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Dragon Head

Par Lonesloane

De Minerato Mochizuki. 5 tomes parus chez « Pika Graphic » – en cours.

Dragon Head
Je ne sais pas, ce doit être une sorte de « phase » pour moi, une étape de lecteur ou quelque chose de ce genre, mais depuis quelques temps je découvre avec délectation tout un univers, celui du manga. Et je dois bien l’avouer, je suis un peu honteux d’avoir si longtemps « snobé » ce genre de littérature englué que j’étais dans de trop nombreux aprioris. Mais bon, comme on le dit fort justement, « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis… » Alors bien évidemment je reste une sorte de novice en la matière, et j’ai encore beaucoup de mal avec les différentes mouvances, écoles et autres styles inhérents à ce genre d’une manière générale.

Dragon Head, c’est un peu ma « bonne surprise » de l’année 2011, mon coup de cœur en matière de scénario. Addictif à souhait avec une ambiance apocalyptique des mieux sentie, un trait nerveux, un foisonnement de détails plus que jouissif, le tout savamment immergé dans une terreur psychologique qui vous prendra à coup sûr aux tripes de façon exquise… Bref, c’est du lourd, du très lourd même.

Un groupe d’adolescents rentre d’un voyage scolaire à bord du « Shinkansen » (l’équivalent japonnais de notre TGV national), tout semble se passer à merveille, on est heureux, on chahute, on rêve d’avenir aussi, et puis soudain, alors que le train passe dans un tunnel, c’est le blackout total. Un bruit assourdissant, de la tôle froissée, des cris, du sang, des explosions… le train a déraillé, et c’est un carnage, on découvre avec effroi un amoncellement de cadavres entremêlés dans un chaos indescriptible. Le choc a été d’une telle violence qu’il n’aura laissé que bien peu de chances de découvrir d’éventuels survivants, et pourtant, trois adolescents vont sortir des décombres. Téru, le premier à reprendre ses esprits, va tout d’abord découvrir Ako, une camarade de classe, encore inconsciente mais bel et bien vivante. Quelques heures plus tard, Nabuo rejoindra le duo de miraculés. Dans cet enfer sans nom, les trois adolescents vont devoir s’organiser et tenter de survivre en attendant d’hypothétiques secours. Rassembler des vivres, trouver des trousses de secours pour pouvoir soigner les nombreuses ecchymoses qui couvrent le corps des jeunes gens… et puis survivre, coute que coute… Mais ce n’est pas simple de garder son sang froid lorsqu’on est confronté à une telle situation, Nabuo en perdra la raison, et se laissera rapidement emporter par la peur et la souffrance vers un univers de folie paranoïaque où plus grand chose n’a de sens. Téru quant à lui résistera à l’emprise de la folie et usera de tout son courage pour sauver la fragile Ako.

Dragon Head
Mais rapidement, nos jeunes héros comprendront qu’ils n’ont pas grand chose à attendre d’éventuels secours, toutes les issues sont bouchées, la chaleur ne fait qu’augmenter dans le tunnel et les vivres diminuent dangereusement…C’est au prix d’efforts insensés qu’ils parviendront à trouver une issue qui leur permettra de regagner avec un semblant de joie la surface. Une touche d’espoir qui partira cependant rapidement en fumée lorsqu’ils découvriront que le monde tel qu’ils le connaissaient n’est plus. Tout est détruit, dévasté, déchiqueté… Il n’y a plus rien, la vie semble ne plus exister. Mais les hommes sont ainsi fait qu’ils s’accrochent toujours à la moindre lueur d’espoir, et lorsque au travers d’un immense nuage de cendre ils discernent des silhouettes humaines, c’est une course effrénée vers la vie qu’ils décideront d’engager. Après tout, si il y a des survivants, il doit bien exister des endroits au Japon où l’homme n’a pas été totalement éradiqué ?

Dragon Head
Mais l’être humain, surtout lorsqu’il est repoussé dans ses derniers retranchements, est capable du pire… Pillage, viol, meurtre ou même cannibalisme ne sont pas rare dans cet univers dévasté et toute notion d’humanité s’étiole invariablement. C’est alors une quette bien sombre qui va s’engager pour nos jeunes héros, où l’espoir n’a que peu de place… Et c’est malheureusement en passant par la désillusion, la peur et le désespoir qu’ils parviendront à avancer tant bien que mal dans un monde de haine et de colère où la nature n’a sans doute plus sa place.

Comme je le disais en début d’article, je suis vraiment novice en matière de mangas, je les prends comme ils viennent, au hasard de mes pérégrinations, de mes découvertes, des conseils de mon libraire… Mais je pense qu’on peut le dire sans trop se tromper cette œuvre de Minerato Mochizuki est une pure merveille, mais aussi un ovni dans le petit monde du manga. Peu importe dans quelle case on mettra Dragon Head (« thriller claustrophobique », « seinen flirtant avec l’épouvante », « fresque post-apocalyptique »…), c’est une dose d’adrénaline pure que vous allez ingurgiter à la lecture de cette petite perle : une tension qui suinte à chaque page, des personnages attachants poussés en permanence dans leurs derniers retranchements, un univers malsain qui dévoile sans complaisance la part d’ombre qui se cache en chacun de nous, et surtout cette peur lancinante qui vous collera aux doigts à chaque fois que vous tournerez une page… A n’en pas douter Dragon Head saura attiser la curiosité même des plus sceptiques d’entre vous.

Dragon Head
Cinq tomes (sur les dix que comporte la série) sont déjà parus en France (grand format), le volume 6 sortira quant à lui dans toutes les bonnes librairies le 16 Novembre prochain.


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