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[Lecture] Le canapé de Béria - Claude Quétel

Par Isleene
Pour reprendre un peu en main cet espace, un avis de lecture sur un livre étrange au demeurant qui se révèle être ma plus belle découverte de l'année.
[Lecture] Le canapé de Béria - Claude Quétel
Chacun ou presque s'est déjà rêvé en Indiana Jones, parcourant le monde à la recherche d'objets mythiques, légendaires même. Mais Indiana Jones, Allan Quatermain et tant d'autres sont des personnages fictifs. Quant à l'arche perdue... et bien elle est perdue.
Au delà des mythes il y a les objets sur lesquels l'histoire se grave, témoins muets d'épisodes anecdotiques, déterminants ou simplement symptomatiques d'une ère particulière. C'est à la recherche de ses objets (moins attirants au demeurant) que Claude Quétel, historien et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen a passé une partie de sa vie.
"Ce n'est pas d'archéologie qu'il s'agit ici mais de militaria. Si on sort de cette règle stricte et qui peut paraître obsessionnelle, il n'y a plus de quête muséographique digne de ce nom" p.38

Il ne s'agit pas d'un roman, loin de là, mais ces mémoires se lisent comme tel. A la recherche de reliques atypiques ayant attrait à la paix durant les conflits qui ont émaillé le XXe siècle, c'est un voyage où les méchants (pas si méchants au final) sont incarnés par des administrations lentes et bureaucratiques en Russie, en Chine, à Cuba ou aux États-Unis.
Et au delà de la simple recherche d'objets, se pose des questions de fond attenante à la gestion des musées au traitement de l'histoire contemporaine ou immédiate et son rapport à la mémoire.
Éternelle question du "Où diable va-t-on loger tout cela?" et des trésors cachés que l'on peut trouver dans les réserves de musées.
Un chapitre, un objet? Pas vraiment. Une quête en entraîne une autre, parfois ordinaires, chinés ou incroyables et rares c'est finalement "la question de l'objet historique, de son statut, de sa conservation" qui est au coeur de ce volume.
Émouvant parfois à l'image de ce zek qui donne au conservateur les vêtements qu'il portait au Goulag et souvent mutin quand il raconte que le NKVD (ex-KGB) possédait sa propre équipe de foot qui fut battu par l'étoile de Leningrad en 1952 (3-2).
Au final ces mémoires se lisent comme un roman d'aventures. 
"On ne répétera jamais assez que pour un lieu de mémoire, il faut des objets de mémoire. [...] C'est toute la différence entre travail de mémoire et devoir de mémoire. Seul le premier, par son historicité même, peut servir durablement la mémoire, notamment auprès des jeunes générations. La mémoire ne se met pas au garde-à-vous, elle se construit - et elle se construit parce qu'elle se comprend." p.153

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