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Denis Lavagne, première liste, premier satisfecit

Publié le 31 octobre 2011 par Atango

En rendant publique sa première liste de joueurs en tant que sélectionneur national, Denis Lavagne est parvenu à faire une (relative) unanimité qui ne présage que de bonnes choses.

Même Roger Milla n'a rien trouvé à y redire, ce qui en soit vaut consécration ! La liste des joueurs convoqués pour le regroupement du 07 novembre 2011 (tournoi de Marrakech à partir du 11, suivi d'Algérie-Cameroun le 15) est exemplaire, car elle réussit à démontrer à la fois une nécessaire sobriété et une réelle ambition.

Les cadres

Lavagne a eu la sagesse de ne pas jouer les révolutionnaires. Il partira donc, peu ou prou, avec la même base que Clemente : Eto'o, Song, Nkoulou, Nguemo, Aboubakar et Choupo-Moting sont, à mon avis, les cadres actuels de l'équipe.

Les joueurs en sursis

Kameni, en froid avec ses dirigeants à Barcelone et relégué au rang de troisième gardien de l'Espanyol, devrait perdre son statut de gardien titulaire au sein de l'équipe nationale. Simple logique. Autant dire que le héros de Sydney 2000 doit se trouver un point de chute, de toute urgence.

Enoh est protégé par son titre de capitaine adjoint. Néanmoins, son apport est anecdotique depuis la Coupe du Monde 2010. Dans son club, l'Ajax d'Amsterdam, il a perdu à la mi-saison 2009-2010 sa place de titulaire. Depuis, il ne joue qu'un match sur trois.

Les "tièdes"

Il existe dans chaque équipe une sorte de "ventre mou", constitué de joueurs qui n'ont ni spécialement brillé, ni irrémédiablement démérité. Ce statut peut se révéler protecteur, mais attention, c'est dans ce groupe que  l'on "taille" en premier lorsqu'il faut dresser la liste des 23. J'y placerais les joueurs suivants :

Ndy Assembe : le natif de Yaoundé a tenu son rôle à chacune de ses titularisations. Il lui reste à prouver qu'il peut valablement figurer sur une liste prestigieuse, composée de rien moins que Nkono, Bell, Songo'o, Boukar, Kameni... Allez, on y croit !

Angbwa : le désormais coéquipier de Samuel Eto'o est revenu dans l'équipe nationale en quelque sorte par défaut, profitant de l'incroyable carence en arrières droits qui a longtemps profité à Njitap. Mais que Benoît Angbwa se rassure, il aura désormais de la concurrence à son poste : Allan Nyom est chargé de cette mission.

Chedjou : Impérial à Lille, inconstant avec les Lions Indomptables. Il faut dire que l'une des deux équipes le fait jouer contre-nature. la problème, c'est qu'on ne sait pas laquelle. En d'autres termes, Chedjou est-il un vrai défenseur central, ou un authentique milieu offensif ? Les entraîneurs occidentaux ayant tendance à convertir nos joueurs en défenseurs (selon le théorème de Laurent Blanc, joueur "black" = joueur costaud), on peut leur en vouloir d'avoir déséquilibré notre sélection, avec une pléthore de défenseurs centraux. Chedjou risque d'en faire les frais.

Mandjeck, Moukandjo, Bedimo, Bong, Noukeu et Somen sont dans le même groupe des "tièdes". Denis Lavagne voudra, à terme, laisser sa marque, et c'est dans ce groupe que se feront les "ajustements". Mais on peut parier qu'il donnera leur chance à ces joueurs : à eux de la saisir, sous peine de disparaître de l'équipe nationale.

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L'avenir

Les cadres de demain sont déjà là. Amenés par Paul Le Guen et par Javier Clemente (Adongcho), ces joueurs ont immédiatement marqué les esprits. Denis Lavagne a eu l'intelligence de réunir ensemble les géniales trouvailles de ses prédécesseurs. Pour mieux trier ensuite ?

Joël Matip : Personne n'a compris pourquoi Clemente avait une si piètre opinion de ce jeune joueur, au point de l'avoir relégué aux oubliettes. Le cadet des Matip signe son retour, qu'on espère durable. Seul bémol : Ralf Rangnick nous l'a récemment repositionné comme défenseur central. Encore un entraîneur qui a trop fréquenté Laurent Blanc !

Adongcho Mbuta : Rigobert Song, qui évolue actuellement au KF Drenica du Kosovo, a quelque chose de plus que Mathew Adongcho : un club ! Mais l'ex joueur du Crystal Palace Baltimore n'entrera pas dans la liste des susrsis, car malgré son statut de chômeur, ses statistiques le mettent à l'abri. Il a en effet réussi à "fermer la bouche" à tout le monde, y compris moi, en devenant le buteur le plus régulier des Lions Indompables depuis Macédoine-Cameroun du 09 février 2011.

Les retours

Ces joueurs sont d'anciens cadres, récemment sortis du groupe. Denis Lavagne les rappelle, pour les mettre en observation, au même titre que la jeune génération. A eux de prouver qu'ils peuvent récupérer leur ancien statut.

Makoun : "Sergent" est l'un de ces joueurs dont l'irrégularité finit par lasser ses meilleurs avocats. Aujourd'hui le plus brillant des génies, le pire des cancres demain, Makoun a dû s'exiler en Grèce sous les critiques des supporters lyonnais (après un passage sans couleur et sans saveur à Aston Villa). On ne peut qu'être pessimiste pour l'ancien lillois, au vu de la nouvelle dimension prise récemment par Landry Nguemo.

Assou Ekotto : L'ancien lensois est un sacré client à gérer. Sa forte personnalité l'empêche de s'adapter à certains aspects de la "culture" de son pays. Il lui faudra donc apprendre à mettre un peu d'eau dans son vin, avaler des couleuvres et faire contre mauvaise fortune bon coeur. Malgré quelques lacunes notamment en matière de replacement défensif, son niveau de jeu actuel est d'un niveau tel que les Lions Indomptables n'ont pas les moyens de s'en priver.

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Les absents

Peut-on vraiment parler d'absence à propos de Djemba Djemba ? Le retour de l'ancien nantais, bien que mérité, avait été une demi-surprise. En réalité, Djemba apparaît clairement comme un homme du passé, d'autant que ses principaux concurrents ne sont autres que Joël Matip et Alexandre Song. "Cantona" restera aussi dans tous les esprits comme l'un des espoirs avortés du football camerounais, en compagnie de joueurs comme Mezague ou, avant eux, Augustine Simo. Il faudra un jour consacrer un article entier à ce thème.

Stéphane Mbia, blessé, n'est pas appelé. Logique. On pense aussi aux deux Achille : Webo et Emana. Bon, on va se contenter pour l'instant d'y penser, sans plus.

Difficile aussi de pleurer sur le sort d'Abouna Ndzana, à qui Clemente avait conservé sa confiance malgré que ce joueur eût été puni par le coach de l'équipe espoirs pour ses nombreuses frasques.

Par contre, on peut regretter l'absence de Sébastien Bassong. Même si ce joueur a souvent mis à rude épreuve nos nerfs, il est plus régulier cette saison à Tottenham, où il est même devenu le capitaine de l'équipe B, celle qui joue les matches de Coupe. On le reverra sûrement.

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La "DL touch"

L'ancien manager de CotonSports pose délicatement son pinceau sur la polychromie "Lions Indomptables", et voici qui il nous amène.

Léonard Kwekeu : Il en fallait un, et c'est lui. Le pensionnaire du Sparta Prague, passé par des horizons aussi brillants que l'Iran et la Slovaquie, sera la surprise du chef. Mais on se gardera bien de moquer le parcours et le statut de Léo, car la jurisprudence "Adongcho" est passée par là.

Efala Komguep : Durant nos années scolaires, nous les appelions, "les bébés de l'unité nationale". Le troisième gardien convoqué par Denis Lavagne réunit en effet, par ses deux patronymes, le Centre-Sud et l'Ouest, ces deux grandes régions du Cameroun qui se posent en concurrentes permanentes, au point de se croire antagonistes. Rien que pour cet exploit, Efala Komguep mérite sa place, en attendant l'arrivée d'un Wafo Atangana ou d'un Essomba Tientcheu dans les années qui viennent.

Allan Nyom : ce jeune joueur (23 ans, âge garanti TTC car il est né à Neuilly-sur-Seine) a été excellent la saison dernière au poste d'arrière droit à Grenade. Il a été décisif dans l'accession de son équipe en Primera Division espagnole, dont l'actuelle position de lanterne rouge n'enlève rien à ses qualités.

Yaya Banana : 1 m 92, 86 kgs, le joueur de l'Espérance de Tunis vient directement inquiéter les titulaires d'une défense centrale qui culmine actuellement à 1 m 87 (Mbia). Mais mister Banana arrive aussi dans un compartiment de jeu qui est pour le moins saturé, et il devra montrer quelque disposition à la polyvalence s'il souhaite ne pas faire long feu au sein des Lions Indomptables. La banane flambée n'est pas un plat de chez nous.

Jaques Zoua : allez, on va l'avouer, tout le monde a cherché la petite bête dans la liste. Autrement dit, les anciens cotonniers. Car on est au Cameroun, le pays où le népotisme a installé son siège social. Pourtant, même si "Omi" est un ancien de Coton, cette sélection n'est pas sa première : en effet, il avait déjà été appelé par Paul Le Guen en 2010, mais avait dû déclarer forfait pour cause de blessure. Pour pouvoir attraper Denis Lavagne la main dans la marmite du favoritisme, il faudra donc repasser. D'autant que Zoua est un buteur prolifique, qui viendra concurrencer un autre ex cotonnier un peu plus technique mais un peu moins efficace devant les buts : Aboubakar.

Bienvenu Ntsama : même profil que Jacques Zoua, et presque le même CV. Formé à Coton (après un début aux Brasseries pour Ntsama), passé par la Suisse et actuellement en Turquie. Il arrive avec un handicap par rapport aux autres anciens cotonniers qui trustent les avants postes chez les Lions : son parcours a été plus lent, et il n'était jusqu'ici qu'international espoir. Mais son séjour prolongé dans les classes de jeunes peut aussi le servir.

Salli Edgar : le voilà, le bébé Lavagne, l'authentique et l'unique, digne de ce nom. Formé à Coton sous l'égide de l'actuel sélectionneur national, Salli Edgar n'a signé que cette saison à Monaco. Depuis, il a joué 13 matches, 10 en tant que titulaire au milieu de terrain, avec un but à la clé. Statistiques largement positives pour la première saison européenne d'un joueur de 19 ans (HT, mais quand même). Rappelons aussi que Salli a été élu meilleur joueur de la CAN des U20 en 2010.

Les 28 joueurs ainsi convoqués par Denis Lavagne constituent ensemble un groupe bâti sur les fondations laissées par ses prédécesseurs, mais construit pour l'avenir. On peut accorder au technicien français un bon point pour cette partie de son travail.

L'enjeu sera ensuite de composer par petites touches un groupe stable, une équipe type, puis de lui donner les moyens techniques et psychologiques qui nous permettront de retrouver une équipe conquérante dès 2013.

On peut y croire.


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