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L'autre fille - Annie Ernaux

Par Oopslala
L\'autre fille par Annie ErnauxL'autre filleL\'autre filleAnnie ErnauxLe principe de cette collection « Les Affranchis », est que l’auteur doit écrire la lettre qu’il n’a jamais écrite. Dans cette lettre, Annie Ernaux confie au lecteur qu’elle n’était pas l’unique enfant de ces parents comme elle l’a cru pendant les dix premières années de sa jeunesse. Un dimanche d’août 1950, elle surprend une conversation entre sa maman et une jeune femme, sa maman raconte qu’ils ont eu une autre fille, qu’elle est morte de diphtérie à l’âge de 6 ans comme une petite sainte, que son mari était fou quand il l’a trouvé morte et « qu’ elle était plus gentille que celle là ». Cette scène restera gravée dans sa mémoire à jamais. Bien sûr, elle savait qu’elle n’était pas « gentille », elle l’intrépide et encore moins une petite sainte elle qui a peur de Dieu. Cette conversation lui fait prendre conscience qu’elle a été dupée, elle se croyait l’unique, elle réalise qu’elle arrive en second et que tout l’amour qu’elle a reçu sonnait faux. Ce terrible secret dont aucun de ses parents ne s’est garder de lui parler, a sans doute conditionné tout le reste de son existence, notamment ses rapports avec ses parents. Le lecteur ressent par le ton combien l’auteur en veut à ses parents de l’avoir laissée à l’écart de ce chagrin, elle parle d’eux en disant « Elle » et « Lui » comme si ils lui étaient étrangers ! Elle parle de son incompréhension face à cette petite sœur qu’elle n’a pas connue, hormis par quelques photos transmises par des cousines. Toutes ces questions qu’elle s’est posée et qui sont restées sans réponse parce qu’il ne fallait pas réveiller la douleur. Une certaine culpabilité d’être celle qui est restée en vie or qu’elle aussi a failli mourir dans son enfance. Les souvenirs s’étirent tout au long de cette lettre, ils sont douloureux, empreints d’une certaine amertume et d’une forme de respect, le lecteur ne peut que compatir en silence sachant que dans les années cinquante les conditions sociales, les mœurs, l’éducation étaient autre. La mort d’un enfant est sans doute l’épreuve la plus douloureuse qui soit pour des parents, l’auteur a su respecter le choix de ses parents de ne rien dire mais à quel prix ?
"Les enfants vivent mieux qu'on pense avec les secrets, avec ce qu'ils croient qu'il ne faut pas dire."

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