Passionnément Luc Besson

Grand artisan d'un cinéma français à deux visages (les films qu'il réalise et ceux qu'il écrit pour les autres), Luc Besson est un personnage emblématique de notre patrimoine que j'apprécie énormément et dont je souhaitais revoir aujourd'hui les oeuvres marquantes de sa filmographie. D'abord indissociable de la société de production Gaumont, il a ensuite créé sa propre boîte - EuropaCorp - qu'il gère avec poigne et d'où sont sortis de nombreux long-métrages, dont un bon paquet ont été scénarisé de sa main; cette société distribuant également des films étrangers qui ne seraient peut-être pas arrivés en notre pays (ex: OngBak).

Du côté de la mise en scène, on à affaire à un vrai virtuose de la caméra, associé à un génial compositeur - Eric Serra - dont les musiques nous auront marqué à jamais. Ces propres réalisations possèdent une âme forte, des intrigues bien ficelées ainsi que des personnages très travaillés et toujours attachants; on verra plus tard que ses scénars pour autrui sont un tantinet différents. C'est quand même le seul à mon sens à avoir sorti tout le potentiel de Christophe Lambert (à part peut-être pour Highlander) dans un Subway ô combien grandiose, avec des Galabru, Bohringer, Adjani, Réno; une sacrée clique au top de sa forme. Jean Réno qui d'ailleurs interpréta un tueur à gages - ou plutôt deux - dans Nikita et Léon, films là encore plus orientés sur l'ambiance et les sentiments que l'action, même si les séquences de fusillades en restent simplement cultes (le resto de Nikita, waouh!). On retrouve des personnages tourmentés avec Le grand bleu, où la compétition entre deux potes prime sur une histoire plus classique, ou Jeanne d'Arc avec une interprétation historique loin des simples guerres que l'on a pu voir ailleurs. Puis il y eu l'appel du cinéma américain "à l'américaine" qui nous offrit un régal d'aventures spatiales avec Le cinquième élément, où le duo Willis/Jovovich fit des étincelles dans un registre très bande dessinée; d'ailleurs, Luc Besson réalisa avec Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec sa seule adaptation d'une oeuvre existante, une BD bien évidemment qui mêle aventure et comédie. Enfin, je vais terminer avec les films d'animation Arthur qu'il adapta de ses propres romans - quatre livres que j'ai très apprécié - et dont seul le premier opus vaut le coup d'oeil tant la suite rata le coche (le deuxième film étant un vrai navet soporifique).

Puis il y a les films destinés à d'autres réalisateurs, écrits et produits par Luc mais pas mis en scène, et ces long-métrages font office de défouloirs pour l'auteur qui y met tout ce que l'on ne voit pas dans ses propres réalisations: de l'action à gogo, des protagonistes assez creux et des intrigues simplettes; on nous en met plein la vue et en plus ça marche! Taxi, Le transporteur, Banlieue 13, From Paris with love, Fanfan la Tulipe, Colombiana, Yamakasi, Bandidas, Taken... à chaque fois l'histoire tient sur un timbre-poste, pourtant ce qu'apprécie le public n'est pas là mais dans le traitement visuel des films avec cascades et explosions, ce qui les rend alors très américanisé (surtout avec des acteurs d'outre-Atlantique au générique: Statham, Travolta, Neeson et même Stallone). Il y a quand même une exception scénaristique à mon sens: Danny the dog, où le côté humain des héros ressemble beaucoup à ce que l'on vit dans Nikita, où l'interprétation de Jet Li et Morgan Freeman est réellement stupéfiante. Pour finir, un petit mot sur la comédie policière qu'est Wasabi, personnellement mon préféré de ses scénarios avec cette visite de Tokyo un peu aléatoire (je m'en suis rendu compte après des vacances passées là-bas) où le duo Réno/Muller explose les yakuzas comme dans un manga, véritable condensé de fous-rires comme on en voit peu. Oui, je dois avouer être un sacré bon client de ce que j'appelle "les productions Besson"; et vous?