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DOSSIER VIDEO - 'The Deep Seas'

Publié le 19 octobre 2011 par Podcastjournal @Podcast_Journal
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"Cette une ambition essentielle, mais difficile. J’espère vraiment qu’ensemble nous parviendrons à la mener à bien".

S.A.S. Albert II de Monaco a ouvert la conférence internationale Abysses, sur l’avenir des grands fonds marins, à l'institut océanographique de Paris. Regards sur la Abysses et la gestion durable des fonds marins avec Francis Vallat, président du Cluster maritime français, Jacques Rougerie, membre de l'institut de France, architecte, Pierre-Armand Thomas président science & technologie du GEP, Technip.

Allocution de S.A.S Le Prince Albert II de Monaco

"Mesdames et Messieurs, chers amis, l’histoire des grands fonds marins est une histoire tout à la fois très ancienne et très actuelle. Très ancienne, car elle nous renvoie bien entendu aux origines de la Terre, au mystère des premières réactions chimiques qui ont engendré la vie. Très vieille aussi car elle nous confronte à des espèces, à des images, à des paysages primitifs et méconnus, qui ont traversé les millénaires dans un état à peu près intact. Mais c’est aussi une histoire très actuelle, comme un condensé de notre temps. C’est l’histoire d’abord des progrès de la science qui, surtout depuis cent cinquante ans, nous ont fait repousser les limites de la connaissance et les frontières de l’observation humaine. C’est l’histoire d’une puissance nouvelle de l’homme qui lui permet d’aller désormais frôler les origines de la vie, de se sentir maître des moindres recoins d’une Planète qui autrefois lui échappait. C’est l’histoire enfin de menaces nouvelles et non maîtrisées, de perspectives commerciales à courte vue et de risques de dégradations irrémédiables engendrés par la légèreté ou l’aveuglement des hommes. Pollutions diverses, surexploitation des stocks d’espèces déjà fragilisées, effets désastreux du chalutage industriel sur les écosystèmes, dégâts causés par les diverses infrastructures d’exploitations industrielles dont l’homme parsème les fonds marins, conséquences enfin du réchauffement climatique avec l’accroissement de l’acidification des océans : tous ces dangers qui affectent notre environnement sur terre sont également à l’œuvre dans les grands fonds. Il y a là, autour de ces zones abyssales encore mystérieuses, comme un condensé de notre destin collectif. Un condensé d’autant plus saisissant que nous savons à quel point les grands fonds sont déterminants pour l’équilibre de l’ensemble des océans, lui-même crucial pour la préservation de notre Planète. Alors même que nous n’avons encore que des connaissances parcellaires de ces zones, nous sommes donc d’ores et déjà contraints de tout faire pour les préserver. Cette situation complexe implique à mon sens un double effort. Le premier doit bien entendu être celui d’un effort scientifique de grande ampleur. Avant toute chose, il est en effet impératif que nous continuions d’accroître nos connaissances. Nous le constatons dans nos engagements pour contrer le réchauffement climatique : sans fondements scientifiques solides, aucune action d’envergure n’est possible. Non seulement parce que des données scientifiques précises sont seules à même de nous indiquer la voie à suivre. Mais surtout parce que, face à des intérêts puissants et à des résistances nombreuses, un diagnostic indiscutable est toujours nécessaire. Pour assurer et compléter notre diagnostic, nous devons donc avant tout poursuivre l’exploration de ces zones, que nous connaissons encore si mal. Notre représentation de la bathymétrie des océans demeure encore fragmentaire, de même que le recensement des principaux paysages des grands fonds, ainsi que l’inventaire de leur richesse biologique… Tout cela sans parler des profondeurs intermédiaires, elles aussi encore très mal connues. Il y a donc là un premier effort qu’il faut impérativement soutenir. Cela implique de promouvoir des projets internationaux d’exploration, en particulier dans le but de cartographier les fonds et de dresser l’inventaire de leurs espèces. Pour cela, il est nécessaire de sensibiliser au maximum les institutions politiques, à commencer par les Etats, de les convaincre d’investir dans la recherche, mais d’ouvrir aussi plus largement leur zone économique exclusive à la recherche scientifique. Mais c’est une tâche immense, pour laquelle toutes les énergies seront nécessaires, y compris celles du mécénat privé, avec lequel ma Fondation projette de s’associer sur des projets visant une meilleure connaissance des grands fonds. C’est pourquoi il convient d’avancer dans un esprit de dialogue et de coordination, comme nous le faisons aujourd’hui, grâce aux équipes de l’Institut Océanographique, qui ont pris l’heureuse initiative de nous réunir. C’est également dans cet esprit que j’ai lancé il y a deux ans la Monaco Blue Initiative, qui rassemble chercheurs, économistes industriels, journalistes et responsables politiques autour des grands enjeux liés à l’avenir des océans. Dès sa première édition, la Monaco Blue Initiative s’est penchée sur la question des grands fonds, engageant sur le sujet une réflexion qui se poursuivra au printemps prochain en Asie, dans le cadre de l’exposition internationale de Yeosu. J’espère qu’elle permettra de déboucher sur un certain nombre de pistes d’action concrètes. Car l’effort scientifique qu’il nous faut accomplir doit aussi nous permettre d’avancer sur le terrain, en identifiant et en mettant en œuvre des mesures de protection efficaces. C’est le second impératif que j’évoquais à l’instant : celui d’un effort politique concerté autour des grands fonds. Car le premier problème des grands fonds n’est pas tant, en effet, d’échapper à la vigilance des hommes ou d’être trop méconnus. Leur premier problème est je crois d’échapper aux cadres traditionnels de la souveraineté et de l’action collective. Ne se soumettant pas au tracé des frontières, dépassant les cadres habituels de l’intervention des Etats, ces zones sont le plus souvent dans l’angle mort de nos initiatives, qu’elles soient nationales ou multilatérales. Or, ces régions situées aux confins du monde connu sont déterminantes pour l’humanité tout entière. C’est pourquoi il est impératif de prendre en mains leur destin, et de le faire notamment dans le seul cadre qui nous permette d’intégrer la dimension globale des problèmes, le cadre multilatéral – et en premier lieu celui établi par les Nations unies. Je pense en particulier aux deux textes sur lesquels nous pouvons d’ores et déjà nous inscrire, pour ces zones qui représentent ne l’oublions pas les deux tiers de notre planète. Le premier est la Convention des Nations Unies pour le droit de la mer, dont le trentième anniversaire pourrait l’an prochain être l’occasion d’une modernisation. Le second est la Convention des Nations unies pour la diversité biologique. Sans offrir de solution toute faite, ils nous donnent d’ores et déjà des outils pour protéger certaines zones, notamment par le biais des objectifs de préservation des océans édictés à Nagoya. D’autres outils onusiens peuvent également être utilisés, en particulier ceux de la FAO, dont les critères de protection des habitats prévoient la protection de nombreux écosystèmes profonds. Parallèlement à cette réflexion sur la gouvernance internationale des grands fonds et sur la mise en œuvre de mesures globales de protection, nous pouvons aussi avancer à un niveau plus local. C’est même une nécessité, tant l’évolution de la situation rend impératif d’agir vite. Pour cela, je crois important de soutenir la création coordonnée d’aires marines protégées dans les zones océaniques proximales et les zones profondes. Ces aires marines protégées permettront de préserver des sites importants. Elles permettront surtout de montrer le chemin d’une action immédiatement efficace. Je plaide pour ma part aussi souvent que je le peux en leur faveur. Je l’ai fait encore très récemment à Arkhangelsk, auprès de nos amis russes et du Premier ministre Vladimir Poutine, qui font preuve à ce sujet d’une ouverture que je crois prometteuse. Pour appuyer cette action, il nous faut enfin poursuivre un important travail de sensibilisation des opinions publiques à la cause des grands fonds et aux ravages de la pêche d’espèces profondes dont les stocks sont en décroissance rapide. C’est l’un des objectifs de cette journée et c’est l’une des nombreuses tâches dont s’acquittent mois après mois l’Institut Océanographique et son Directeur Général, Robert Calcagno, qui publiera prochainement un ouvrage important sur le sujet. Mesdames et Messieurs, Chers amis, Témoins des origines de la vie et victimes de l’accélération de nos excès, les grands fonds doivent devenir demain les symboles d’une humanité plus responsable. Une humanité capable de se saisir collectivement des grands enjeux de la Planète et d’inventer un développement réellement durable. Ex abyssis ad alta, des abysses jusqu’aux cieux : la devise de mon trisaïeul, le Prince Albert Ier, résume parfaitement cette ambition : faire des grands fonds marins le point de départ d’une reconquête de notre destin. Cette une ambition essentielle, mais difficile. J’espère vraiment qu’ensemble nous parviendrons à la mener à bien. Je vous remercie".

S.A.S Le Prince Albert II de Monaco
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