[Critique] MICHAEL de Markus Schleinzer

[AVANT-PREMIERE]
Michael est un employé de bureau. Il mange, dort, mate la télé, déjeune quelquefois avec sa sœur et part même au ski avec ses amis. Il a des collègues, une famille, des voisins. Une banalité que l’autrichien Markus Schleinzer installe d’emblée de façon clinique, froide, mécanique. La mise en scène est d’une rigueur implacable, parfaitement tendue, observe de face, sans fioriture. Michael, c’est Monsieur Tout le Monde. Rapidement cependant, la surface tranquille d’un quotidien morne s’éraille : dans sa cave, Michael détient Wolfgang, petit blondinet avec lequel il entretient une relation non consentie, effroyable. Michael (interprété brillamment par l’acteur Michael Fuith) est un pédophile. Attention, ambiance. Et film-scandale. Venu tout droit du pays de Natascha Kampusch, jeune fille séquestrée et violée pendant des années, Michael est une œuvre frontale qui jusque dans son titre assume sa filiation avec le cinéma abrasif d’Haneke.
Le regard se veut neutre : Schleinzer, d’un œil voyeur, contemple la réalité. Rien d’autre. Ne cherche pas l’explication à l’horreur, ne juge pas le Mal. Il le regarde vivre, respirer, mentir, commettre l’intolérable. Et donc ? Au final, pas grand-chose. Le film brille par son absence d’enjeux. Sur un tout autre sujet, la focalisation sur la mise en scène, par ailleurs réussie, aurait été tolérable à défaut de réellement intéressante. Ici, cela ne fonctionne pas. Au contraire, Schleinzer- par instants- offre de l’abject en barre. Filmer le monstre sur du Boney M. Insuffler du décalage humoristique là où absolument rien ne devrait prêter à sourire. Insister sur le point de vue du pédophile. Tout est franchement discutable. Sans aucun intérêt. La provocation est creuse, tourne à vide, n’a rien à dire. Et si le cinéaste crée le malaise, c’est surtout par ce manque d’intentions, honteux en regard du sujet.

Sortie Cinéma : 9 novembre 2011