Magazine Cinéma

The kid stays in the picture

Par Inisfree

Le film aurait aussi bien pu s'appeler "Une histoire Américaine", "Evans le magnifique" où "le Dernier Nabab", tant Robert Evans fait penser au Monroe Stahr campé par Robert De Niro dans le film de Kazan.

Mais finalement, tout est dans le titre : The Kid Stays In The Picture (le gamin reste dans le film) le Cinéma, l'autorité, le coup du destin, le côté protecteur, la revendication de l'instinct dans le choix, la morale américaine grand public et la jouissance du pouvoir qui repose dans les mots du producteur hollywoodien tel que le veut la légende.

Evans, Robert Evans, est bien une légende. Il est le producteur du Parrain et de Cotton Club de Coppola, de Rosemary's Baby et Chinatown de Polanski, de Love Story d'Arthur Hiller, du Conformiste de Bertolucci, de 100 $ Pour Un Shériff qui valu son unique oscar à John Wayne. Evans est le jeune play-boy bronzé qui commmença par une carrière d'acteur vite avortée (il est le toréro dans Le Soleil se Lève Aussi) qui va devenir patron de la Paramount à la fin des années 60 et enfoncera les records de recettes avec quelques uns des films sus-cités.

medium_kidstays.4.jpg
Evans est aujourd'hui le sujet d'un documentaire de 2002 réalisé d'après son livre de souvenirs par Nanette Burstein et Brett Morgen. Sujet en or. Sa vie, son oeuvre, ses combats, ses amours, tout est du pur matériau hollywoodien. Y compris une certaine passion du cinéma, celle qui l'amènera à imposer Polanski, à batailler avec Coppola, à faire des films plus grands que nature. Sa trajectoire est digne de ces films. Quelque part entre ce Dernier Nabab et Citizen Kane. Il y a la réussite, insolente alors qu'il n'a pas trente ans, la vie de célibataire, une fille superbe à chaque bras, la romance avec Ali Mac Graw qui le quittera pour Steve McQueen, le succès, incroyable, au début des années 70, les coups vicieux des actionnaires de Paramount, et puis, la déchéance, la drogue, les procès, un meurtre, l'échec. Et puis encore, la rédemption, Nicholson qui lui récupère sa villa-Xanadu avec ses roses et ses eucalyptus géants, l'utime coup de chance et un homme à nouveau debout. Ouf !

Le documentaire nous retrace tout ceci avec un commentaire de la voix même d'Evans. L'ensemble est enlevé, précis, passionnant, traçant le portrait d'un homme et de son époque. Une époque clef dans l'évolution d'Hollywood. Celle qui voit le système traditionnel achever de s'effondrer et la montée en puissance de la nouvelle génération, celle de Coppola.

Le film est aussi un mélange de sincérité (confession touchante sur Ali Mac Graw) et d'habiles ommissions. Ainsi le mystère sur le travail du producteur hollywoodien reste entier. Mis à part une séquence où l'on voit notre héros potasser un script de Robert Towne au bord de sa piscine, le fond de son activité professionnelle reste obscur. Discuter, négocier, baratiner, très bien mais encore ? Quand il dit avoir travaillé cinq ans sur Chinatown, j'aurais bien aimé savoir à quoi faire. On retrouve là cet espèce de complexe du producteur qui refuse d'être un simple rouage financier ou logistique, mais revendique une part de la création même.

Je ne nie pas cette part, particulièrement réelle dans le système hollywoodien, mais j'aurais aimé qu'il se livre plus là-dessus. Serait-ce de la pudeur ? Ou encore une façon de préserver la légende ? Imprimez la légende !

Le DVD 

Photographie : Offoffoff Film 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Inisfree 28 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines