement Charles Edelstenne, PDG de la société. Laquelle dépend largement de la bonne tenue de l’aviation d’affaires, faute de succès à l’exportation de l’avion de combat Rafale.

Dassault n’est pas passif pour autant et ne se contente pas d’attendre des jours meilleurs, le lancement commercial du Falcon 2000S étant porteur de grands espoirs (notre illustration). D’autant que c’st un biréacteur d’entrée de gamme qui s’adresse à un marché potentiel important. Suivra un avion entièrement nouveau, connu provisoirement sous le nom de code SMS, livrable à partir de 2016.

Les perspectives restent bonnes ou vont le redevenir, encore que les prévisions soient floues, voire contradictoires. Ainsi, Forecast International, Cabinet qui fait autorité, estime que 6.000 jets seront livrés dans les 10 ans à venir alors qu’Honeywell en annonce 10.000. Il est vrai que le marché est en profonde mutation, toujours dominé par les Etats-Unis, mais en train de lentement basculer vers les grandes économies émergentes, le fameux groupe BRIC. Et, dans ce contexte, tous les regards se tournent plus particulièrement vers la Chine, en pleine libéralisation de son espace aérien.

Le rendez-vous de Las Vegas, en toute logique, va confirmer que des opportunités importantes apparaissent là. La NBAA le confirme éloquemment en préparant, pour mars de l’année prochaine, un U.S.-China Aviation Summit qui fleure bon le marché potentiel prometteur et les alliances industrielles. La Chine cherche en effet à nouer des liens avec des constructeurs occidentaux, pour gagner du temps et s’arroger du savoir-faire. Chacun y va donc de sa proposition tandis que des entreprises du secteur passent sous contrôle chinois, notamment le motoriste Teledyne Continental et l‘avionneur Cirrus. Le haut de gamme, en effet, n’est pas le seul impliqué, l’aviation de loisirs étant concernée, elle aussi.

Grâce à Dassault, l’industrie française est bien placée dans ce contexte hautement concurrentiel. De même que Daher Socata qui, outre le monoturbopropulseur de voyage TBM 850, envisage de mettre un petit jet sur le marché. Des objectifs qui se complètent bien. En revanche, la «petite» aviation privée française est en voie de disparition, ses coûts de production n’étant plus compétitifs, face aux Américains et, demain, les Chinois.

Reste le fait, en haut de gamme, que les jets d’affaires souffrent encore et toujours d’une image qui ne leur est guère favorable, en ces temps de disette, de pétrole cher et de bonne conscience environnementaliste. Y compris outre-Atlantique où est proposée une taxe de 100 dollars par voyage, une formule curieuse qui relève peut-être d’une intention louable mais n’en apparaît pas moins absurde. Dans cet esprit, en organisant sa grand messe à Las Vegas, la NBAA n’a d’ailleurs pas la main heureuse, ce haut-lieu des paillettes et du jeu n’ayant pas précisément l’image requise pour servir de décor à une aviation très sérieuse, très professionnelle, instrument de dynamisme au service du monde des affaires. Mais, apparemment, ce n’est pas une bonne idée d’évoquer ce thème vaguement provocateur...

Pierre Sparaco-AeroMorning


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazine