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« Le silence après la guerre est toujours la guerre » : Alexis Jenni, l’art français de la guerre.

Publié le 03 novembre 2011 par Halleyjc

« Le silence après la guerre est toujours la guerre » : Alexis Jenni, l’art français de la guerre.En écoutant par hasard une interview de Alexis Jenni je ne pensais pas au Prix Goncourt... Mais le fait est bien là… Et bravo ! Je lirai donc ce roman. Mais ce que j’en avais retenu de cette interview c’est cette référence à l’Art de la guerre de SUN TZU

« Le silence après la guerre est toujours la guerre » : Alexis Jenni, l’art français de la guerre.
Ce texte de Sun Tzu, Vème siècle avant JC (A-t-il existé ?) est sans doute un incontournable de la littérature chinoise, riche en enseignements guerriers. Son application est encore d'actualité, puisque Mao s'en est largement inspiré contre Tchang, et que les Japonais ont remporté plusieurs grandes victoires dans le Pacifique grâce à lui.

Voici donc quelques idées à retenir : On est loin du « si vis pacem para bellum »

  • Toute guerre est basée sur la tromperie.
  • Ainsi, quand on est en mesure d’attaquer, on doit sembler dans l’incapacité de la faire.
  • Quand nous utilisons nos forces, nous devons paraître inactifs.
  • Quand nous sommes proches, nous devons faire croire à l’ennemi qu’on est loin.
  • Quand on est loin, nous devons lui faire croire qu’on est prêt.
  • Si l’ennemi prend son aise, ne lui laissez pas de répit.
  • Si ces forces sont unifiées, séparez-les.
  • Sun Tzu a dit : Dans l’art de la guerre pratique, la meilleure chose à faire est de prendre le territoire de l’ennemi entier et intact. Fracasser et détruire n’est pas si bien. De même, il est préférable de capturer une armée entière plutôt que de la détruire, de capturer un régiment un détachement ou une compagnie entière plutôt que de les détruire.
  • Ainsi, combattre et conquérir dans toutes vos batailles n’est pas l’excellence suprême; l’excellence suprême consiste à briser la résistance de l’ennemi sans combattre.
  • Ainsi, la plus grande forme de stratégie est de contrecarrer les plans de l’ennemi; la meilleure action suivante est d’empêcher la jonction des ennemis. La prochaine est d’attaquer l’armée ennemie sur le terrain. Et la pire politique est d’assiéger des citées fortifiées.
  • L’attaque dépend du poids de notre armée par rapport à celle de notre adversaire:- si elle est 5 fois plus nombreuse que celle de l’adversaire, on peut attaquer- si elle l’est 2 fois (ou égale) notre armée doit avoir une attitude de défense- si elle est inférieur on se doit de se replier

Voici les 3 personnages principaux :

  • un souverain, Guang, avide de pouvoir
  • un penseur, Sun Tzu, qui possède réponse à tout
  • un guerrier, Wu Ziu, tiraillé par un désir de vengeance.

Je lis la version française de l’art de la Guerre et je reviens vers vous avec les fantômes du passé... un parachutiste qui dessine... un récit totalement inventé... et comment raconter ces ruines, ces vestiges... alors Alexis Jenni dit tout de notre histoire... et évoque notre rapport délirant et effrayant à l'étranger…

Isabelle du Furet de Lille dit ce compliment :

Un des romans les plus ambitieux de cette rentrée : à travers l'amitié improbable entre un jeune homme désœuvré et désenchanté et un militaire à la retraite, peintre amateur. "L'art français de la guerre" explore sans concession 60 ans de l'histoire militaire française, bien loin de ce qu'on apprend dans les manuels d'histoire ou qu'on absorbe dans les media. Alexis Jenni a une voix qui porte haut, une pensée et des opinions qu'il expose sans fard et il manie sa plume comme une épée, avec une virtuosité redoutable. Vous ne ressortirez pas indemne de ce roman qui dérange, bouscule, interroge et résonne longtemps...

 « L’art français de la guerre » d’Alexis Jenni, Éditions Gallimard, 650 pages, 21 €. Parution le 18 août.

« Le silence après la guerre est toujours la guerre » : Alexis Jenni, l’art français de la guerre.
Alexis Jenni est né en 1963 à Lyon. Agrégé de sciences naturelles, il est enseignant dans un lycée lyonnais. « L’Art français de la guerre » est son premier roman.

Voici la première page de ce pavé de 650 autres :

COMMENTAIRES I

Le départ pour le Golfe des spahis de Valence

Les débuts de 1991 furent marqués par les préparatifs de la guerre du Golfe et les progrès de ma totale irresponsabilité. La neige recouvrit tout, bloquant les trains, étouffant les sons. Dans le Golfe heureusement la température avait baissé, les soldats cuisaient moins que l’été où ils s’arrosaient d’eau, torse nu, sans enlever leurs lunettes de soleil.

Oh ! ces beaux soldats de l’été, dont presque aucun ne mourut ! Ils vidaient sur leur tête des bouteilles entières dont l’eau s’évaporait sans atteindre le sol, ruisselant sur leur peau et s’évaporant aussitôt, formant autour de leur corps athlétique une mandorle de vapeur parcourue d’arcs-en-ciel. Seize litres ! devaient-ils boire chaque jour, les soldats de l’été, seize litres ! tellement ils transpiraient sous leur équipement dans cet endroit du monde où l’ombre n’existe pas. Seize litres !

La télévision colportait des chiffres et les chiffres se fixaient comme se fixent toujours les chiffres : précisément. La rumeur colportait des chiffres que l’on se répétait avant l’assaut. Car il allait être donné, cet assaut contre la quatrième armée du monde, l’Invincible Armée Occidentale allait s’ébranler, bientôt, et en face les Irakiens s’enterraient derrière des barbelés enroulés serré, derrière des mines sauteuses et des clous rouilles, derrière des tranchées pleines de pétrole qu’ils enflammeraient au dernier moment, car ils en avaient, du pétrole, à ne plus savoir qu’en faire, eux. La télévision donnait des détails, toujours précis, on fouillait les archives au hasard. La télévision sortait des images d’avant, des images neutres qui n’apprenaient rien ; on ne savait rien de l’armée irakienne, rien de sa force ni de ses positions, on savait juste qu’elle était la quatrième armée du monde, on le savait parce qu’on le répétait. Les chiffres s’impriment car ils sont clairs, on s’en souvient donc on les croit. Et cela durait, cela durait. On ne voyait plus la fin de tous ces préparatifs.

Au début de 1991 je travaillais à peine. J’allais au travail lorsque j’étais à bout d’idées pour justifier mon absence. Je fréquentais des médecins qui signaient sans même m’écouter de stupéfiants arrêts maladie, et je m’appliquais encore à les prolonger par un lent travail de faussaire. Le soir sous la lampe je redessinais les chiffres en écoutant des disques, au casque, mon univers réduit au cercle de la lampe, réduit à l’espace entre mes deux oreilles, réduit à la pointe de mon stylo bleu qui lentement m’accordait du temps libre. Je répétais au brouillon, puis d’un geste très sûr je transformais les signes tracés par les médecins. Cela doublait, triplait le nombre de jours où je pourrais rester au chaud, rester loin du travail. Je n’ai jamais su si cela suffisait de modifier les signes pour changer la réalité, de repasser des chiffres au stylo-bille pour échapper à tout, je ne me demandais jamais si cela pouvait être consigné ailleurs que sur l’ordonnance, mais peu importe ; le travail où j’allais était si mal organisé que parfois quand je n’y allais pas on ne s’en apercevait pas. Quand le lendemain je revenais, on ne me remarquait pas plus que lorsque je n’étais pas là ; comme si l’absence n’était rien. Je manquais, et mon manque n’était pas vu. Alors je restais au lit.


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