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Game Other - L'Apocalypse à la carte

Publié le 28 février 2008 par Benjamin Mialot
Armageddon Empires
Généralement, quand je teste un jeu vidéo, je jette un œil au livret, je le referme vite, je le range, et je me lance à l'aveuglette, à peu près sûr que mon intellect surpuissant me permettra de tout biffer en autodidacte. Échec cuisant avec Armageddon Empires, jeu de stratégie velu s'il en est, qui ne peut s'appréhender qu'après la lecture attentive d'un manuel d'une cinquantaine de pages bien denses (en anglais, sinon le plaisir n'est pas total). Merci donc au studio indépendant Cryptic Comet pour les yeux rouges, ravissants en société, la qualité de son jeu n'arrangeant rien à l'affaire.
Je suppose que parmi la foule de lecteurs de L'Ombre du Z., une bonne partie, quand on lui dit stratégie, s'imagine de belles petites unités en trois dimensions, qui se meulent dans la bonne humeur avec en option des effets pyrotechniques, des décors destructibles, un zoom ultrapuissant... Bon ben autant être direct : visuellement, Armageddon Empires est à des lustres des chichis next-gen et des barbarismes technologiques, tout en étant à des lustres également de l'austérité de certains wargames. Comment est-ce possible, alors que l'aire de jeu est découpée en hexagones et que le moindre machin est représenté par une carte ? Grâce au bon boulot réalisé sur les illustrations, qui siéent parfaitement à l'univers post-apocalyptique qui accueillera vos duels militaires contre l'intelligence artificielle. Tant que j'en suis à parler d'intelligence, vous pouvez oublier vos amis, Armageddon Empires ne propose pas de mode multijoueurs, ce qui est plus que regrettable.
D'autant plus regrettable qu'en s'y investissant un peu, on retrouve cette pression des parties tendues autour d'un plateau ou d'un tas de cartes, lorsque le hasard peut à tout moment décider de vous montrer ses fesses et vous faire perdre. Avant de débuter et après avoir choisi votre faction parmi quatre bien différenciées (humains, mutants, androïdes, bestioles à tentacules), il vous faut ainsi créer un deck de cartes équivalent à un certain nombre de points, comme dans Magic: The Gathering par exemple, à une différence près : ici rien à collectionner, tout est dispo, il suffit de choisir sagement vos unités, héros, bâtiments (ou de s'en remettre à un starter deck tout prêt), chaque exemplaire ayant ses caractéristiques propres à partir d'un paquet des variables communes (portée, chance, mouvement, coût...). Ensuite, on définit quelques paramètres (taille de la carte, du deck...) , puis les choses sérieuses commencent. Tout se résout par des lancers de dés, qui servent à déterminer l'initiative, le nombre de points d'action, l'attaque et la défense au moment des combats... Mais avant d'aller titiller l'armée d'en face, il va falloir établir un petit domaine. On installe donc sa base (pour l'emporter, il faut capturer celle de l'opposant), on explore la carte générée aléatoirement à la recherche de petites choses à récolter... et on commence à en baver, la moindre action (déploiement d'unité, tirage d'une carte, déplacement...) coûtant des points d'action et, dans certains cas, des ressources, évidemment toujours trop rares.
Mais le plus gênant, ce ne sont pas tant les mécaniques du jeu, qui collent bien avec le background dévasté que l'interface du bousin, pas franchement ergonomique. Un moindre mal au regard des possibilités tactiques offertes (assassinats, frappes aériennes, espionnage, sabotage...). Il faudra toutefois inévitablement en passer par des combats (ben oui, c'est la guerre), que l'on peut entamer une fois que le territoire est viable et protégé, et qu'on a un peu upgrader ses troupes. Combats que l'on pimente d'ailleurs avec une foule de capacités spéciales, de cartes tactiques, de la recherche en armement... Bonjour le suspens, le stress et les dilemmes cornéliens, surtout que les parties peuvent durer plusieurs heures et qu'une carte perdue le reste. En revanche, si la chance tient une place importante dans le jeu, les décisions conscientes ne sauraient être minimisées, Armageddon Empires jouissant d'un bel équilibre entre les deux facteurs et d'une profondeur rare.
Évidemment, le jeu de Cryptic Comet n'est pas parfait. Outre le mutli passé sous silence (un petit hot seat ne serait pas du luxe), on peut pointer l'absence d'un tutoriel in-game (avec des info-bulles par exemple) ou encore le caractère "gratuit" des parties (pas de missions un tant soit peut scénarisées, de campagne...). Heureusement, Vic Davis, le développeur solitaire de la chose, compense par un suivi rigoureux et adapté aux retours qui lui sont faits, à tel point qu'une extension gratuite devrait bientôt voir le jour. Bref, à une vingtaine d'euros le jeu, c'est la grande classe.
Armageddon Empires - Artwork
Armageddon Empires
(Cryptic Comet) - 2007
Verdict du Père Siffleur
Père Siffleur

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