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Romain gary : de la " promesse de l'aube " aux faceties du cameleon voyageur

Publié le 26 octobre 2010 par Parent @LEGOBALADIN

" Je me suis toujours été un autre " ... Qui est donc Gary ?... Tout sauf ce qu'il veut bien nous montrer. Lâchant que " la vie nous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais ", et que "vous passez votre vie à attendre ce que vous avez déjà reçu ", c'est encore le même homme qui se glisse avec délectation sous les écailles d'un boa d'appartement par la méthode dite "sympathique ".Déplorant l'homme resté à l'état d'esquisse, de pressentiment de lui-même, le héros de Gros Câlin adore se prendre lui-même dans ses bras ! Moins on existe et plus on est de trop. Gary se fait fort de reconnaître le regard d'un chien dans celui de son maître ... et inversement. Minoritaire-né, il déteste - cordialement - tout ce qui ressemble de près ou de loin à la force virile comme aux bons sentiments. Et pour ne jamais s'endormir en paix, il peut compter sur ses trois dieux favoris : Filoche, le dieu des préjugés, Trembloche le dieu qui fout la trouille et Totoche le dieu de la bêtise.
Gary, en caméléon convaincu, se vautre avec délices dans le verlan de la pensée. L'humour terroriste lui est une douceur à l'âme : " Quand on a envie de crever, le chocolat est meilleur que d'habitude ! " ou, dans la bouche du père de Momo à Madame Rosa : " Je vous ai confié un fils arabe, je ne veux pas que vous me rendiez un petit Juif !... "
S'emparant de l'identité d'un certain Emile Ajar, l'un de ses multiples noms d'emprunt, Gary remonte le temps pour s'inventer des vies à foison, jamais là où on l'attend, fidèle à son bon sens à lui qui se veut à rebours des lois de la nature. Gary, l'homme-monde, brûle d'embrasser toutes les existences. Russe, Polonais, Mongol, Tartare, Juif, il se plaît à brouiller les pistes, à être toujours un autre. Fils de sa mère, aviateur, résistant, diplomate, cinéaste, il est cet éternel émigré, à l'image de son caméléon préféré qui, mis sur un plaid écossais, devient fou ... et grand écrivain français.
Dénonçant le racisme et la bombe comme les vraies pornographies de l'esprit, ce phobique de la bêtise sait depuis toujours que " le bonheur ne requiert l'homme que pour lui rendre la vie impossible ". Et l'on se met à partager sa crainte intime que l'Homme ne soit pas encore vraiment "advenu". Alors, bien sûr, en guise de seule consolation véritable, on a toujours " la vie devant soi ".

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