L'enfant roi est l'homme du futur.

Christian Deslauriers est l'enfant roi.Christian L'enfant Roi SS12 presentation on Vimeo.

Ça fait quelque temps que les garçons de la rédaction boudent. Genre grognon. En même temps, on les comprend. C'est TOUJOURS aussi difficile de trouver un truc intéressant qui n'est pas dénué de potentiel créatif sans forcément tomber dans les marshmallows de Van Beirendonck. La mode homme, généralement… c'est chiant ! Y a pas d'autre façon de voir les choses. On ne sait pas pourquoi, mais les designers ont du mal à être inventifs, voire ils n'en ont pas envie pour s'assurer les faveurs des acheteurs. Avez-vous entendu parler d'une révolution de l'homme depuis Slimane chez Dior ? Enfin! On s'entend! Une révolution marketing certainement, mais créative, ça, on n’en mettrait pas les couilles des garçons sous un sécateur.

Bon, Il y aussi Van Rijck chez Knott mais ce sont des classiques poussés, certes très beaux mais toujours dérivés du classique...Bref, on a reçu un e-mail d'un type qui a fait une vidéo pour un autre type qui lui fait de la mode… On ne fait pas trop attention (comme d'hab) et puis état d'urgence oblige (vous comprendrez au prochain papier), on ressort les dossiers gardés au chaud. En gros, du lourd, qu'on tire comme une sonnette d'alarme en cas de panne sèche niveau inspiration parce qu'on est sur de faire pouvoir faire un carton avec, sans trop se fouler le poignet non plus. Le meilleur rapport: pas d'idées + flemme d'en chercher + succès tout cuit dans le panier avec ce genre de dossier. Il se nomme Christian l'enfant roi… Oui, c'est un peu bizarre comme nom quand on sait que le designer s'appelle lui-même Christian (Deslauriers), mais on s'en tape puisqu'il sort la mode homme d'une léthargie pré-internement psychiatrique. Déjà, le jeune homme est à classer dans la catégorie « jeunes créateurs ». On aime. En plus, il est montréalais. Ça change. Et il sort de Lasalle, une école de mode à surveiller car elle a un sacré potentiel (mais faut pas trop le crier sur les toits! on trouve un peu limite qu'ils se servent de leurs étudiants pour organiser des pseudo project runway, alors faudrait pas trop leur donner de crédit de suite, ils risqueraient de prendre le melon).Mais par-dessus tout, il est PUTAIN de bon : fraîcheuuuuuur ! Nouveautééééé ! Créativitééééé ! Portaaaaable! (notre grand mot du moment : Lolo Prigent, sors de notre tête !) sont les maîtres mots de ses deux dernières collections qui évoquent une toute nouvelle image de l'homme. À la fois très construite, très fine et très couture, mais aussi un brin ridicool, ce qui n'enlève rien au charme, bien au contraire, en ajoutant une touche déstructurée qui élime subtilement le côté complet-costume souvent trop sérieux dédié à la masculinité.C'est surtout sur sa dernière collection qu'on flashe. Même si l'automne-hiver regorge de pièces démentes, aux imprimés gracieux et impromptus, il y a quelques silhouettes un peu trop mode qui réjouiront les minets que l'on peut croiser à la sortie de défilés parisiens, mais qui feront peur à l'homme mode plus sage. Automne - Hiver 2011. <3Avec sa collection printemps-été, il EXCELLE, jouant de son garçon comme d’un certain antagonisme rigolo. Christian l'enfant roi nous donne envie d'être un Tom Sawyer moderne, porté par une élégance non conventionnelle, oscillant entre un hippie qui ne se voudra pas chic mais plutôt dandy et un casual loin d'être aussi comfy-urbain que d'habitude. Disons qu'il nous emmène dans un nouvel esthétisme que l'on pourrait nommer casual soir ou/et hippie-dandy.Il défie les deux styles, les entrelace pour finalement les rattacher. Dans sa recherche artistique, il a réussi à faire faire l'amour à deux tendances qui, à la base, ne se connaissent pas.Avec des pantalons de pyjama flous mais surmontés de chemises ultra architecturées, il produit un nouvel esthète qui fait envie ; les lèvres se mordillent. En fait, c'est bien trouvé car l'enfant devient roi. Accompagné de belles matières, d'imprimés sauvageons et de pastels affriolants, l'homme de l'enfant roi va se promener doucement, calmement dans une nature urbaine, donnant à son allure une beauté toute poétique et bien caractéristique du designer. C'est d'ailleurs un peu son ADN : inviter son homme à voyager dans un poème et là, la phrase de mademoiselle Agnès prend tout son sens : « La poésie, c'est le nouveau sexe ». Parce qu'il ne faut pas croire : son homme, on a envie d'en bouffer tout autant qu'on a envie d'en être. C'est ÇA, son pouvoir de designer, rendre sa fringue désirable autant que l'homme qui est dedans. Le fantasme de l'artiste ou du musicien semble alors bien fade face à ce chérubin looké, sans être over. Encore trois collections comme ça et on peut vous dire que les parcs vont regorger de néo-Rimbaud, paille entre les dents, regard bleu azur, soit des maris qui vont enfin changer notre vision de la mode masculine… Vive les nouveaux enfants rois.Bien à vous.