Magazine Politique

Paso Doble n°222 : Barbapapandréou

Publié le 02 novembre 2011 par Toreador

A las cinco de la manana…

Mourir pour Athènes

En l'an 11 de l'Empire des marchés, un petit village résiste toujours et encore à l'envahisseur : la Grèce, berceau de l'antiquité et surtout mère de la Démocratie. Il y a des ironies du sort : notre Europe est née en Grèce (à tous les sens du terme – la vache, comme l'idée) et elle pourrait bien mourir là-bas, d'une indigestion démocratique

Je comprends l'indignation des gouvernants devant la prise d'otages à laquelle se livre le Premier ministre grec. Pour des raisons qui tiennent à sa propre survie politique nationale – Papandréou veut sans doute profiter du référendum pour se laver les mains, comme Pilate, du problème de l'euro en passant la patate chaude à l'opposition – le Premier ministre grec risque de faire exploser la zone euro, et sans doute avec elle tout le système bancaire international. Les pays émergents feront quant à eux un bond en arrière de 20 ans si la manne des marchés se tarit. 

Ces marchés, c'est un peu comme la drogue : on consomme de plus en plus facile de l'argent facile, on vit dans un paradis artificiel et un jour, pam, l'overdose. 

Reste qu'au-delà de cette mauvaise manière, ce qui est évident, c'est le caractère entièrement vicié du système. Nous avons reproduit au plan économique la situation géopolitique qui prédominait en 1914 : des qurelles (monétaires), une grande interdépendance, et des petits conflits qui peuvent mettre le feu aux poudres. De la même manière que l'assassinat de François Ferdinand d'Autriche a fait basculer le monde dans une guerre sans précédent par le jeu des dominos, le petit abcès grec, faute d'avoir été traité correctement, pourrait bien faire griller la mondialisation par un court-circuit général. Méfiez-vous des Balkans !

L'euro ne fait plus le bonheur

L'euro n'est pas viable : une charrue avec 27 conducteurs, et une seule roue (la stabilité), cela s'appelle une brouette. Là encore, je ne peux que jubiler en voyant les mines déconfites des papes de l'orthodoxie monétaire et du raisonnable qui ont voulu oblitérer la réalité au nom d'un printemps qui chanterait. Les ultra-libéraux sont des marxistes qui s'ignorent : ils croient la lutte des classes mais parient sur la victoire du capitaliste, et non du prolétaire.

La construction européenne est en train de périr de la main même de ceux qui voulaient la fortifier définitivement : ces pompiers pyromanes espéraient que l'euro attache définitivement l'Allemagne à la France, et à l'Europe – elle est en train d'en être dégoutée à grande vitesse. Les peuples sont quant à eux en train de comprendre qu'ils sont la variable d'ajustement de la mondialisation. 

Ce qu'il faut faire, c'est permettre aux pays qui le veulent de quitter l'Euro, de faire marcher la planche à billets et, comme pour Lehmans Brothers, de mettre un mouchoir pudique sur les pertes grâce à des jeux d'écriture à "x" milliards. Les constructions rigides comme l'euro ne peuvent pas survivre dans un monde de barbapapa féroces, susceptible de prendre les formes les plus diverses pour s'adapter. C'est que vient de faire Papandréou : il mute pour survivre. Il faut arrêter de croire que l'objectif n°1 d'un gouvernement est la valeur de sa monnaie. Le vrai objectif, c'est le bonheur des peuples. 

Or, il restera que vingt années d'idéologie libérale et de déréglementation anarchique ont laissé en slip les peuples d'Europe en filant aux émergents des doudounes et des flingues.

Une autre analyse sur kiwis : Hashtable 

AthènesEuroGrècelibéralisation effrénéemarchésmondialisationPapandréouréférendum

Sujets: Paso Doble | 1 Comment »


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toreador 41 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines