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Après la Grèce, l’Italie… la France ?

Publié le 05 novembre 2011 par Jclauded
Le G20 vient de se terminer à Cannes. Alors que les leaders des plus riches pays du monde avaient planifié avec leurs gouvernements de discuter de six thèmes importants : la croissance et les emplois; la réforme monétaire internationale; le développement et le commerce; la régulation financière; l’agriculture, l’énergie et le climat; la corruption et la dimension sociale de la mondialisation; ils ont, malheureusement, dû mettre de côté un grande partie de leurs débats sur ces sujets afin d’enchainer des discussions sur la crise grecque. Heureusement, tous les documents préparés depuis des mois par les hauts fonctionnaires de chaque pays sur chaque thème demeurent.
Les pays au G 20 ont décidé de « dynamiser la croissance, créer des emplois et assurer la stabilité financière ». Particulièrement, la Chine s'est montré d’accord pour « ralentir l’accumulation de ses réserves de change », ce qui signifie stimuler sa demande intérieure et apprécier sa devise.
La tragédie grecque a surpris tout le monde. Lorsque les décisions pour la survie économique de la Grèce (sa dette est 165% du PIB) et la stabilité de la zone euro furent prises par l’Union Européenne (EU) le 26 octobre dernier, le premier ministre (PM) grec George Papandréou s’est montré satisfait, mais, dès son retour dans son pays, il a annoncé, à la surprise de tous, qu’il soumettrait l’accord de Bruxelles à un référendum. Je fus étonné et désappointé de cette décision car, de toute évidence, elle mettait en danger l’accord et son rejet risquait grandement de bousculer les économies européennes et les marchés mondiaux. J’espérais que les partis minoritaires grecs contesteraient la décision du PM. Le lendemain, les bourses mondiales dégringolèrent de 5-7% et quelques jours plus tard, des membres du parti socialiste de Papandréou le quittèrent et l’opposition se leva.
À première vue, Papandréou semblait avoir agi comme un politicien irresponsable. Il a plié devant les multiples manifestations des grecs – il faut les comprendre puisqu’ils endurent depuis deux ans de durs sacrifices imposés par des régimes d’austérité à répétition – et s’est comporté comme un petit politicien qui veut demeurer au pouvoir en annonçant qu’un référendum serait tenu pour l’approbation de l’accord. Unilatéralement, il mettait ainsi la Grèce et l’Europe en péril. Au lieu d’être un vrai chef d’État avec une majorité parlementaire, il a cherché à jouer au plus fin afin de sauver sa peau politique. Heureusement, plusieurs députés de son parti, dont son ministre des finances, ont résisté et la droite grecque a finalement compris que l’accord sauverait la Grèce et qu’elle se devait de le supporter. De retour au G20, Papandréou a subi la sous la pression de Nicolas Sarkozy, d’Angela Merkel et des autres chefs d’État. Il a retiré sa proposition de référendum prétextant que ce n’était qu’une stratégie de sa part pour amener la droite à l’appuyer. Si c’est vrai, c’est génial, mais cela reste à prouver. Il a demandé la formation d’une grande coalition de parlementaires pour voter l’accord et a obtenu tard hier soir, encore à la surprise générale, un vote de confiance au parlement. Il faut reconnaître qu’il est un politicien habile.
Tout ce débat met en relief la réalité politique et surtout économique de l’Europe. C’est l’Allemagne et la France qui en sont le cœur. La riche Allemagne et la moins riche France ont su s’entendre et reprendre son leadership.
Il met aussi en évidence la force de Nicolas Sarkozy et la faiblesse de François Hollande, le candidat présidentiel du parti socialiste. Dès l’annonce du référendum, ce dernier a applaudi cette décision la qualifiant de démocratique, sans tenir compte qu’elle mettait l’Europe, dont la France, en péril. De plus, il déclarait que Sarkozy avait été lent à réagir et aurait dû régler le problème grec il y a déjà plusieurs mois. Il faut vraiment ne rien comprendre pour affirmer de telles sottises. Et hier, suite au G20, Hollande a qualifié le rôle de Sarkozy d’« animateur » et non d’« acteur principal ». Français, Européens et ô combien de citoyens du monde, comme votre humble serviteur, ont été témoins du travail intense du duo Merkel / Sarkozy pour trouver des solutions aux problèmes que suscitaient la mauvaise situation financière de la Grèce. Il faut vraiment être gonflé pour diminuer ainsi ces chefs européens.
Maintenant que le problème de la Grèce semble sur une bonne voie, voilà que surgit l’Italie qui devient le nouveau maillon faible de l’Europe. On serait porté à penser qu’il est similaire à celui d’Athènes. Mais non. L’Italie est un pays riche, exportateur, avec une population nombreuse dont un très grand nombre de riches. Il est la troisième économie de la zone euro et un des premiers fondateurs de l’Europe. Sa dette (120% du PIB) est grandissante et malheureusement les agences de notations viennent de le dégrader au point que les taux d’intérêts pour ses emprunts avec un terme de 10 ans ont été fixés à plus de 6%. C’est le vrai problème de l’Italie car sans le paiement des intérêts et du remboursement de cette dette, son économie ne serait pas déficitaire. Une façon de l’éliminer complètement, serait d’imposer une taxe de 12 % sur les grandes fortunes. Mais cela ne se fera pas car le courage politique pour ce faire n’existe pas.
Au G20, le premier ministre Berlusconi a proposé un programme d’austérité pour son pays et a accepté que le FMI le contrôle suite à son implantation. Malheureusement, ce programme est incomplet et non réaliste, selon les observateurs-expert. Berlusconi doit retourner à sa table de travail. Il a aussi des problèmes politiques puisqu’il n’est plus majoritaire au parlement italien. Il est possible qu’il soit remplacé. Un tel changement de direction donnera aux Italiens un chef qui veut sérieusement travailler, main dans la main, avec l’EU et le FMI pour redonner une bonne santé financière à son pays. La question aujourd’hui est : « Berlusconi qui est aussi un fin politicien sera-t-il remplacé ? ».
Et puis, il y a la France. Qu’arrivera-t-il ? Contrairement à l’Italie, son budget serait toujours déficitaire même si sa dette (85% du PIB) n’existait pas. Ses charges sociales et autres sont très généreuses en comparaison avec ses voisins. Mais par rapport à l’Italie, sa cote financière est bonne. Lorsqu’elle emprunte auprès des banques et des investisseurs institutionnels, son taux d’intérêt à 10 ans est maintenant de 3,004 % (une hausse de 50 « points de base » sur un mois) soit 1,2% plus haut que l’Allemagne. Peut-on en conclure que la crise des dettes publiques, après s’être propagée en Grèce et en Italie, va rejoindre la France ? Si oui, cela pourrait devenir difficilement supportable pour les Français. Dans ce cas, le nouveau Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) pourrait la servir car il lève des fonds à des taux d'intérêts très bas, inférieurs à ceux que peuvent obtenir les pays de l’EU, grâce à la notation excellente "triple A" dont il bénéficie. Il reverse ensuite cet argent aux États en difficulté sous forme de prêts à taux bonifiés, comme pour la Grèce, l’Irlande…
Lors de la dernière période de forte croissance des années 1998-99, le PM Lionel Jospin avait dépensé la nouvelle manne pour financer toutes sortes de nouveaux projets proposés par le noyau des « purs et durs » de son parti et les syndicats, au lieu de l’attribuer au remboursement de la dette. Il en a subi les conséquences à l’élection présidentielle qui suivit. Le parti socialiste d’aujourd’hui fait la même erreur. Durant la récente primaire socialiste, on n’a entendu que des promesses de nouveaux programmes et de leur financement par de nouvelles taxes, de toutes sortes. Les candidats ont volontairement évité de parler de la crise européenne qui était en pleine évolution. Ils voulaient obtenir des votes par des promesses alléchantes et non aborder la dure réalité. Une chose est certaine, le programme du parti socialiste, qu’ils ont tous accepté, et les promesses additionnelles faites par Hollande sont malvenus, dans le contexte économique actuel.
Suite à l’évaluation par son ministre des finances que la croissance économique de la France pour 2011 ne sera que de 1%, au lieu du 1,5% prévu, le premier ministre François Fillon doit annoncer dans les prochains jours un plan additionnel de rigueur (austérité) pour compenser le manque à gagner, sans toutefois nuire aux efforts de croissance.
Je crois que de plus en plus de Français et de Françaises comprennent que la France, comme la majorité des pays de l’EU, doit entreprendre une cure d’amaigrissement et que les prochains budgets doivent être balancés. Au Canada et aux USA, c’est déjà engagé. Depuis trop longtemps, nous vivons tous au-dessus de nos moyens ! Ce ne sera pas facile mais un meilleur avenir pour nous et nos descendants passe par là.
Lors du G20, on a compris que c’est la condition sine qua non pour obtenir les contributions des pays émergents au FESF. Aide toi et le ciel t’aidera !
Claude Dupras

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