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Ca va saigner dans les 22

Publié le 18 octobre 2011 par Spartac

Ca va saigner dans les 22

De la boue, de la boue de la boue

Je me souviens de mes premiers moments au bord d'un terrain de rugby. J'étais tout gamin, le terrain ressemblait à une piste de ski de bosse. Je me souviens des braillements incessants de la foule, et de l'odeur de la terre humide, de ces joueurs qui me paraissaient gigantesques en entrant sur la pelouse. Le rituel était toujours le même, l'équipe qui recevait entrait en premier, ou les joueurs se passaient la balle à tour de rôle, seule occasion pour les piliers de toucher le ballon. Lorsque l'équipe adverse entrait, la bronca commençait, et si possible s'amplifiait lorsque l'arbitre entrait.

Ca va saigner dans les 22

De la boue, de la boue de la boue

Je me souviens de François Pienaar. Pas de son nom, mais de son sourire éclatant lorsqu'il souleva la coupe du Monde en 1995. Je me rappelle surtout de la semaine d'avant et de cette demi finale, dans la pataugeoire de Durban. Je me souviens des moustaches de Derek Bevan, l'arbitre gallois , l'homme qui offrit ce jour là un match aux Springboks refusant un essai légitime au français et refusant de leur accorder une pénalité à la fin qui eut tout changé. Je me souviens de cette équipe sud africaine, symbole éternel et artificiel d'un pays encore séparé, au jeu sans génie, à ce pack destructeur.
Je me rappelle aussi du jour de la finale de 2003, du concert que donnait Iron Maiden à Paris, et du drop que tapa le chanteur dans la foule, parabole de la tournée victorieuse de ces anglais sans génie aussi au froid réalisme si caractéristique...
Je me souviens que toujours le rugby s'est écrit avec deux couilles, et que la France prenait la place du cocu de service. Une équipe au jeu encensé, dont le french flair était loué. Une équipe capable de marquer 4 essais à des anglais, gagnants sur des pénalités. Je me rappelle les images d'un autre sport de ballon, ou à Séville aussi les français prirent la place du con.
Ainsi donc notre place en finale serait donc une insulte au beau jeu, un crime contre le rugby, selon les apôtres de la sainte trinité de la passe croisée, ratisseur de ballon comme Pienaar et lessiveur de ligne de touche comme Ashton. Il est donc indigne de voir une équipe, au jeu il est vrai aussi pauvre que les sketch d'un spectacle d'Arthur, en finale de coupe du Monde. Après une coupe au jeu indigent, ou comme à chaque fois les matchs à enjeux ont déçu, il serait étonnant de voir en finale une équipe comme la notre...
Pourtant, elle me rappelle le jeu que j'ai toujours vu. Hormis à Toulouse le jeu de mouvement n'a jamais été l'apanage de ce sport. N'est pas ailier virevoltant qui veut, et j'ai plus souvent vu les arrières finir le match avec une seule prise de balle, le short encore immaculé. Levez bien les chaussettes et restez le long de la ligne de touche que l'on voit le sponsor leur disait l'entraineur.
A croire qu'alors que le 7 deviendra bientôt olympique, on voudrait nous faire croire qu'il s'agit d'un sport label Super 15. C'est oublier les grands principes de ce sport, qui commence devant et qui fini derrière, enfin s'arrête plus souvent sur le pied d'un demi d'ouverture, ou dans les paluches d'un centre peu altruiste. Engagement, combat, solidarité sont les fondements de ce jeu.

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Bah, c'est dans la poche la finale...

La France n'a pas un beau jeu, s'est évident. Ce n'est sans aucun doute pas une publicité pastel pour les envolées lyriques saupoudrées de french flair. En cette période d'élargissement médiatique, il y a moins de place pour les oreilles en choux fleurs que pour le sourire d'Israel Dagg, et les hakas chorégraphiés.
La France respecte les fondements de son jeu, faute de mieux peut être. Elle respecte l'engagement de ce sport, dégage une force brute derrière sa défense de fer.
La finale ne devrait être qu'une formalité pour les blacks. Ce serait oublier qu'elle ne joue que sur un pied et demie de Richie Mc Caw, que son ouvreur en jachère sera chassé par un sécateur humain, et qu'elle aura la pression de tout un peuple. Après tout une équipe si sale à voir jouer ne devrait pas leur poser de problème.
Tant pis pour le style a dit Marc Lièvremont. En effet, si dimanche la France gagnait, nous lamenterions nous, si un drop assassin portait la délivrance?

Ca va saigner dans les 22

Non ce n'est pas moi le bourre pif.

Proposons donc un combat de tous les instants, jetons nous comme des furieux sur les rucks, offrons 80 minute d'engagement sans faille. Il y aura forcément des opportunités pour les Néo Zélandais, mais ils ont souvent déjoué dans une lutte féroce. La victoire ne passera que par la peur dans leur regard, comme lorsque Richard Dourthe faisait trembler Umaga...
Les Bleus n'ont jamais été aussi détestés. Ils n'ont pourtant jamais été aussi forts que dans l'adversité. Le monde du rugby leur renie leur légitimité. Mais la France est toujours là, debout, les pieds dans la merde comme on aime les décrire. Jacques Fouroux en son temps nourrissait son  équipe de cette haine, jusqu'à un grand chelem pour l'histoire, et une première en Nouvelle Zélande.
Nul doute que Lièvremont saura se servir de cette cabale du jeu, orchestrée par l'académie du beau jeu de balle. C'est l'arcade sanglante et l'épaule démise que se jouera notre match. S'il fallait abandonner le french flair avec l'étiquette du looser magnifique c'est dimanche qu'il le faut. Seule la victoire est belle maintenant...

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