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France – Nouvelle Zélande : Etouffant et amer.

Publié le 23 octobre 2011 par Lben

Chronique du dimanche 23 octobre 2011.

Les joueurs français ont réussi leur finale mais perd n’ont pu surprendre une équipe Néo-Zélandaise qui, sur l’ensemble de la compétion, mérite son titre. Dur au vu de la finale mais logique sur l’ensemble de la Coupe du Monde. Analyse…

Les Français physiquement au-dessus :

L’équipe de France a réussi à battre physiquement son adversaire, ce qui est un sacré exploit en soi. Le rideau défensif Français a formidablement fonctionné. Que ce soit Nonu, Dagg ou Jane, les armes offensives adverses sont restées inoffensives face au mur dressé face à eux. Un mur capable de ne laisser aucun interstice dans sa montée défensive, mais aussi de glisser parfaitement pour aller couper les extérieurs dès que le ballon partait sur les ailes. De la belle ouvrage et ce d’autant plus que sur les points de contact, les joueurs français ont été capables de faire au moins jeu égal avec leurs adversaires, voire de les dominer en les obligeant à reculer sur leurs phases d’attaque. Les Français n’ont concédé que 2 pénalités ( en dehors de celles des dernières minutes ) face à une équipe pourtant très forte dans sa capacité à imposer sa puissance collective sur les points de rencontre. C’est la force de cette équipe depuis le Grand Chelem 2010 et elle a su totalement l’exprimer lors de cette finale.

La 3ème ligne française a été royale dans sa capacité à prendre le dessus sur un adversaire qui est pourtant une référence mondiale. Thierry Dusautoir bat Richie McCaw par 21 plaquages à 14, sans parler de l’essai qu’il a marqué. Richard Kaino n’est quasiment jamais intervenu pour imposer sa puissance à la défense française et Imanol Harinordoquy s’est baladé dans les airs, une petite dizaine de prises de balle en touche, plusieurs récupérations de jeu au pied haut, soulageant ses ailiers, et des interventions tranchantes dans le jeu. S’il y a un point où la France a largement dominé son adversaire, c’est bien à ce niveau, seul Kieran Read a fait illusion pendant une partie du match, avant de s’éteindre progressivement face à de tels adversaires. Marc Lièvremont a, pendant la préparation estivale essayé d’amener de la puissance avec un 8 comme Picamoles ou Lakafia, mais, sur ce match, on se rend compte que cette 3ème ligne est, finalement, suffisamment puissante par elle-même dans la répartition des tâches entre les 3 super-joueurs que sont Thierry Dusautoir, Julien Bonnaire et Imanol Harinordoquy.

Depuis la période Bernard Laporte, une équipe de France possédant un alignement en touche performant a toujours posé de gros problèmes à ces adversaires. C’est à mettre au crédit du prédécesseur de Marc Lièvremont, et cela s’est encore révélé vrai sur cette Coupe du Monde même si,  sur ce match, il a, peut-être, manqué quelques ballons volés, en plus, sans parler des 2 ballons perdus sur notre lancer, pour que l’on puisse évoquer une totale domination française. Le résultat final s’est joué sur tellement peu de choses qu’une balle de volée en plus et, peut-être, y aurait-il eu, dans la continuité de l’action, une pénalité permettant de passer devant au score. En même temps, c’est grâce à la touche que l’équipe de France a réussi à accéder en finale, alors…

Les trois-quarts français ont exprimé, dès les premières minutes, une volonté de jeu surprenante, et qui paraissait même suicidaire, mais qui a permis de faire douter des All Blacks qui, notamment en début de match courraient après le ballon. C’est vrai que s’il y avait bien un domaine que l’équipe de France ne maîtrise pas, même après 4 mois de vie commune, c’est l’animation offensive. Pourtant, les trois-quarts français n’ont pas eu peur de se faire des passes dans les 1ères minutes du match, défiant leurs adversaires balles en main. C’était très risqué car le moindre ballon tombé pouvait coûter très cher face à de tels adversaires. Mais, il n’y a pas eu de ballons tombé, au contraire, cette belle détermination s’est révélée un génial coup de bluff qui avait la volonté d’instiller le doute dans la tête des All Blacks. Cela a très bien marché, notamment en début de rencontre, où les Blacks ont couru après le ballon, se retrouvant en position défensive pendant les 10 premières minutes, ce qui leur a certainement fait perdre en sérénité.

1 point comme un gouffre de différence :

Qu’est ce qu’il a manqué, alors, à l’équipe de France pour remporter la Coupe du Monde ? Quasiment rien sur ce match, mais tellement de choses sur les 4 dernières années. Sur cette rencontre, il manquait juste une pénalité bien placé pour que la France passe devant. Pas obligatoirement celle tapée par François Trinh-Duc, qui n’est pas buteur en club, car elle était suffisamment lointaine pour être difficile. Celle ratée, à la 41ème, par Dimitri Yachvili, plus certainement, car le demi Biarrot a l’habitude de réussir ce type de coup de pied.

Mais, en même temps, comment espérer battre une équipe qui travaille d’arrache pied, depuis 4 ans, avec une structure d’équipe stable et un fond de jeu bien établi, là où la France n’avait pas d’équipe type au moment d’attaquer les quarts de finale et une incapacité chronique à prendre le jeu à son compte, malgré les déclarations volontaristes de Marc Lièvremont à ce niveau ? Actuellement si l’équipe de France rencontre la Nouvelle-Zélande 10 fois de suite, elle est sûre de perdre 9 fois. Il reste la 10ème. Comme en 1999 et en 2007, le cadre de la Coupe du Monde était propice à un exploit Français sauf que, cette fois, même l’énorme performance physique des joueurs tricolores n’y a pas suffi. Alors on fait quoi ? On se contente d’un parcours à la fois chanceux, la France aurait dû être éliminé si le Tonga avait battu le Canada, et valeureux, les performances individuelles des Bonnaire, Dusautoir, Nallet, Papé, Harinordoquy, Parra et compagnie, et on se dit que la prochaine fois, c’est sûr, sera la bonne ? Du style « Y’a qu’à, faut qu’on » ??? C’est certainement ce qui va se passer dans les prochaines semaines où, plutôt que de se dire que l’on est la seule nation majeure du rugby à ne jamais avoir été championne du monde, et bien on continuera à faire un nombrilisme bien franco-français. Rien ne changera dans l’organisation du rugby d’élite et la France continuera à être la nation majeure qui s’entraîne le moins.

Quand je vois que les All Blacks peuvent travailler des combinaisons spécifiquement pour un match, comme la combinaison en touche qui amène l’essai de Woodcock, justement parce qu’ils ont une équipe type et une structure de fonctionnement bien établie là, où, nous, nous devons nous contenter de répéter les gammes juste pour que les joueurs se rappellent qui sont leurs partenaires avant chaque nouveau match, je me dis que l’on est bien loin du compte. Quand je vois que c’est Trinh-Duc qui tape une pénalité de plus de 40m, lui qui n’est même pas buteur en club, alors que se trouve sur le terrain Damien Traille dont la puissance de feu est déjà une garantie d’atteindre les poteaux, je me dis qu’il y a un problème. Est-ce que les joueurs se rappelaient que Damien Traille était remplaçant sur ce match et, de ce fait, sur le terrain ? Pas sûr vu qu’il ne l’était pas lors des précédentes rencontres. Et ce n’est pas le Biarrot qui allait se manifester, trop content d’être là, sur le terrain, après d’avoir été exclu de bien triste manière face aux mêmes adversaires. L’équipe de France reste un grand foutoir qui à l’habitude de faire un pas en avant, deux pas en arrière. Et ce n’est ni le départ de Marc Lièvremont, ni l’arrivée de Philippe St André qui vont changer grand chose. La Fédération Française de rugby est loin de véhiculer l’image d’excellence et de performance que son standing devrait garantir. Là où un nouveau joueur All Black  pénètre dans un sanctuaire dédié à l’excellence, où l’objectif minimal est de ne jamais perdre, en France, il pénètre dans une auberge espagnole où le but est de ne jamais être ridicule plus d’une semaine. Tant qu’il y a un exploit pour effacer les ratés qui précèdent, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Après l’Argentine en ouverture de la Coupe du Monde 2007, il y eut la Nouvelle Zélande battue à Cardiff pour sauver les apparences. Cette fois, après le Tonga en match de poule, il y a eu la victoire contre l’Angleterre et la formidable résistance face à la Nouvelle-Zélande en finale. Je n’ai pas de mal à imaginer les discours d’autosatisfaction des dirigeants français, Pierre Camou en tête : fierté de ce qu’ont accompli les joueurs, confiance dans un stafff qui n’a jamais démérité, bonheur d’un rugby français presque sur le toit du monde. Le problème, c’est que le sport de haut niveau à horreur du presque.

On est vice-champion du monde. Mais sait-on que ce terme n’existe qu’en Français et que nous l’avons créé juste pour mieux cacher nos échecs ? Qu’il n’y a que nous pour inventer une telle absurdité. En haut niveau, on est champion ou on n’est pas. Les joueurs français peuvent être fier de ce qu’ils ont accompli. Ils ramènent des souvenirs pour une vie et un niveau de performance personnel qu’ils ont su exceptionnellement élevé mais ils ne sont malheureusement pas champion. Le rôle de la Fédération et de son président, c’est de donner les moyens à l’équipe de France d’être le plus rapidement possible championne du monde. Pas de se contenter d’inventer des titres qui n’existent que pour cacher nos échecs…

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