Magazine France

Allaitement, affaires, gouvernement: Sarkozy perd le sens de la mesure

Publié le 17 novembre 2011 par Juan
Allaitement, affaires, gouvernement: Sarkozy perd le sens de la mesure Il a parlé des difficultés d'allaitement de sa femme. Il a envisagé virer la moitié de ses ministres la semaine dernière. Il a fait classer une affaire de pot-de-vin qui risquait d'éclabousser la droite. Son jeune Wauquiez a expliqué qu'il valait mieux que les salariés malades soient moins indemnisés pour être davantage « responsabilisés ».
En quelques heures, à peine 24 heures, nous avions dû supporter quatre dérapages incroyables. La presse mentionne mais ne s'indigne plus. Nous sommes pourtant en 2011, Nicolas Sarkozy tente toujours de paraître président à moins de 6 mois de l'échéance de son bail.
Une nouvelle pub de Benetton le montre embrasser Angela Merkel goulûment sur la bouche.
Tout un symbole
Exhiber son intimité
Elle a peur de manquer de lait pour la petite Giulia. La nouvelle est intime, évidemment. Mais Nicolas Sarkozy a lâché cette confidence concernant sa femme pendant sa visite officielle d'une Caisse d'allocations familiales près de Bordeaux mardi dernier. Il était évidemment filmé, et largement entouré.
« Vous savez qu'elle a peur de ne pas avoir assez de lait... Maintenant je suis devenu un spécialiste... à mon âge...Et vous savez, ça déculpabilise les hommes parce que ça pose pas le problème de donner le biberon. » Les caméras s'étaient écartées
Ce mardi, Nicolas Sarkozy était indécent.

Indécent.
Le Petit Journal du 15/11 - La vidéo (pas très) volée...
Déstabiliser le gouvernement
Il y a quelques jours, il failli encore remanier. Et se séparer d'un ministre sur deux, juste après le sommet du G20 des 3 et 4 novembre dernier. Inutile de penser qu'il s'agissait de mieux « travailler » au service de la France, en pleine crise internationale. Non, bien sûr. Il s'agissait simplement de marquer les esprits pour la campagne de réélection, redonner de l'énergie à ses troupes. Une dernière manoeuvre politicienne de fin de règne.
L'information a été publiée mardi soir sur le Parisien.fr. Il pensait resserrer son gouvernement à 15 ministres pour les derniers 6 mois avant le Grand Scrutin. Dominique de Villepin devait intégrer l'équipe. On se rappelle que l'ancien premier ministre s'était rendu à la Lanterne le weekend de la Toussaint, rencontrer Nicolas Sarkozy et Claude Guéant.
Heureusement, le Monarque a hésité et renoncé.  Un proche anonyme s'est confié au Parisien: « Il a renoncé parce que ça faisait un peu panique à bord. Ca accréditait l'idée d'une crise grave. Et c'était très compliqué à faire techniquement ». Et Villepin ministre ? « Ca peut se faire un jour. Mais pour l'instant, il est accusé tous les jours d'avoir touché des mallettes, alors... A ma connaissance, pour l'instant, rien n'est prévu pour Villepin ».
Sarkozy a renoncé, mais il y a pensé. Cet homme a pensé à virer 50% de ses ministres au beau milieu d'une tempête inédite. Il n'est pas le capitaine d'un pédalo, c'est le chef d'orchestre du Titanic.

Inconscient.
Classer les affaires
L'affaire Bourgi est ... classée. Finalement, tout est bien qui finit bien. Nous avons la confirmation du souci qu'avait Nicolas Sarkozy de calmer la guerre à droite.
Quand Robert Bourgi, avocat d'affaires et intermédiaire de Françafrique avait accusé Jacques Chirac et Dominique de Villepin, le 11 septembre dernier, d'avoir perçu pour environ 20 millions de dollars de pots-de-vin de la part de chefs d'Etat africains entre 1995 et 2007, on y avait vu une jolie manipulation. Robert Bourgi avait occupé l'espace médiatique, faisant le tour des radios, télévisions et journaux alors que Pierre Péant livrait son dernier ouvrage, « la République des mallettes », trois jours après. Péant ciblait son enquête sur les sales coulisses de la corruption politique sur un personnage très secret et controversé, Alexandre Djouhri. Cet ami de Dominique de Villepin est devenu un proche conseiller de l'ombre de Nicolas Sarkozy et Claude Guéant depuis 2007.
Mais l'activisme médiatique de Robert Bourgi avait fini par inquiéter l'Elysée. On comprenait que Sarkozy voulait pacifier la droite. Et cette affaire, comme le gigantesque scandale du Karachigate, risquait d'éclabousser bien trop de monde. Mercredi 16 novembre, la messe était dite. Après 5 semaines d'enquête préliminaire où rares furent les témoins auditionnés, le parquet de Paris a décidé de classer l'affaire ... sans suite. Une source judiciaire expliqua à l'AFP que «  les allégations de M. Bourgi ne peuvent être confortées par un quelconque élément de preuve susceptible de motiver des investigations ». Ben voyons !
Un avocat témoigne du versement de mallettes de billets à d'anciens hauts responsables politiques français et, en 5 semaines, l'affaire est ... classée.
Quelle célérité de la « justice » !
Vous rappelez-vous l'affaire des neuf de Tarnac ? Ces prétendus terroristes de l'ultra-gauche capturés par la DCRI, emprisonnés des mois durant, libérés ensuite faute de preuve, sauf Julien Coupat qui patienta près de deux ans en cellule.
Insulter les fragiles
Mardi, l'intervention présidentielle à Bordeaux contre les « fraudeurs » à la Sécu n'a convaincu pas grand monde. S'abriter derrière l'ombre tutélaire du général de Gaulle pour justifier, geste à l'appui, que les bénéficiaires du RSA devaient cesser de faire « l'aumône » avait quelque chose d'incroyablement indécent de la bouche d'un partisan du cumul des postes et des mandats. Sur ce coup-là, Nicolas Sarkozy avait même joint le geste à la parole, en tendant la main comme pour une aumône quand il prononça le mot RSA.
Certaines images sont choquantes. Nicolas Sarkozy, qui pourtant exige une large et coûteuse couverture filmée à chacun de ses déplacements électoraux, n'a pas hésité ou réfléchi.
Indécent.
Le lendemain, son jeune supporteur Laurent Wauquiez n'avait rien d'autre à dire que d'aggraver la cause. Il est pourtant ministre de l'enseignement supérieur. On imagine qu'il a autre chose à faire. Mais non, ce matin-là, fidèle soutien, il voulait montrer qu'il était le plus sarkozystes des sarkozystes. Laurent Wauquiez espère être premier ministre en 2017 (si la droite gagne), et président en 2022. En 2022, cher Laurent Wauquiez, nous serons là car nous sommes légions (sourire).
Le jeune ministre, ce mercredi sur BFM-TV et RMC, a donc expliqué: « Si jamais, quand vous tombez malade, cela n'a aucun impact sur votre indemnité et votre salaire, ce n'est pas très responsabilisant. Du coup, on a un peu l'impression que la sécurité sociale est quelque chose sur lequel on peut tirer sans qu'il y ait un impact ». 
Et si jamais, quand vous promettez n'importe quoi pour vous faire élire, cela n'a aucun impact sur votre élection... est-ce bien encore bien responsabilisant ?
Les propos de Laurent Wauquiez, s'ils trahissent une quelconque argumentation sarkozyenne (le doute est-il encore permis ?) étaient simplement ignobles.
Ignobles.
Privilégier les copains
Lors du conseil des ministres tenu ce mercredi 16 novembre, Nicolas Sarkozy a paraît-il sévèrement taclé les écologistes et le parti socialiste. Ces derniers négocient leur plate-forme de gouvernement au cas où ils gagneraient le Grand Scrutin de 2012 prochain. En sortant, quelques ministres avaient leurs éléments de langage. Le message/massage était simple: les Verts échangeraient des circonscriptions contre des suppressions de centrales nucléaires.
L'attaque était simple: les écolos étaient bassement politiciens, et François Hollande irresponsables. Il n'avait fallu attendre que 6 mois après Fukushima pour l'UMP nucléo-responsable nous explique combien le nucléaire était sans risque et le débat impossible. Quant au supposé clientélisme politique, l'hôpital avait décidé de se moquer de la charité.

Faudrait-il dresser la liste des mesures électoralistes de Nicolas Sarkozy depuis 2007 ? L'abaissement de la TVA sur la restauration ? les 72 milliards d'euros de cadeaux fiscaux ? Le placement des proches à quelques postes clés ?
On continue ?


Retour à La Une de Logo Paperblog