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François Baroin et Nicolas Sarkozy prennent vapeur & les Français pour des cons

Publié le 16 novembre 2011 par Kamizole

Merci de vous illustrer aussi brillamment dans l’infamie… « Ô rage !.Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ais je donc tant vécu » que pour voir le combat politique tomber à un si bas niveau ? J’ose espérer qu’une majorité des électeurs - pas si bêtes que vous faites l’injure de les croire - se garderont de vous redonner les clefs de la Maison France en 2012 et vous fera tout au contraire la bien gente reconduite - avec plumes et goudron - que vous et votre clique de parfaits laquais des multinationales méritez amplement. Si par malheur tel n’était le cas, vous auriez eu hélas ! raison.

Certes, je savais depuis belle heurette - et bien avant 2006-2007 - Nicolas Sarkozy homme des coups bas, Iznogoud sachant planter le poignard dans le dos de ses mentors et amis politiques pour peu qu’ils lui fissent de l’ombre. Prêt à toutes les bassesses et turpitudes pour parvenir à ses fins et « enrichi sans cause » selon la terminologie du Code civil. N’oublions pas le scandale de son appartement de Neuilly qui défraya en son temps la chronique - en pleine campagne électorale qui plus est ! - mais se termina bien évidemment par un fort opportun non-lieu (émanant du parquet) après son élection.

Ni que depuis, d’autres scandales politico-financiers sur fond de financement illégal de ses campagnes - affaires Woerth-Bettencourt, Karachigate, documents Takieddine (Mediapart) et Libye ? - font ou refont périodiquement surface tel le Monstre du Loch Ness. La coupe des prévarications ou autres conçussions est pleine à ras bord, prête à déborder. « Tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse ».

Comment les Français ont-ils pu être à ce point dupés par ses palinodiques et récurrents « j’ai changé » lors même que tout témoignait du contraire ? J’eus beau m’attendre au pire : le sarkozysme est une maladie intellectuellement transmissible (24 avr. 2007) j’avoue que mon pessimisme de l’époque est largement dépassé ! Je ne saurais dire si son nouveau discours de président « protecteur » - bien plutôt à la manière des "parrains" ! - va séduire une nouvelle fois un peu plus de la moitié des électeurs.

J’en reviens à nos deux Pieds-Nickelés (au moins ceux-ci étaient-ils de sympathiques et marrant voyous, ratant systématiquement leurs arnaques mais non dénués de cœur et joyeux fêtards). François Baroin dont je me demande bien à lire son pedigree sur Wikipedia de quelles hautes compétences en matière d’économie il pourrait se targuer pour occuper le poste si important de ministre des Finances …

Toujours est-il que s’il possède d’autres diplômes ce ne seront certainement point ceux de l’élégance non plus que l’honnêteté intellectuelle et politique comme en témoigne le tollé qu’il vient de déclencher cette semaine Esclandre à l'Assemblée après des "propos inadaptés" (Le Monde 8 nov. 2011). Le terme est même bien léger mais il émane de Bernard Accoyer (UMP) président de l’Assemblée nationale. Impossible de ne point penser à l’enfance "inadaptée" : vite, envoyons-le en "maison de correction"… Zou !

Quant au chanoine de Latran, allé prêcher ses ouailles à l’Université de Strasbourg - j’espère que cette intervention et ce déplacement sans doute aussi dispendieux qu’à l’ordinaire lui seront comptés sur son temps de parole - car il n’y intervint nullement en tant que chef d’Etat - et ces frais imputés sur ceux de sa campagne, ne se fût-il pas encore déclaré candidat : reculer le plus tard possible cette annonce étant un simple subterfuge alors qu‘il dispose (gratos ! Comme en 2006-2007) de tous les moyens de la République. Rupture d’égalité manifeste entre les candidats.

Ses interventions publiques et privées (autant en France qu’à l’étranger) étant toujours de très haute volée - seront-elles relues dans 3 ou 4 siècles avec la même admiration pour l’élégance de style et la hauteur de vues que les « Oraisons funèbres » de Bossuet ? J’en doute fort. - il ne pouvait manquer de s’en prendre à François Hollande, d’où une nouvelle charge sur les 60.000 enseignants.

S’inscrivant dans la lignée des attaques psittacistes de l’UMP fomentées dans les différentes officines de l’Elysée et de l’UMP que je me fis un malin plaisir d’épingler devant l’inflation des cellules de com’ à l’Elysée et la création de multiples « radio perroquet… SOS manque d’idées ! » par l’époustouflant Jean-François Copé . Or donc, le mot d’ordre actuel donné aux chiens de garde de l’UMP étant de tirer à boulets rouges sur ces 60.000 postes en poussant François Hollande dans ses retranchements (Le Monde 31 oct. 2011). « Résiste ! » François… et « refuse le mot égoïste »…

J’aurais très certainement l’occasion de revenir sur cette proposition qui me semble aller tout à fait dans le bon sens tant du point de vue de la qualité de l’enseignement que celui de l’économie et du social. Mais hélas ! pour cette bande de Frères Raptout uniquement pétris de la funeste idéologie ultralibérale : «l’emploi, voilà l’ennemi ! ».

Une société qui n’investit pas pour sa jeunesse et son éducation - idem pour l’industrie - est une société fichue ! Je m’autoriserais à parler de « générations sacrifiées » sur l’autel du profit.

Au pluriel car le phénomène d’exclusion scolaire, sociale et économique de la jeunesse défavorisée remonte bien plus loin qu’à la dernière décennie et touche désormais les enfants des classes moyennes : «l’ascenseur social » est aujourd’hui totalement en panne. Il fonctionna pourtant relativement bien jusqu’à la crise de 1975, les enfants de toutes les classes sociales pouvant espérer - en travaillant bien à l’école - atteindre un niveau supérieur à celui de leurs parents.

Du simple manœuvre ou ouvrier aux classes moyennes quand bien même y fallait-il plusieurs générations. Parce que je sais très bien, notamment grâce aux nombreux ouvrages de Pierre Bourdieu sur la question, que les enfants des classes défavorisées doivent faire encore plus d’efforts que les « Héritiers », entendre les enfants de la bourgeoisie, nourris depuis de leur petite enfance de cet « habitus » de classe : la culture lato sensu. Je garderai toujours gravée dans ma mémoire cette phrase : les enfants issus des couches modestes sont invités - par les enseignants ou autres intervenants en matière d’orientation scolaire à «prendre la réalité pour leurs désirs » ou autrement dit, renoncer à intégrer des filières plus nobles que leur origine sociale. Je ne m’étendrais pas plus sur le sujet qui mériterait une dissertation en dix pages que je vous épargnerais ainsi qu’à moi.

Or donc, cette bande de gribouilles UM/Pcompétents mais acharnés à détruire l’Etat et les services publics n’auront eu de cesse de foutre en l’air l’Education nationale par tous les moyens possibles et imaginables. Ne croyez surtout pas qu’il n’ait que l’école publique à en souffrir : j’entendis il y a quelques jours sur France Info que les enseignants de l’école privée (sous contrat) de toute la Bretagne s’étaient rassemblés à Rennes pour une gigantesque manifestation destinée à dénoncer l’absence de moyens.

Quant au coût - insurmontable ! - pour le budget de l’Etat : 500 millions d’euros par an… Nicolas Sarkozy devrait avoir en mémoire que ce fut depuis 2007, l’exact montant que coûtèrent chaque année les remboursements au titre du bouclier fiscal à ces grands amis du COUAC-40 des sommes… qu’ils n’avaient pas versées au titre de leurs impôts.

Alors, camembert ! Le grand chef d’Etat que le monde entier nous envie…

Le nouveau lait d’beu de l’UMP consistant à affirmer que François Hollande n’aurait pas la stature d’un chef d’Etat (Le Monde 12 nov. 2011). S’il faut être chef d’Etat pour défrayer régulièrement la chronique - y compris dans les médias internationaux qui s’en gaussent - par ses esclandres à répétition avec ses homologues étrangers ; avoir fait sombrer les finances publiques au point qu’elles fussent au bord d’une faillite digne d’un pays du Tiers-monde ; et ruiné l’économie française en acceptant sinon accompagnant toutes les délocalisations exigées des marchés financiers et à présent, en tendant toute honte bue "les joues" - beurre ou glycérine ? - aux hiérarques du "Pire du Milieu" : ouiche alors ! Nous avons là un chef d’Etat hors pair… Provoquant sans nul doute beaucoup de remue-ménage dans une certaine tombe de Colombey-les-Deux-églises sur laquelle il n’a pas manqué de s’aller recueillir le 9 novembre 2011.

François Hollande a parfaitement raison de prôner une présidence « normale » ! Ce qui n’empêcha point l’olibrius doté de tant de qualités - apanage des chefs d’Etat - de continuer à le traiter de « candidat à la candidature »… Qu’il arrête de ramer : il atteint la falaise et dans le même mouvement, le mur du çon. La primaire socialiste élargie non seulement aux sympathisants du PS mais également à l’ensemble des citoyens qui souhaitaient y participer a tranché : François Hollande est le candidat légitimement élu de la gauche démocratique.

Trop fendard, le "Petit père du peuple" - tellement « protecteur » que nous en crevons littéralement ! - Nouvelle lubie de la com’ de l’Elysée au moins aussi largement ridicule qu’une de leur récente trouvaille : L'Elysée invente «la Droite juste» (Marianne 4 sept. 2011) Nicolas Domenach - dont j’ai toujours apprécie la pertinence des analyses et les qualité d’expression, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral (sur i-télé) - nous apprenant «qu’après le flop total de la "Droite sociale" - qui pouvait y croire venant d’une droite aussi réac et anti-sociale - les conseillers de Nicolas Sarkozy croient avoir trouvé le concept - je dirais bien plutôt la "martingale" ! - qui leur permettra de retrouver l’électorat populaire et de déborder la gauche. Car la présidentielle se gagnerait par la Justice, et par le peuple ! ».

Aussi ridiculement échevelé - mais ils n’ont rien dans le caillou - que Claude Guéant assurant «Chaque fois qu'un effort supplémentaire sera demandé aux Français, les plus riches n'en seront plus exonérés» (20 Minutes 9 juillet 2011). Bien de quoi pisser à la culotte ! Cela s’est vérifié : les ménages pauvres, modestes ou des classes moyennes sont appelés à supporter grosso modo 90 % les efforts infligés par les plans d’austérité.

Certains ne manqueront pas de répondre que les riches supporteront (quand même !) 10 %.  Je me fais fort de prouver que c’est peanuts mais je rentrerais ailleurs dans le détail de cette importante question qui demanderait de trop amples développements… Certains me reprochant déjà assez la longueur de mes articles.

Il n’y a pas à dire : ils nous prennent pour de parfaites guiches ! Nicolas Sarkozy n’y saurait échapper osant affirmer - contre François Hollande - que « les gens en France sont intelligents (...) ils savent faire la différence entre un discours où on leur dit la vérité et autre chose »… Lui qui ne peut s’empêcher de mentir sur tous les sujets et en toute occasion ! Nous avons eu les promesses et la réalité avec pour résultat la France précipitée dans le précipice : au bord sinon déjà en faillite. Chapeau l’artiste !

Je ne pus m’empêcher de relever cette nouvelle perle (d’inculture) : « On va embaucher 60.000 enseignants, c'est 500 millions d'euros par an multiplié par cinq. Mais depuis quand embauche-t-on un fonctionnaire pour cinq ans ?" a-t-il raillé, "c'est peut-être une innovation, un nouveau contrat (...) c'est niveau master pour découvrir ça ». Se railler, se gausser, ironiser, etc. l’on n’entend plus que cela qui leur tient lieu de programme et de réfutation des propositions de leurs adversaires.

Je ne reviendrais pas sur le coût. Sinon pour rappeler que les emplois - du secteur public autant que privé - ne constituent pas une charge mais bien au contraire un investissement bénéfique à l’économie et aux finances publiques. Parce que chaque salarié supplémentaire, c’est du pouvoir d’achat en plus qui profite aux entreprises et commerçants et donc des rentrées fiscales : TVA et impôt sur le revenu.

Mais je ne saurais toutefois passer sous silence cette interrogation de Nicolas Sarkozy exprimée lors de son entretien télévisé le 28 octobre et rappelé par l’article cité «Si on veut embaucher 60.000 fonctionnaires en plus, où va t-on trouver l'argent ? C'est l'argent des Français »…

L’argent des français ! Ah ! Ah! Ah ! - « triple buse » ! Il a mis 4 ans et demi à s’en souvenir, lui qui n’a eu cesse de le dilapider pour son propre compte : dépendant sans compter dans le luxe superfétatoire, les déplacements, en n’ayant garde d’omettre son « éléphant blanc » digne d’un dictateur africain, à savoir son plus que dispendieux « Sarko Air-zéro » ou pour le compte de ses amis multimilliardaires de la « bande du Fouquet’s ».

Quand au « niveau master », Nicolas Sarkozy qui a dû obtenir ses diplômes de droit dans une pochette-surprise à voir comment il méconnaît la totalité des grands principes juridiques qui pourtant sont enseignés lors des deux premières années, ferait mieux de la fermer car il serait sans doute incapable de subir avec succès le moindre examen de niveau master.

Il a dû zapper de même manière le droit de la fonction publique, pourtant au programme de la 3ème année, du moins à Villetaneuse quand j’y passai ma licence en 1995. Sinon il saurait que - sauf le cas des contractuels ou des auxiliaires - les fonctionnaires ne sont ni recrutés par contrat (mais par concours) ni pour une période limitée. Mais comment s’en étonner ? Sa haine des fonctionnaires n’ayant d’égale que sa volonté de dresser les Français contre ces privilégiés bénéficiant précisément de la garantie de l’emploi (sauf bien entendu manquements à leurs obligations professionnelles ou autres).

Diviser pour régner. Ce qu’il fait avec une constance remarquable et dans tous les domaines depuis bien avant 2007. Détourner la vindicte populaire des privilèges accordés aux nantis pour attaquer les prétendus privilèges - en fait des acquis sociaux conquis de haute lutte par nous-même, nos parents et aïeux et qu’il éradique avec une férocité au moins aussi vive qu’Attila dévastait tout sur son passage au point que l’on disait qu’il n’y pouvait ensuite rien repousser. Je redoute que tel soit bien l’état de dévastation dans lequel il a mis la France… N’ayons garde d’oublier qu’Attila était originaire d’une contrée située dans l’actuelle Hongrie.

A moins bien entendu qu’il n’ait l’espoir si François Hollande est élu en 2012 - ce que je souhaite - de revenir en force - lui ou quelqu’un de sa clique - en 2017 et de tailler dans le vif comme ils le firent en 2002 en massacrant les « emploi jeunes » qui avaient pourtant fait preuve de leur efficacité.

Cela m’amène donc fort logiquement à l’ignominieuse sortie de François Baroin à l’Assemblée nationale.

Car en effet, ce "bébé Chirac" dut être biberonné à l’Evangile selon la droite : la gauche n’a aucune vocation légitime à gouverner la France. Ce fut vrai depuis la Commune de Paris (1871) que l’infâme Thiers et ses semblables noyèrent dans le sang, le « Cartel des gauches » (1924-1926) et bien entendu le Front Populaire (1936) honni par les réactionnaires - « plutôt Hitler que Blum » ! On a vu ce qu‘il en advint entre 1940 et 1945... - la victoire de François Mitterrand en 1981 et maintenant, ils remettent en question rien moins que la légitimité de la victoire des socialistes en 1997 !

Cela fait tellement longtemps que j’en suis intimement convaincue que je ne puis que partager ce qu’en dit à très juste titre Martine Billard, député de Paris et co-présidente du Parti de gauche : « La droite se sent tellement propriétaire de la France, que pour elle, toute alternance démocratique du pouvoir est un vol des droits inaliénables de l'oligarchie »…

Il n’acceptent "l’alternance" que pour autant qu’elle leur fût favorable : « Enfin, de retour dans la vieille maison ! » se réjouissent-ils comme autant de voyageurs fatigués par une longue errance imposée. Le malheur étant qu’ils n’y reviennent pas « sans bagage », tout au contraire ! Ils n’ont rien oublié et sortent incontinent de leurs malles tout l’arsenal du parfait ultralibéral encore plus virulent à chaque fois. L'éloignement du pouvoir agissant comme les piqûres de guêpes chez un sujet allergique. 

Pour la droite, l’art de gouverner est exactement la démocratie sans… le peuple.

Il suffit de voir le flot d’inepties et de contre-vérités voire de quasi injures qui se déversèrent sur George Papandreou quand il osa vouloir soumettre par référendum au peuple grec l’acceptation du énième plan de rigueur que lui imposaient les européens avant de débloquer la dernière tranche de l’aide promise en… 2010 et la mise en œuvre des mesures effaçant une partie de la dette. Après avoir tenté sans succès de transformer ce référendum en votation sur le maintien de la Grèce dans la zone euro, ils finirent par l’avoir à l’usure (le mot n’est pas inapproprié tant le taux imposés par les marchés financiers sont exorbitants).

S’il retirent le peuple - "demos" - il ne reste donc que "cratie" - de « kratos » : force, pouvoir… Avec l’image qu’ils nous donnent en permanence, j’écrirais bien plus volontiers "crassie" !

Or, nos prétendues élites - et c’est vrai aussi bien à droite qu’hélas trop souvent à gauche - vivent dans l’entre-soi - confortable, rassurant et valorisant - de l’énarchie, de Sciences-Po, des relations mondaines des dîners en villes où ils ne rencontrent que leurs pairs, qu’ils fussent hommes d’affaires ou de médias, ce qui n’a rien de nouveau ni de surprenant dans la mesure où ils sont presque tous issus du même milieu et auront fréquenté pour la plupart les mêmes - "grandes" - école.

Le peuple ? Connais pas ! Quand ils ne le méprisent pas ouvertement. Ils vivent à au moins cent coudées au-dessus de la population. Il me revient à l’instant le souvenir d’une phrase mémorable de Marie-Arlette Carlotti lors du 1er tour de la primaire socialiste à Marseille (elle est conseillère régionale) rapportée par Le Monde Récit : bonheurs et déboires d'une journée de vote inédite (10 oct. 2010) s'émerveillant devant la cohorte ininterrompue : « Regardez, ils arrivent encore, des vraies gens, pas des militants socialistes ».

Mais franchement, dans quelle monde vit-elle ? Je suis militante socialiste, je partage la même condition que les vrais gens dont elle parle et même de ceux qui connaissent le plus de difficultés (pour certains, c’est même pire). J’ai passé presque toute ma vie dans des quartiers populaires et quand je fus pendant 6 ans infirmière en usine, je m’y sentis à l’aise comme un poisson dans l’eau.

Je sors relativement peu en ce moment pour des raisons qui tiennent essentiellement à mon état de santé mais chaque fois que je monte au centre-ville de Montmorency pour y faire des courses ou lorsque j’emprunte les transports en commun, j’engage très facilement la conversation avec les nombreuses personnes que je connais et parfois même avec de parfait(e)s inconnus. Sans doute parce que je suis une incorrigible bavarde (je fus assez souvent punie pour cela par des tours de cour à la récré) et que j’aime les gens.

Ne me faites pas dire pour autant que le peuple aurait toujours raison mais à l’inverse il est tout aussi stupide que méprisant de penser qu’il aurait toujours forcément tort.

Comment n’aurais pas été indignée en lisant que François Baroin aurait déclaré qu’en 1997 le Parti socialiste aurait pris le pouvoir par « effraction » ? Bin oui, quoi ! Tels des squatters occupant « la vieille maison » sans titre légal

Il ne s’agit nullement d’une "bavure" : ce fut à l’occasion d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, donc retransmis à la télévision. Il avait dû longtemps préméditer son coup. Sans se douter que cette nouvelle saloperie lui reviendrait en pleine tronche selon l’éternelle loi du boomerang retournant à son point de départ avec la même force que lui a impulsée son lanceur.

Le Parti socialiste aurait-il pris le pouvoir par un "coup d’Etat" semblable à celui de Napoléon Bonaparte (18 Brumaire) ou de Louis-Napoléon (2 décembre 1851) ? Que non point. Baroin devrait se souvenir que c’est Jacques Chirac qui prit l’initiative de la dissolution anticipée de l’Assemblée nationale le 21 avril 1997 sous l’inspiration dit-on de Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l’Elysée.

Patrick Devedjian ne s’y est d’ailleurs pas trompé en condamnant le 9 nov. 2011 sur i-télé l’affirmation de François Baroin qu’il qualifia de « regrettable et inappropriée» jetant au passage une belle pique à l’ancien inconditionnel féal de l’ancien président de la République : « C’est dans la dissolution d’une majorité contre elle-même décidée par Jacques Chirac qu’il y a une sorte d’effraction morale ».

Vous pensez bien qu'il n'a aucune raison de prendre des gants. Nettement plus proche de Nicolas Sarkozy - son ami de 30 ans... durée funeste en politique ! - que de Jacques Chirac il fit partie de ceux chez qui la défaite de 1997 resta en travers du gosier. Pourquoi aujourd'hui ménagerait-il plus Nicolas Sarkozy lors même que celui-ci (aidé de son fils) a tenté de l'écarter de la présidence du Conseil général des Hauts-de-Seine ? Il se pose donc en arbitre : carton jaune pour les deux joueurs et balle au centre.

Il me semble évident que le résultat électoral eût été tout à fait semblable en mars 1998. Depuis les grandes grèves et manifestations de décembre 1995 - contre la réforme de la retraite des fonctionnaires (déjà !) et de la Sécurité sociale - Alain Juppé, alors 1er ministre, était fortement contesté, non seulement dans l’opinion publique de gauche mais également au sein même de la majorité, pour avoir dû reculer - sans doute fort sagement - sous la pression de la rue après décembre 95. De surcroît, la droite était sans doute majoritaire à l’Assemblée nationale mais entre Jacques Chirac, le RPR et partis composant l’UDF, ce ne fut jamais la grand amour, c’est le moins que l’on en puisse dire.

Comment Jacques Chirac - qui refusait, par amitié dit-on, de sacrifier Alain Juppé « le meilleur d’entre nous » comme tout bon "fusible" sous la Ve République et peut-être ne savait-il pas par qui le remplacer… - put-il espérer un seul instant retrouver à l’Assemblée nationale une majorité absolue de députés RPR ? C’est une bizarrerie de l’esprit que je ne comprendrais jamais. C’était de surcroît totalement méconnaître l’exaspération grandissante de la population.

Mais Baroin refuse de s'excuser (Le Monde 9 nov. 2011) se bornant à dire : « Pas de commentaire ». Il lui faudrait sans doute plus d’éducation qu’il n’en aura jamais pour exprimer des regrets publics et sans doute est-il tellement persuadé d’avoir raison que cela ne saurait même lui effleurer l’esprit, à supposer qu’il en fût doté, ce dont je doute. Ajoutant pour sa défense (bien maladroite) : « Hier c'était hier. Il y a des joutes politiques, il y en a eu d'autres par le passé, il y en aura d'autres ».

Mince alors ! Trop facile, le petit merdeux… Comment lui faire comprendre que l’Assemblée nationale n’est ni le bac à sable d’une maternelle ni une cour de récré où gnons et injures n’ont pas grande conséquence, les morpions s’en tirant à bon compte par une légère punition. Ou, s’ils vont ensuite à confes : trois Pater et un Ave et l’on n’en parle plus…

Sans doute est-ce là le reflet de la conception dévoyée par l’UMP du combat politique où l’injure et le mensonges tiendraient lieu d’arguments. Ce n’est point la mienne. Autant je pense aussi nécessaire que salutaire la confrontation claire et sans nulle concession à un unanimisme de pure façade des options politiques forcément opposées - sinon pourquoi s’affronter ? - autant je m’inscris en faux contre ce qu’il considère comme des « joutes » politiques. Elle doivent obéir à des règles de fair play, à l’instar des joutes nautiques qui supposent de respecter l’équipe adverse et ne jamais user de coups déloyaux.

Car n'en déplaise à Baroin, il advint en 1997 ce qui devait arriver : une victoire nette et sans bavure de la « gauche plurielle » menée par Lionel Jospin qui conquit 319 sièges sur 577 (dont 250 pour le PS) le RPR retombant à 134députés. Mais ainsi va la vie politique selon les lois de la démocratie. Sinon, il ne reste plus qu’à supprimer les élections et la messe sera dite.

Mais quel mépris pour les électeurs qui ont préféré « les vieilles lunes socialistes » selon ses propres termes ! « Est-ce du courage de mentir, de basculer dans la démagogie, de taire la vérité, de vous accrocher à des vieilles lunes socialistes qui vous ont certes conduit par effraction au pouvoir en 1997 ? », renchérissant : « Oui, par effraction ».

Sur ce dernier point, il fait bien entendu allusion au second tour des élections de 1997, ce que confirme parfaitement une déclaration de Jean-François Copé, un des rares à justifier les propos de Baroin : prétendant que « sa phrase n’est pas si inexacte que ça : il ne faudrait pas oublier que, si les socialistes l’avaient emporté, c’est grâce pour eux, aux 70 triangulaires qui avaient permis au Front national de se maintenir au second tour (…) les socialistes sont dans l’alliance avec l’extrême gauche, nous, nous ne faisons pas d’alliance avec l’extrême droite, c’Est-ce qui avait permis aux socialistes de prendre la majorité à l’Assemblée ».

Pas d’alliance avec le FN ! A d’autres… C’est oublier purement et simplement celles qu’ils firent sans vergogne dans quatre régions lors des élections régionales en 1998. C’est oublier le « ni-ni » des dernières élections cantonales : pas de désistement républicain ni appel à voter en faveur d’un candidat de gauche opposé à un F.N. quand la droite était défaite. C’est oublier les incessants appels du pied de Sarkozy à l’électorat d’extrême droite. C’est oublier la Droite populaire, antichambre du FN.

Il ne manque pas d’un sacré toupet le Baroin - mais « il ose tout » eût dit Michel Audiard - quand il accuse les socialistes de mensonges. Passés, présents et à venir ? Précisément quand Sarkozy et toute sa clique en font profession. Oui, il leur faudrait un courage qu’ils sont loin d’avoir pour admettre qu’ils ont mis la France dans une sacrée panade et que leur « triple A » ne vaut tellement plus tripette sur les marchés financiers qu‘ils doivent emprunter à des taux exorbitants eu égard à ceux consentis à l‘Allemagne… C’est précisément en répondant à une question sur ce sujet que le bouffon de Bercy s’est emporté.

Pourquoi « vieilles lunes socialiste » ? Parce qu’elles contredisent les « jeunes soleils ultralibéraux »… Demander plus de justice sociale et fiscale, c’est d’un ringard ! S’en prendre aux 35 heures et aux emplois-jeunes c’est attaquer par avance le recrutement de 36.000 enseignants proposé par François Hollande et les « contrats de génération » proposés aux jeunes afin de leur permettre d’acquérir une qualification professionnelle encadrés par un tuteur. Xavier Bertrand promet tous les mois - quand tombent les calamiteux chiffres du chômage - de prendre a bras le corps la question de la formation professionnelle des jeunes. Rien vu venir.

S’il faut être démago pour redonner quelque espoir aux Français, alors Nicolas Sarkozy est passé maître dans cet exercice. Il suffit de se souvenir de toutes ses fabuleuses promesses - bien entendu non tenues - proférées comme autant d’injures à la face de tous ceux qui y ont cru. Du « travailler plus pour gagner plus » à la réhabilitation de la valeur travail de tous ceux qui se lèvent tôt. Ses « nouveaux amis » - les ouvriers - s’en souviennent encore, de même que sa défense acharnée du maintien de l’usine de Gandrange. Quant à « aller chercher les 3 points de croissance avec les dents » il les a usées à creuser le déficit pour combler de bienfaits ses multimilliardaires amis de la « bande du Fouquet’s ».

Quant à prétendre comme le fait Baroin pour justifier son attaque : «Car c'est sur un coin de table que vous avez rédigé l'affaire des 35 heures ; c'est sur un quoi de table que vous avez rédigé, M. Strauss-Kahn et Mme Aubry, l'affaire des emplois de jeunes ; et c'est sur un coin de table que vous êtes arrivés, en effet, aux affaires ; et c'est sur un coin de table que vous rédigez un projet qui est aujourd'hui caduc » c’est totalement méconnaître ce qui s’est passé au sein du Parti socialiste de 1995 à 1997.

En effet, si je fus souvent critique à l’égard de Lionel Jospin sur certains aspects de la politique qu’il a menée après 1997, je lui reconnais le grand mérite d’avoir remis le PS en parfait ordre de marche après son échec de 1995 et notamment d’avoir impulsé 4 conventions nationales pour la préparation du programme en vue des élections législatives de 1998. Dont chacune donna lieu à un vrai travail de fond, sur des textes plus ou moins contradictoires émanant des divers courants ou de groupes de personnes. Un pur chef d’œuvre de démocratie interne dont je doute que jamais l’UMP nous donnât l’exemple.

Pour y avoir participé autant dans les réunions de la section socialiste de Montmorency ou en tant que déléguée dans des conventions départementales, je peux en témoigner de l’intérieur. Je votai contre quelques propositions qui me semblaient irréalistes non pas par démagogie mais excès d’enthousiasme.

Pour son « coin de table » Baroin pourra toujours repasser ! Nous fûmes sans doute surpris par la dissolution de 1997 - bien moins que la droite ! - mais le programme socialiste était déjà élaboré. Correspondant pour l’essentiel aux aspirations d’une partie non négligeable des Français. Il restera à savoir si en 2012 ils adhèreront aux propositions de François Hollande qui ne sont pas plus qu’hier rédigées sur un coin de table mais au contraire, ce me semble, mûrement réfléchies et pesées.

« Caduques » ? Parce que ne s’inscrivant pas dans la « feuille de route » des marchés auxquels Nicolas Sarkozy s’inféode… Sans même parler de la Chine, hein ! Beurre ou glycérine ?

« L’intérêt supérieur de la France » que Copé ose invoquer pour s’immiscer - à quel titre ? - dans les discussions entre le PS et les Verts n’est rien d’autre que celui d’EDF et d’Areva. Le fric et les amis - Proglio en l’occurrence - toujours la « bande du Fouquet’s. Force est de reconnaître qu’à Flamanville comme en Finlande l’EPR est un lamentable échec technologique et un gouffre financier. Quant au nucléaire français, les centrales ont été si mal entretenues depuis nombre d’années - victimes de tant de d’incidents et de pannes à répétition depuis notamment l’été 2009 - qu’Eric Besson nous promet un Noël… aux bougies ! Avant « l’hiver nucléaire » ?

Brice Hortefeux qui ne craint pas le ridicule - avant d’être rattrapé par la justice au sujet des « documents Takieddine ? - aura beau avancer en tant qu’animateur de la cellule Riposte de l’Elysée « qu’être homme d'Etat, ça ne s'improvise pas : un homme d'Etat doit être responsable, or M. Hollande ne l'est pas ; dans toute cette séquence, il ne l'a pas été » estimant par ailleurs que le candidat socialiste se contenterait de « jouer les mouches du coche »…

Sachant que la campagne menée par Nicolas Sarkozy et ses sbires ne saurait qu’être que particulièrement nauséabonde - il m’est revenu dernièrement en mémoire le mot inaugural de « Zazie dans le métro » : DOUKIPUDONKTAN ? - et trash comme à l’accoutumée point n’est besoin d’être grand clerc pour augurer que les "étrons de campagne" ne nous seront point épargnés, la clique de Sarkozy jouant comme d’hab les « mouches à m...».


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