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Metropolis - Christophe Girard

Par Belzaran

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Titre : Metropolis
Scénariste : Christophe Girard & Fritz Lang
Dessinateur : Christophe Girard
Parution : Mars 2011


Le film « Metropolis », réalisé par Fritz Lang en 1927, a posé les bases de l’imaginaire en science-fiction. Film muet, il a inspiré visuellement de nombreux autres films. Christophe Girard a décidé d’adapter ce film de plus de deux heures en une bande-dessinée d’une cinquantaine de pages. Il nous explique la démarche lors d’une préface où il qu’il est « impossible de tout faire ».

Mais qu’est-ce que « Metropolis » ? C’est une gigantesque mégalopole où vivent au sous-sol les ouvriers, travaillant d’arrache-pied sur des machines monstrueuses pour faire vivre ceux d’en-haut. Freder, fils de Fredersen, grand patron de Metropolis, vit ainsi dans l’insouciance et la luxure dans le club des fils, sorte de jardin d’éden construit par les personnages les plus puissants de la ville pour leurs enfants. Mais voilà qu’apparaît Maria, une jeune femme dans ce club. Vite remise à sa place, elle n’en a pas moins marqué Fredersen qui va chercher à la retrouver et va découvrir la réalité du monde ouvrier.

Lorsque l’on veut adapter une œuvre aussi fondatrice, il est important de se l’approprier un minimum. Or, dès la première page, on comprend que Christophe Girard n’arrivera pas à s’en détacher. La vision de la nouvelle tour de Babel, identique à celle du film, montre que l’auteur restera tout au long de l’ouvrage très proche du film. Mais dans ce cas-là, pourquoi en faire une bande-dessinée ?

Autre choix peut-être peu judicieux, Christophe Girard décide de centrer son scénario sur la relation entre Fredersen et Rorwang, le savant. Or, cette histoire est loin d’être la plus intéressante selon moi dans le film. Car si « Métropolis » vaut avant tout pour son aspect visuel (à l’époque en tout cas !), il possède également un souffle idéologique (voire mystique) intéressant, à défaut d’être très clair… En se basant sur la compétition entre deux hommes (qui aimaient la même femme), Christophe Girard fait selon moi un mauvais choix.

Ne disposant que de cinquante pages, l’auteur accentue l’aspect révolutionnaire et plein de colère de l’œuvre au dépend des émotions. C’est bien dommage. Mais il est vrai que le format est un peu court pour une œuvre aussi dense. Christophe Girard aurait peut-être du éviter les quelques illustrations de pleine page qui confinent d’autant plus la narration.

Graphiquement, le choix est plutôt judicieux. Le noir et blanc pur rappelle l’œuvre originale et donne à cette bande-dessinée un aspect rugueux bienvenu. L’aspect grotesque de certains personnages est bien rendu (notamment Rorwang). Cependant, Maria a un je-ne-sais-quoi de Laurence Parisot qui m’a laissé un brin dubitatif ! J’imagine que c’est complètement innocent, mais la ressemblance m’a frappé et quand on voit la fausse Maria mener les ouvriers à leur perte, je ne peux m’empêcher de me poser la question. Si j’approuve les choix graphiques, je n’ai pas forcément été séduit par le trait en revanche.

Selon moi, cette adaptation est ratée pour de multiples raisons. En restant trop proche graphiquement et narrativement du film original, Christophe Girard s’expose à une comparaison presque scène par scène. Du coup, l’intérêt même de l’ouvrage peut se discuter. Il aurait fallu plus d’originalité et d’interprétation pour donner un sens à ce livre. Pourtant, Girard a su apporter une modernité par moments (je pense notamment à la sexualité, qui n’est qu’évoquée dans le film et beaucoup plus explicite dans la bande-dessinée). Un peu plus d’audace aurait été la bienvenue. Je pense également que le format de 50 pages est clairement trop court et qu’il aurait fallu bien plus pour que Christophe Girard soit plus à l’aise.

par Belzaran

Note : 6/20


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