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Empêché de voter

Publié le 21 octobre 2011 par Alteroueb

A peine remisées, les urnes sont revenues sur le devant de la scène pour trois millions de fonctionnaires, invités hier à y déposer un paquet d’enveloppes de toutes les couleurs. Les agents de la fonction publique d’Etat et hospitalière ont désigné leurs représentants dans des instances qui s’apparentent peu ou prou aux comités d’entreprise du secteur privé, au niveau local, directionnel central et ministériel.

Tel quel, cela paraît somme toute assez simple comme opération, mais en fait, c’est terriblement compliqué. C’est normal, c’est l’administration. Mais quand on ajoute une nouvelle variable, comme une fusion/acquisition, telle celle du Trésor Public avec les services fiscaux, l’administration où j’use mes fonds de culotte, on entre dans une dimension insoupçonnée, matérialisée par un déferlement de nouvelles réglementations proprement ahurissantes. De la taille des bulletins, la couleur des enveloppes, la hauteur et l’espacement des affichages officiels, les modalités de vote, rien n’a été laissé au hasard. Et là, je ne parle que des élections. Je vous laisse imaginer le reste…

A pas voté !
Parmi ces dernières mesures, il y a la nécessité de produire systématiquement une pièce d’identité avant de lâcher son bulletin dans l’urne. La mesure est incontestablement juste : être identifié dans ce contexte est tout à fait normal. Ce qui l’est moins, c’est le coté systématique et absolu de la chose : pas d’ «ausweis», pas de vote.

Ayant refusé de produire un document m’identifiant formellement, j’ai donc été empêché de déposer mes enveloppes, alors que le taulier du bureau de vote est un collègue avec qui je travaille depuis plus 10 ans…Cette dérive, puisque c’en est une, de devoir exhiber sans cesse ses papiers à la maréchaussée, au détour d’une rue, à l’entrée du métro, sur injonction fort peu courtoise la plupart du temps, et qu’il n’est guère conseillé de demander une quelconque justification sans risque de rajouter un «outrage à agent dépositaire de la force publique dans l’exercice de ses fonctions», il faudrait s’y plier même au boulot ? On va où, là ?

Le plus aberrant, dans l’histoire, est que j’étais chargé par le syndicat pour qui je roule, le SNUI-SUD, de vérifier le bon déroulement du scrutin, et de signer les différents procès-verbaux d’ouverture des urnes et de comptage avant transmission pour dépouillement. Pour ces opérations, j’étais donc parfaitement identifié, sans avoir produit aucune pièce venant prouver mon identité. Mais pas pour exprimer ma voix… J’ai donc bien été arbitrairement empêché puisque identifié sans doute possible.

Dans la maison, je suis connu comme le loup blanc, comme un pilier, de bar, de mêlée, au choix. Dans la maison, et au delà même, j’ai mon statut d’alsacien râleur, d’empêcheur de tourner en rond. Tous connaissent mes coups de gueule, qui trouvent leur unique raison d’être dans le simple bon sens face à la machine un peu inhumaine qu’est l’administration. Il n’est cependant pas question pour moi de me soustraire aux obligations légales, ou de chercher à m’en affranchir, mais en l’occurrence, une appréciation pointilleuse d’un texte m’a privé de mon droit de vote, et privé mon syndicat d’une voix. Et je persiste à dire que cela n’est pas juste.

Cela ne changera rien au résultat final dont je me fiche un peu. Ces élections professionnelles restent un événement inutile, «un non-événement» comme pas mal d’autres, puisque le dialogue social en soi, dans l’administration, cela n’existe pas. C’est une coquille vide, un concept fumeux, un leurre absolu, permettant de donner à quelques vieilles institutions syndicales qui ne représentent qu’elles-mêmes, l’impression d’exister avec une illusion de pouvoir. J’ai siégé un temps dans ces instances paritaires, et suffisamment longtemps pour comprendre qu’on ne pèse guère sur grand chose sans une base solide et une action de tous les jours. Cela veut essentiellement dire qu’il ne suffit pas de se déplacer au burau vote, il faut s’investir durablement et s’exprimer à chaque instant. Ce que, à mon niveau, je m’applique à faire. Sans cela, point de salut, on nous mangera la laine directement sur le dos…

Prochain rendez-vous aux urnes : le 22 avril 2012. Mais avant, il y a encore du boulot.


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