Le Grand Marché d’art Contemporain à Bastille

Il paraît presque impensable d’écrire une Histoire de l’Art en y omettant les galeristes et les marchands d’art. De la figure d’Ambroise Vollard – la célèbre marchande de Gauguin, Matisse, Cézanne Picasso – immense auteur de ses délicieuses mémoires, livre inoubliable qui constitue l’un des documents clés du monde de la bohème artistique parisienne à la Belle Époque, jusqu’au mythique Leo Castelli, la trajectoire de l’art du XXe siècle a été définitivement marquée par le rôle des intermédiaires qui se présentent alternativement, et parfois simultanément, soit comme d’authentiques pirates sans scrupules déterminant la valeur des œuvres d’art selon des critères exclusivement commerciaux, soit comme des visionnaires capables de tout miser, leur fortune et leur réputation, pour défendre avec passion une série de créateurs qui, sans eux, auraient été incapables de remporter la considération des musées et des critiques d’art.

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Néanmoins, quel qu’il soit au XXIe siècle, ce rôle est aussi incertain que le type de société qui adviendra, ou les sources d’énergie disponibles dans dix, vingt ou trente ans. Les dangers qui menacent notre style de vie, accompagnés par la prophétie maya en toile de fond, sont d’une grandeur si extraordinaire qu’il paraît difficile d’affirmer que nos us et coutumes ne souffriront aucune transformation radicale, voire inimaginable, alors que cela a été prédit sous les formes les plus diverses, en littérature ou au cinéma, au travers d’œuvres comme Le Code 46 ou Mad Max.

Quoi qu’il en soit, le Grand Marché d’Art Contemporain, qui fête sa 37^e édition sur la place de la Bastille de Paris du 28 octobre au 1^er novembre http://www.joel-garcia-organisation.fr/pdf/evenements/198-0-bastille-2011-10-28-presse.pdf, se démarque justement par l’absence de tout type d’intermédiaire, préfigurant ainsi un possible retour vers certaines formes du passé.

Il s’agit d’un événement qui a toujours voulu stimuler l’instinct de collectionneur chez tous ceux qui n’ont encore pas fait l’acquisition d’œuvres d’art. Poursuivant cet objectif, seront invités plus de 500 artistes appartenant à différentes disciplines (peinture, photographie, sculptures) afin qu’ils défendent eux-mêmes leurs œuvres – exposées sur le pavé de la rue ainsi qu’à l’intérieur d’un salon dûment habilité – affirmant ainsi la conviction qu’il n’existe personne de mieux qualifié que l’artiste lui-même pour convaincre l’acheteur potentiel du génie de son œuvre.

De cette façon, le marché prétend ainsi créer un climat convivial de proximité entre les artistes, une ambiance qui refoule la conception de ces derniers comme divas isolées du monde et sans contact avec leurs admirateurs. Puisqu’il s’agit d’artiste encore peu reconnus et qu’il ait fait omission de la figure de l’intermédiaire, les visiteurs du marché profitent d’une grande variété d’œuvres qu’ils peuvent acquérir à des prix raisonnables, ce qui explique en bonne partie le succès que remporte cette foire ces dernières années.

Paul Oilzum