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Avant le silence des forêts - Lilyane Beauquel.

Par Mango

Avant le silence des forêts - Lilyane Beauquel.Otto, Simon, Heinrich et Nathan, quatre jeunes Allemands de vingt ans, partent découvrir le monde, portés par le train de l'Histoire. Quand ils quittent le bourg bavarois où ils sont nés, leurs désirs affleurent à peine et ils ne connaissent de la vie que leur belle amitié. À leur arrivée, ils comprennent vite vers quoi on les a envoyés. Nous sommes en 1915, en Lorraine.
C’est un beau roman dont il m’est difficile de parler.Pourquoi ? Parce que je ne le ressens pas comme un récit mais comme un texte poétique magnifiquement écrit.Je ne l’ai pas lu d’un bout à l’autre ni même entièrement  non plus bien que je sois allée jusqu’aux dernières pages. Je ne l’ai pas seulement parcouru, mais  je l’ai  savouré, dégusté, voire même dévoré par moments tant les pages sont belles. Toutes, sans exception. Seulement, je n’ai pas pu en lire trop à la fois  et j’ai gardé longtemps ce livre auprès de moi, non par ennui mais par plaisir. J’en lisais quelques passages puis  le reposais  tant  étaient fortes l’émotion et l’admiration provoquées par cette lecture. Après il me fallait un temps de silence, de méditation, m’imaginer les moments évoqués dans la réalité vécue non plus par les personnages mais par toute cette génération, allemande ou française, de ces années-là, une  génération perdue. C’est un livre  à tenir près de soi, à lire et à relire. Un livre de textes précieux, ciselés dans une belle langue classique, forte mais simple, fière et pourtant attendrie.Les soldats sont jeunes et pleins de vie, d’espoir, d’enthousiasme et de naïveté aussi, des deux côtés, peu importe, c’est pareil.Ils savent vite que leur jeunesse se passera là,  coincée dans ces boyaux boueux,  avec pour seule perspective la mort en face mais il faut vivre et occuper le temps qui passe «Avant le silence des forêts»Alors, rêver, écrire, crier et rire, en attendant.
 «Champagne:De tels prodiges pourraient nous rendre fous : voilà que nous buvons du champagne. Heinrich l’a volé à une maison du bourg, elle bâillait par toutes ses portes, et, dans la nuit, ses lucarnes avaient un regard de louve.(…) Nous mettons beaucoup d’amitié à tirer sur nos pipes et le champagne circule avec les scintillements des nuits de Noël, il nous en faudrait beaucoup pour renoncer à téter ces bouteilles, à les faire chanter comme flûtes taillées rien que pour nous! Nous gardons cette volonté d’être très gais.»
«Le grand rire, il nous reste cela, le grand rire.»
«Dormir puis mourir.»
«Chacun est à sa folie.»
«Notre vérité, c’est d’être ici, malgré toutes nos différences, ceux qui y croient, ceux qui n’y croient pas.»
C’est grand et c’est beau! Il faut juste le lire.  


Avant le silence des forêts de Lilyane Beauquel.  (Gallimard, août 2011, 295 pages) Premier roman. Challenge de la Rentrée 


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