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L’histoire de la guerre d’Algérie est-elle à refaire ?

Publié le 19 octobre 2011 par Amroune Layachi

La guerre d'Algérie, les « évènements » comme on disait à l'époque, la « guerre d'indépendance algérienne », est encore une blessure profonde de l'histoire française. Près de cinquante après les Accords d'Évian, son histoire n'est pas réellement faite. Ou si, on évoque surtout le point de vue algérien, ou plutôt le point de vue du FLN, en occultant les évènements qui posent encore question.

image prise ici

L’histoire de la guerre d’Algérie est-elle à refaire ?
Dans le meilleur des cas, on les évacue du revers de la main en faisant de ceux qui rêvaient d'une Algérie qui serait resté française, dans des départements français à part entière d'Outre-méditerranée, composés de citoyens comme les autres de culture musulmane ayant les mêmes droits et les mêmes devoirs citoyens que les autres.

Se poser des questions sur ces évènements, ce n'est pas nier l'horreur absolue qui a suivi la manifestation à Charonne, commémorée en ce moment, ce n'est pas être forcément révisionniste ou fascisant comme il est d'usage de le souligner dés que ces problèmes sont abordés.

On oublie aussi que cette guerre a surtout permis à histoire/pays/evenement/36737/1/a/49611/de_gaulle_a_alger_je_vous_ai_compris.shtml">un vieux général de retour issu d'une famille bourgeoise et d'Action Française de Lille de prendre le pouvoir en France en promettant sur la question algérienne beaucoup de choses qu'il n'a pas tenu.

C'est simplement demander qu'il y ait un point de vue global sur la question, où l'on aborde tout les sujets et non seulement ceux qui arrangent.

Par exemple, il est quasiment impossible d'évoquer la fusillade de la rue d'Isly qui eut lieu le 26 mars 1962. Et pourtant c'est un massacre inqualifiable.

Dans le quartier de Bab El Oued, suite au meurtre de six appelés du contingent par des militants OAS, des civils sympathisants de « l'Algérie Française » ont spontanément manifesté devant la grande poste et ont été mitraillé par l'armée. Parmi eux, il n'y avait pas de nostalgiques de quelconques « ordres noirs », ou donc sympathisant OAS, ni des colons « richissimes et exploiteurs » (les plus riches étaient parti depuis longtemps, au premier signe de grabuge) comme les « pieds noirs » sont souvent montrés, mais des petites gens qui vivaient en bonne intelligence avec leurs voisins musulmans ou juifs.

Il a été très peu question dans les médias et les textes des « belles consciences » de la journée nationale d'hommage aux « harkis » et aux supplétifs de l'armée française. La question des harkis est une question qui visiblement est taboue. Certains vont dans le meilleur des cas à regretter du bout des lèvres le massacre qu'ils ont subi après les accords d'Évian, tout en soulignant que les « harkis » avaient choisi leur camp, la France, et que donc, ils méritaient plus ou moins ce qui leur est arrivé.

chez.com/MASSACRE.HTML">A ce lien, on trouvera un développement sur les massacres qu'ils ont subi et le sort qui a attendu ceux qui ont cru trouver refuge en France. 150000, au minimum, on parle plutôt de 230000, ont été massacrés en Algérie après le cessez-le-feu de mars 1962, d'ailleurs le plus souvent par des militants FLN de « la vingt-cinquième heure », des « marsistes », qui ont éventré, brûlé, torturé, éviscéré, énucléé, et j'en passe, tous les anciens supplétifs de l'armée française, ceux qui avaient manifesté leur sympathie pour la France.

Les tombes ont été profanées, à commencer par le cimetière chrétien d'Alger, et plusieurs victimes de ces boucheries étaient exposés sur les quais pour que les français qui s'en allaient, militaires ou « pieds noirs » voient le sort de ceux qui avaient cru en eux.

Les 13500 « harkis » qui ont pu trouver refuge en France étaient parqués dans des camps de la Croix Rouge sans eau courante ni électricité, ou bien sûr de « tout à l'égout ». Il leur était interdit de sortir de l'enceinte des camps, ou de se réunir, ou de montrer leur opposition à la politique française. La plupart de ces campements de fortune ont duré dans le même état insalubre jusqu'en 1996.

On évoque encore plus rarement les vexations diverses, et massacres, dont sont victimes les kabyles depuis la décolonisation et « l'arabisation » de l'Algérie depuis les années 80.

Pour la population algérienne dans sa grande majorité et pour les dirigeants d'Algérie, les kabyles ne sont pas chez eux en Algérie, comme l'a dit le président de la Cour d'Appel d'Oran il y a peu (voir à ce lien). Pendant le « printemps noir » en avril 2001, début de soulèvement ayant eu lieu à cause du meurtre d'un jeune kabyle, des milliers de révoltés du même âge sont blessés, mutilés, emprisonnés, 123 sont abattus par la police algérienne.

Je n'ai pourtant pas souvenir de manifestations en faveur des kabyles, de grand appel ou quelque indignation que ce soit en leur faveur.

En plus de la minorité kabyle, la minorité chrétienne d'Algérie subit de nombreuses vexations, témoignages divers à ce lien, qui deviennent préoccupants. Par ici, des musulmans affirment leur solidarité avec ces chrétiens. Depuis quelques années, la discrimination à leur égard s'intensifie : procès divers, pour blasphèmes, persécutions violentes ou larvées etc...

Ils sont considérés comme étant à la solde de l'Occident, dissimulateurs, profiteurs, apostats et mauvais algériens.

En Occident, peu s'en émeuve là encore parmi les beaux esprits.

Ci-dessous après la fusillade rue d'Isly, image prise ici

Rue-d-Isly-1.jpg
Un film qui devait être diffusé sur « Arte » et « Public-Sénat », « la Valise ou le Cercueil », a été purement et simplement censuré car ne présentant soit-disant pas un point de vue historiquement valable. Ce documentaire qui parle de toute l'histoire de la décolonisation et de la colonisation serait par trop subjectif, ce que ne sont pas bien sûr les autres films présentés sur ces deux chaînes. Comprendre par subjectif qu'il parle aussi de tout ce qui est généralement camouflé, caché, occulté.

On se rend donc bien compte que l'histoire de la guerre d'Algérie est à revoir sérieusement, en dehors de toute autre considération, idéologique ou partisane. Il faut d'ailleurs relativiser une chose, c'est surtout les français qui avaient quelque formation politique qui se sont passionnés pour la guerre d'Algérie, la majorité étant, et étant restée, indifférente au fond.

ci-dessous des témoins de la fusillade de la rue d'Isly évoquent cet évènement


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