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Le cœur cousu de Carole MARTINEZ

Par Lecturissime

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♥ ♥ ♥ ♥

Un conte merveilleux dans tous les sens du terme…

L’auteur :

Ancienne comédienne, Carole Martinez se recycle dans l'enseignement et devient professeur de français dans un collège d'Issy-les-Moulineaux. Elle profite d'un congé parental en 2005 pour se lancer dans l'écriture. Elle désire écrire 'quelque chose qui soit entre le conte et le roman.' Puisant dans les légendes de sa tradition familiale espagnole, elle brode 'Le coeur cousu' à partir des histoires que sa grand-mère lui racontait. Ce premier roman est un succès et Carole Martinez reçoit le prix Renaudot des lycéens en 2007, le prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2007 (jury de jeunes lecteurs), Prix Ulysse de la première oeuvre 2007. Au début de l'année 2011, elle publie un roman policier pour la jeunesse, 'L' Oeil du témoin', après un premier essai publié à la fin des années 90, 'Le Cri du livre'. Lors de la rentrée littéraire en septembre de la même année, 'Le domaine des murmures' vient combler l'attente de ses lecteurs adultes.

L’histoire :

Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse... Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs, elle est condamnée à l'errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d'enfants, eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels. (Quatrième de couverture)

Ce que j’ai aimé :

-Le monde de Frasquita est empreint de magie et ce merveilleux auréole sa vie d’un halo presque divin. Son don de couturière la lie irrémédiablement avec le monde et quoi qu’il arrive, elle continue d’avancer sur un chemin chaotique, illuminée par ses enfants aux dons tout aussi singuliers. Carole Martinez a réussi à créer un univers inimitable :

« Le fil. La broderie. Des enfants comme des perles taillées dans sa chair, des sourires brodés et tant de couleurs sur les tissus pour exprimer sa joie ou sa douleur. Toutes ces couleurs ! Alors pourquoi le blanc la fascinait-il tant ? 

Elle devait comprendre et, pour comprendre, broder de nouveau, se remettre à l’ouvrage… Recoudre les bords du monde, empêcher qu’il ne s’effilochât, qu’il ne se défît. (p. 135)

- Cette auteur a un talent indéniable de conteuse, le lecteur ne peut que l’écouter, envoûté par ces récits venus d’un autre temps, du temps où l’on croyait encore aux fables et aux légendes et où le monde n’était pas aussi désespérément rationnel :

« A l’heure où le soleil occupe le centre du ciel dardant le monde de rayons verticaux, à cette heure sans ombre, l’homme à l’oliveraie traversait l’espace des hommes dans une solitude que ne venait dissiper aucun double. Il avait égaré son ombre sans que personne ne s’en aperçût et elle errait seule, comptant les oliviers depuis ce triste soir où l’enfant était rentré sans réponse.

Seuls les damnés errent ainsi sans compagnie de par le monde, seuls les damnés connaissent cette solitude.

Un de ces après-midi, au plus fort de l’été, alors qu’il marchait la bride de son cheval à la main dans les rues étroites inondées de soleil, à cette heure où les choses les plus profondes donnent prise à la lumière, une grille en fer forgé arrêta son habit. » (p. 145)

-Un premier roman envoûtant...

Ce que j’ai moins aimé :

-Rien

Premières phrases :

« Mon nom est Soledad.

Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d’enlacer et de grandes mains inutiles.

Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu’il m’est passé dans le sang.

Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir.

Nue sous le soleil peut-être verrait-on par transparence l’écoulement sableux qui me traverse.

LA TRAVERSEE 

Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. »

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D’autres avis :

Papillon , Liliba,  Leiloona, Antigone ,  Hélène,  Kathel, Sylire,  Jostein, Clara, Théoma 

Le cœur cousu, Carole Martinez, Gallimard, février 2007, 430 p., 23 euros

POCHE : Le cœur cousu, Carole Martinez, Folio, mars 2009, 442 p., 8.40 euros


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