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De la marchandisation au relationnel, nous passerons de la planète financière à la planète sociale

Publié le 01 novembre 2011 par Corinne Dangas

Avez-vous lu cette tribune d’Anselm Jappe, philosophe, « L’argent est-il devenu obsolète ? » publiée cette semaine sur LeMonde.fr ? Je partage complètement cet angle de vue car la mondialisation, réalisée de faits, fait aujourd’hui toucher nos systèmes à leurs limites « spatiales », ce qui suppose nécessairement, mécaniquement, sous peine de rupture de l’intérieur, de repositionner dans un référentiel plus large le rôle pilote qu’y tenait l’argent.

Dans un marché total, de « fin en soi », l’argent ne peut qu’au pire disparaître, au mieux redevenir simple « moyen », outil facilitateur d’échanges des biens et services produits, au service d’un enjeu supérieur :

  • Enjeu supérieur qui est le bien-être de l’humanité : entendue sous une acception nouvelle car, pour la première fois de son histoire, prise (d’un point de vue très pratique et par delà toutes formes de clivages) dans sa réelle entièreté.
  • Enjeu supérieur qui est l’équité sociale entre chacun des habitants de la planète, jusqu’au 7 milliardième né hier (moi je suis sensiblement le 3.718.947.079 ème terrien, et vous ?
    :-)
    )
  • Et enjeu supérieur, surtout, que nous allons devoir dans les années à venir apprendre à « résoudre », avec ou sans argent, mais différemment de tout ce que nous avons développé jusqu’ici.

Une organisation ne peut pas poursuivre deux buts concourants. La stratégie de l’humanité est son propre équilibre, son évolution, son développement : pas de produire de l’argent.

 L’objectif planétaire à atteindre est une distribution homogène de la valeur globale (et à l’ère numérique elle sera toujours plus produite par des systèmes autonomes et non juste par le travail humain). Mais cette valeur se mesure en bien-être, en accès aux biens et services : nous sommes à l’aube de comprendre que la monnaie n’est qu’un outil de mesure et un moyen, un parmi d’autres peut-être, d’y parvenir.

« Le travail n’est pas une marchandise » était le tout premier postulat de la Déclaration de Philadelphie, adoptée à la libération et que l’histoire a occultée derrière les accords financiers de Bretton Woords, dont elle était d’une certaine façon le pendant social : voyez le symptôme des temps ! (Lisez à ce propos cet article de Mediapart paru hier qui reprend notamment les termes d’un livre de 2010 d’Alain Supiot « L’Esprit de Philadelphie – La justice sociale face au marché total ».)

Les illusions et mirages à transcender pour changer de référentiel, passer du « financier » au « social » et imprégner tous nos modes opératoires de ces valeurs refondatrices, sont ceux qui ont conduit les esprits brillants mais égarés ou bien mal guidés que sont les traders à poursuivre leur sens… jusqu’à perdre le bon sens ! (Vous allez dire que je radote, mais voilà aussi un effet de formations hyper structurées et de très grande hauteur, car elles *sont* délivreuses de sens : mais insuffisamment pourvues en proportion des mêmes fondements environnementaux, individuels, spirituels, créatifs, éthiques…)

Aujourd’hui, les états, la planète entière, vivent au rythme des communiqués des agences de notation. Demain, le défi que nous allons devoir relever est de dessiner des voies et inventer des mécanismes régulateurs capables de réaliser l’équité sociale à travers un monde devenu en quelques décennies si petit.

Nous le ferons avec les technologies de l’information, et avec ou sans l’argent tel que pratiqué aujourd’hui. Mais, quoi qu’il en soit, je crois surtout que nous devrons y éviter l’erreur qui (c’est vrai dans toute organisation) consiste à mener une logique à son extrême absurdité, et finir par confondre le moyen – l’outil, l’instrument de mesure – avec la fin : qu’en pensez-vous ?

De la marchandisation au relationnel, nous passerons de la planète financière à la planète sociale

Dollar Sign in Space par DonkeyHotey, sur Flickr


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