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Blutch, the movies lover

Publié le 16 octobre 2011 par Hongkongfoufou

Par Oddjob

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C’est d’abord un beau bouquin, avec Ava Gardner en couverture. Toute droite sortie de Pandora ou de la Comtesse aux Pieds Nus (mais, je penche nettement pour la première solution, ou la légende du Hollandais volant revue et corrigée du côté de Tossa del Mar…), bref la beauté animale et cinématographique incarnée !

Et surtout, des pages de garde (plus belles que celles aux portraits) représentant le grain de la peau de Claudia Cardinale agrandi des dizaines de fois !

Puis vient le titre, Pour en finir avec le cinéma. C’était aussi ce que l’on pensait depuis que l’on était sorti du dernier Almodovar en se demandant à quoi bon perdre deux heures de son temps sinon à être en charmante compagnie.

Pourtant, je reconnais que cet album avait tout pour me rebuter au premier degré : un auteur, Blutch, issu de la Nouvelle Bande Dessinée (celle-là même qui a comme chef de file l’insupportable et le surestimé Sfar), qui malgré Le Petit Christian ou Sunnymoon me laissait un peu de marbre (notamment La Beauté (sic) et La Volupté (resic)), et la dévotion plus que suspecte de Libé, Télérama et des Inrocks…

Mais sitôt la lecture entamée, on sent que l’on est en très, très bonne compagnie, avec cet auteur qui n’hésite pas à se mettre en scène de manière triviale, voire réactionnaire ! Dès les premières planches, la tête entre les cuisses de sa compagne, qu’il vient de quasiment étouffer, il se met à réciter le noms des acteurs de la Horde Sauvage : Holden, Ryan, Borgnine, O’Brien, Oates… Quand cette dernière, remise de ses émotions, finit par lui annoncer la mort de Paul Newman. "C’est impossible. Je pense à lui tous les jours. (…) Si je ne suis pas là, moi, pour penser aux acteurs, personne ne le fera !" rétorque-t-il…

 

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Certes, certains chapitres m’ont laissé largement imperturbable, "Le Robinson Suisse" et la partie de pêche avec Jean-Luc Godard, ou encore le passage sur Luchino Visconti, pour ne citer qu’eux. Et j’avoue sans grande honte ne pas avoir tout saisi des nombreuses cases reprenant çà et là, un classique (le plus souvent hollywoodien).

Mais peu importe, le plaisir est ailleurs.

Dans ces pages hommage à Burt Lancaster (son "actrice préférée" !), au travers non seulement de l’attendu Guépard, mais aussi des Professionnels, du trop méconnu Merdier (Go Tell the Spartans), ou enfin du Flic se Rebiffe (The Midnight Man), son unique réalisation.

Dans cette planche sublime entremêlant Le Mépris, The Seven Year Itch (Sept ans de réflexion), La Dolce vita et Lolita dans une magnifique déclaration d’amour aux actrices charnelles.

Et puis convoquer, Johnny Weissmuller, Maureen O’Sullivan et Chita, un King Kong lubrique, The Planet Of Apes, Maurice Ronet et Kirk Douglas, Michel Piccoli et Paul Gégauff (scénariste des meilleurs Chabrol, du moins les plus délicieusement sulfureux, Les Bonnes Femmes, Les Biches et Que La Bête Meure), nous révèle un homme de (bon) goût, nostalgique mais jamais passéiste.

Bref, un homme qui place le cinéma, et quel cinéma, avant sa vie et son mariage ne peut nous laisser indifférent.

"Pendant quelques secondes, la gueule de William Holden dans Deux Hommes dans l’Ouest, ça vaut un Rembrandt"… On se saurait mieux dire !

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