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André Manoukian en ITV

Publié le 10 novembre 2011 par Lemediateaseur @Lemediateaseur

André Manoukian en ITVCrédit photo : Thomas Dorn

La semaine dernière est sorti dans les bacs Melanchology, le nouvel album d’André Manoukian.

Celui que beaucoup connaissent pour son rôle de juré dans une émission de M6 est avant tout un grand musicien et un compositeur de talent. C’était donc un peu intimidé que j’ai eu le plaisir de le rencontrer pour parler de ce nouvel opus. Mais une autre qualité de ce monsieur est d’être très sympathique et simple, l’entretien s’est donc très bien passé, et vous pouvez le découvrir ci-dessous.

Bonjour André,

Votre nouvel album Melanchology est sorti il y a maintenant une semaine, avez-vous eu le temps d’avoir déjà des retours, et si oui êtes-vous content de l’accueil ?

Oui, des gens qui sont autour de moi, par Facebook, internet, il y a beaucoup de « réseautage » qui se font aujourd’hui à ce niveau-là et tout le monde a l’air de prendre ça pour quelque chose de zen. Souvent les gens disent que c’est à prescrire sans modération, comme si c’était presque un médicament qui rend bien sans avoir le problème de la chimie.

Est-ce le succès des précédents qui vont ont donné envie de vous replonger dans la création aussi rapidement ?

C’est pas si rapide en fait, car le premier album arménien (Inkala NDLR) date de 2008. J’ai fait après un album, So in love, qui était des reprises de jazz, donc je ne l’inscris pas dans la même veine. Mais celui-ci est dans la continuité du premier album car c’est le travail que je fais avec mon quartet depuis 3 ans maintenant. On est souvent sur les routes et on voulait développer notre son personnel et on ne pouvait pas trop tricher, on a vraiment travaillé sur la complicité, on a répété à Chamonix et j’ai aussi ajouté le duduk, un instrument de musique arménien, et le sax. Ce 2ème album instrumental, ça fait donc 3 ans que je le travaille et que je le rôde sur scène et c’est une situation idéale.

Pouvez-vous justement nous dire comment vous créez vos morceaux et comment se passe le travail avec le quartet ?

C’est un travail qui se passe sur presque 2 ans. Maintenant que je me suis re-consacré au piano, je ne l’avais pas vraiment abandonné mais je le mettais au service des voix et des chanteuses, je le bosse pratiquement tous les jours et il y a toujours quelque chose pour enregistrer pas loin. Je travaille des rythmiques etc, j’ai toujours l’impression de tirer sur un fil, et je note plein de choses comme un écrivain. Et arrive le moment de voir ce que l’on a, parfois on arrive à coller ce petit bout-là avec un autre et on fabrique les titres. Quand j’ai suffisamment de matériel, je convoque les musiciens et après, je mets les morceaux à l’épreuve de ces musiciens pour voir comment ils reçoivent ça. Certains on les laisse tomber, d’autres sont géniaux et dont le potentiel est augmenté par la vision des musiciens. Donc c’est un travail dans un premier temps solitaire et dans un deuxième temps collectif.

Cela a beau être un album instrumental, on ressent la différence entre les morceaux et l’ensemble de l’album est très agréable à écouter. Avez-vous aussi un peu travaillé sur le mixage de l’album ?

Oui, j’ai voulu travailler avec un ingénieur du son qui vient de la pop, il a travaillé avec Eurythmics, Mike Jagger, Prince et compagnie, c’est Manu Guiot que je connais depuis longtemps. Je voulais un son puissant et pop, que ce soit un groupe de jazz mais qui travaille sur le son. Et donc je l’ai laissé aller vers son penchant naturel c’est-à-dire avec des sons plutôt gros et avec de belles textures. Après si les morceaux sont un peu différents, c’est que je cherchais ça aussi, mettre des morceaux plus lents et d’autres plus rythmés, et puis des chansons. Car cette fois-ci, il y a 3 chansons qui sont chantées par Elina Duni qui est une chanteuse Suisse d’origine albanaise et qui m’amène aussi cet orientalisme.

Justement il y a 2 invités sur cet album, il s’agit d’Elina Duni et d’Ibrahim Maalouf. Pourquoi spécialement ces 2 artistes ?

Parce que j’ai une théorie aujourd’hui, c’est que le jazz est en train de se régénérer par l’Orient. Moi quand j’ai découvert il y a 4 ans mes origines arméniennes, c’était presque fortuit, c’est parce qu’une réalisatrice m’a demandé de faire la musique de son documentaire. J’ai découvert une mine d’or et une nouvelle manière de jouer. Ca mélange le mode majeur et mineur et j’ai découvert une vraie culture entre l’Orient et l’Occident et finalement ça me ressemble bien. Bizarrement parlant, une des très jolies chansons que j’ai faites autrefois c’était Au fur et à mesure pour Liane Foly et cette chanson reprenait un peu des accords comme ça, un peu persan, donc finalement c’est quelque chose que j’avais au fond de moi. Du coup le choix des invités a été très facile car Ibrahim Maalouf, trompettiste d’origine libanaise, qui joue avec les quarts de tons arabes c’est fabuleux. Il a à la fois la technique d’un trompettiste moderne de jazz et en même temps il ajoute ses mélisses orientaux. Et Elina c’est pareil, elle a la culture du jazz, elle a été élevée à Genève dans une Jazz School et elle a la culture de ses origines et du coup ça faisait un mix entre une Norah Jones et une Shéhérazade.

Ce sont 2 personnes que vous connaissiez déjà ou vous êtes allé à leurs rencontres ?

En fait j’organise un festival de jazz chaque année à Chamonix qui s’appelle le Cosmojazz Festival où je fais jouer dans des sites de hautes montagnes, sur des corniches ou dans des glaciers, voilà aussi pourquoi la pochette de l’album, des musiciens qui sont plutôt dans l’incantation. Je dirais que c’est du jazz ethnique, il peut y avoir des flutistes népalais, des pianistes israéliens, des percussionnistes iraniens, que sais-je et c’est une musique de célébration formidable. C’est là où j’ai connu physiquement Elina et Ibrahim et je me suis dit ceux-là, je les veux.

On peut lire dans le dossier de presse que vous êtes parti en Arménie depuis que vous avez découvert vos origines.

Oui je suis reparti en Arménie pour faire un concert et j’ai trouvé des musiciens incroyables là-bas. Je ne m’attendais pas à ça, c’était la première fois que j’y mettais les pieds, c’est un pays tout petit, très pauvre, avec peu de ressources mais en même temps qui a beaucoup de culture et de sensibilité donc c’était très émouvant pour moi.

Ce sont vos racines, cet album est, j’imagine, très personnel, n’est-ce pas un peu « frustrant » que nous ne le ressentions pas de la même manière en l’écoutant ?

Non car chacun ressent les choses à sa manière, mais sur scène, on joue cette musique-là et les gens à la fin viennent souvent nous dire « merci, vous nous avez faits voyager », même ceux qui avouent être venus voir par curiosité. Je suis plutôt confiant à ce niveau-là, il n’y a pas de message particulier dans cette ambiance et cet envoûtement.

Vous allez continuer de proposer cet album sur scène auprès du public ?

Oui il y a un concert notamment le 5 décembre à l’Alhambra à Paris et ensuite on partira en tournée pour le printemps.

Les morceaux sont retravaillés un peu pour la scène ?

On les retravaille un peu pour la scène, ils durent un peu plus longtemps et chacun s’exprime un peu plus mais l’album donne une bonne idée de notre travail scénique quand même.

André Manoukian en ITV

Le Mediateaseur remercie encore une fois André Manoukian pour sa sympathie. L’album Melanchology est dans les bacs, nous espérons que nous vous aurons donné envie de le découvrir et pourquoi pas d’aller voir le musicien et son quartet sur scène.


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