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Dernier Tango à Paris (le Ch’ti et la Chinoise)

Par Borokoff

A propos de Love and Bruises de Lou Ye 1.5 out of 5 stars

Corinne Yam, Tahar Rahim - Love and Bruises de Lou Ye - Borokoff / Blog de critique cinéma

Corinne Yam, Tahar Rahim

A Paris, Hua, une étudiante chinoise, vient de se faire larguer. Dans la même journée, elle rencontre Mathieu, qui travaille comme manutentionnaire sur un marché. Entre eux nait rapidement une passion physique et amoureuse mais leur différence sociale sème peu à peu le trouble dans leur relation et les éloigne…

Dans Love and Bruises (adapté du roman autobiographique Fleur de Jie Liu-Falin, qui a aussi participé au scénario), Lou Ye reprend l’idée d’aller-retour, de séparation puis de retrouvailles, de passion puis de chair triste dans une idylle amoureuse, comme il l’avait fait dans Une jeune chinoise, sans doute son chef d’œuvre qui dénonçait en pointillé le massacre de 3 000 étudiants sur la place Tian’anmen (1989).

De Lou Ye, on connait les démêlés et les problèmes avec la censure et le gouvernement chinois (d’où la pique qu’il glisse à la fin du film) qui l’ont poussés à venir tourner en France cette romance passionnée et charnelle entre deux êtres issus de milieux opposés.

Mathieu (Tahar Rahim, encore là où on l’attend pas) vient d’un milieu ouvrier du Nord de la France et traine avec des amis qui sont des racailles et des voyous, Hua est au contraire issue d’un milieu aisé de Beijing et ne fréquente que des intellectuels de son université.

Corinne Yam, Tahar Rahim - Love and Bruises de Lou Ye - Borokoff / Blog de critique cinéma

Pendant un temps, cela ne les empêche pas de s’aimer ni de faire l’amour du matin au soir. Mais les problèmes s’accumulent chez Mathieu, qui les les collectionne entre ex sangsues et ses potes violents et incultes.

Alors que retenir de cette romance qui fait penser en premier lieu à Le dernier Tango à Paris de Bertolucci ? Que d’abord, Love and bruises est moins âpre qu’Une jeunesse chinoise, moins inspiré aussi sans doute. Si Tahar Rahim (Mathieu) et Corinne Yam (Hua) sont irréprochables, les scènes de sexe sont un peu répétitives dès le début d’un film qui souffre en outre de ses longueurs, particulièrement dans la dernière demi-heure.

Le problème dans Love and Bruises, ce sont les clichés et la caricature. Prenons ces deux scènes qui s’enchainent : d’abord au restaurant, où Mathieu demande à un ami chinois de Hua s’il fait bien l’amour à sa femme, ce qui a le don de rendre ce dernier fou de rage, Mathieu et le Chinois en venant pratiquement aux mains. Dans la scène suivante, Mathieu chasse de chez lui une ex hystérique qui est en fait une Rwandaise qu’il n’aime pas mais avec qui il s’est mariée pour qu’elle obtienne des papiers ! Difficile à faire avaler à Hua…

Cette surenchère scénaristique va de pair avec une débauche de moyens stylistiques que déploie Ye pour susciter l’émotion, entre les compositions mélodramatiques de Yazdanian et les effets de mises en scène (ralentis, poses lascives de Hua que Ye suit caméra à l’épaule dans la rue ou filme en plan fixe à la fin), mais qui provoquent l’effet contraire. Des rires fusent même parfois dans la salle.

A la fin du film, Ye filme Mathieu chez ses parents, à Arras. On s’éloigne enfin des clichés. Trop tard, car c’est par là sans doute qu’il fallait commencer…

www.youtube.com/watch?v=2o7pfdP564w

Film français de Lou Ye avec Tahar Rahim, Corinne Yam, Jalil Lespert, Vincent Rottiers (01 h 45).

Scénario : 1 out of 5 stars

Mise en scène : 1.5 out of 5 stars

Acteurs : 3 out of 5 stars

Dialogues : 2 out of 5 stars


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