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Big Love - Bilan - Critique - Saison 2

Publié le 29 février 2008 par Blabla-Series

Big Love nous est revenu cet été, pour notre plus grand plaisir.
Du temps s’était écoulé depuis cette saison inaugurale, du temps s’est encore écoulé depuis la fin de cette seconde saison. Il est temps de faire le point, de retrouver notre bien-aimée famille Henrickson, de revoir ces trois femmes tant appréciées, leurs enfants et leur mari si particulier.
Apres un season finale cataclysmique, on s’attendait au pire pour cette famille polygame, les voir traverser tout le pays dans une gigantesque caravane à la manière des Malloy/Riches qui me manquent également terriblement. Pourtant, dès ce season finale, on retrouve une famille aux apparences ordinaires, un quartier toujours aussi anodin et une vie de famille faussement tranquille. Rien n’a changé, à une exception près : Barb.

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 La Révolution-Barb
On retrouve une Barb au moral plus bas que terre, sa disqualification au concours de mère de l’année l’a humiliée et a fait d’elle une paria. Barb devient casanière, paranoïaque, rancunière et isolée.
Lors de cette saison, Barb est devenue une toute autre personne, quelqu’un qui défie son mari, qui renie son propre mode de vie, on comprend peu à peu que Barb n’a jamais totalement accepté le nouveau choix de vie de son cher et tendre. Pour échapper à sa rancune et sa colère, Barb décide de quitter un moment le foyer familial et de faire le point. Elle décide de reprendre ses études, de mener sa vie, de renouer les liens avec sa famille puis de revenir à la maison, plus saine et posée.

 Pourtant, lors de cette saison, Barb ne redeviendra jamais l’épouse dévouée et principale pilier de Bill. Elle tente quelques mutineries, essaye tant bien que mal de faire renoncer Bill à ses projets professionnels un brin malsains, de rallier les deux épouses à sa cause, de convertir la petite Rhonda et de l’éloigner du terrible Roman, et compte bien aussi inculquer une éducation chrétienne à ses enfants. Lorsqu’elle découvre notamment que Ben, son aîné, connaît quelques aspirations polygames, c’en est de trop pour Barb. On comprend alors que la polygamie, son guide de vie est quelque chose qu’elle ne tolère que très peu, quelque chose qui l’assène au plus profond d’elle.
Mais pour autant, Barb ne se détourne pas de ses principes : elle continue l’entretien de son foyer avec ferveur et patience, et n’hésite jamais à aider ses proches, notamment le frère de Bill qu’elle apprécie particulièrement.


Le personnage de Barb a dans cette saison creusé une autre de ses –passionnantes- facettes, c’est une femme complexe qui a ses propres opinions et qui résiste tant bien que mal à outrepasser ses choix pour vivre dans cette vie qui l’incommode tant. Après de longues réflexions, des remises en questions existencielles et son rapprochement avec les siens, Barb retrouve la foi en son mariage. En avouant la polygamie de la famille aux voisins, c’est comme son libre-arbitre qu’elle parvient à pleinement récupérer.

Une Margene comme on aime
Ses sister-wives ont également vécu de nombreux évènements lors de cette saison.
Je poursuis en parlant de mon personnage préféré de Big Love, celui qui est aussi touchant que maladroit : Margene. Margene a des airs infantiles, elle réagit de manière impulsive, boude quand il faut, joue l’hystérique lorsqu’elle est heureuse. La saison inaugurale nous l’avait introduit de cette manière.
Durant cette saison, la personnalité de Margie est creusée en profondeur. Le principal défaut de Margene ? Etre folle amoureuse de cette plaie qu’est Bill. Pour elle, la polygamie est un jeu à prendre à la légère ; elle aime son mari, aime les enfants de son mari et aime ses femmes comme deux meilleures amies. Dans cette saison, Margene nous a ainsi offert de grands moments : tentatives d’émancipation et d’indépendance aux scènes hystériques caractérisée par sa personnalité haute en couleurs en passant par quelques moments touchants à l’égard de sa mère, Margene montre qu’elle est plus qu’une simple baby-sitter et aide-ménagère ponctuelle.

Lorsque Bill rencontra Ana, je craignais que Margene se révolte, qu’elle comprenne enfin qu’être la dernière femme était comme le disait Nicky une preuve de la jeunesse et beauté éphémère destinée aux bons plaisirs de Monsieur. Mais au contraire, Margene s’est réjouie de cette rencontre. En quête d’amitié et de soutien, elle montre une personnalité chaleureuse et aimante, son désir de porter l’enfant de sa voisine Pam le montre aisément : Margene n’aspire qu’à une chose : être reconnue et estimée pour ce qu’elle est.

Nicky, l’argent, le pouvoir, la vengeance ; scène II
Pour Nicky, la vie suit son cours. D’abord, enchantée par le retrait du pouvoir de Barb, elle comprend peu à peu qu’elle a besoin de ses deux sister-wives. Se sentant à quelques égards délaissée par son mari et remettant en cause ses croyances spirituelles les considérant comme un grandissant tue-l’amour, Nicky va renouer avec ses plus intimes démons : l’argent et le pouvoir. Nicky est une femme autoritaire, tyrannique, qui aime avoir le contrôle et qui ne peut se rassurer qu’en exerçant le pouvoir, celui de mère à l’égard de tous les enfants Henrickson, de sœur à l’égard de Barb et Margene et d’épouse considérée à l’égard de Bill.
Lorsque la nouvelle entreprise sera mise à flot, Nicky va ainsi retrouver le plaisir du jeu et des gains. Peu à peu plus cupide que jamais, Nicky va commettre l’irréparable : voler l’argent de Juniper Creek, un fait qu’elle regrettera amèrement car sera constitutif d’une source de chantage permanent qu’Alby usera avec habilité.


Cette saison sera pour elle une épreuve aussi difficile que celle vécue par Barb ; lorsqu’elle apprit que son père lui-même dénonça Barb aux autorités, elle réalisa qu’elle est face à un dilemme. Elle ne peut blâmer l’acte de son père sans rompre leur relation et ne peut soutenir Barb et sa famille sans accepter de renoncer à ses proches mormons. Sa mère lui facilitera la tâche : lorsqu’elle comprit que Nicky était derrière la fugue de Rondha, elle la bannira à vie de la communauté. Nicky sera par la suite ravagée par le chagrin et tentera à plusieurs reprises de renouer avec le lien familial.

Bill, plus avide et détestable que jamais
Concernant Bill, ses enjeux personnels sont restés identiques. Avide de succès, de profit et de reconnaissance, Bill tentera le diable : il se vengera de Roman en lui volant le marché du casino. Comme toujours, son irresponsabilité entraînera de bien fâcheuses conséquences. Il s’en sortira par lâcheté, évidemment. J’ignore si le souhait des scénaristes était de le rendre encore plus antipathique mais le pari est réussi, s’il n’y avait pas trois femmes aussi fascinantes, Big Love serait très amoindri par cet étrange personnage et en souffrirait beaucoup.
Pour autant, la storyline « Ana » très attachante, rectifiera pour un temps le tir. Au départ, on ne pouvait que voir d’un mauvais œil le désir de Bill de trouver une quatrième épouse : n’étant même pas fichu de combler les envies de ses trois épouses actuelles, pourtant, très vite, on se prendra d’amitié pour cette jeune serveuse de l’Est et commencera à envisager l’avenir des Henrickson à 5 avec plus de gaieté. C’était sans compter Bill et ses sautes d’humeur : il rompt avec Ana au milieu de saison. Mais l’apparition de cette dernière lors du season finale est annonciatrice de bonnes choses. 

Juniper Creek ou l’effrayante mais captivante communauté
Du côté de la communauté, cette saison révolutionna également le système. Après les combines de Bill, les mafieux mexicains s’en sont pris à Roman Grant en essayant de l’assassiner. Cet éventuel départ a fait naître en son fils aîné Alby de bien mauvaises ambitions : devenir le nouveau prophète de Juniper Creek. Echouant à la tentative de meurtre, Alby se contentera alors de dénoncer son père aux autorités pour toutes les malversations qu’il effectua afin de s’assurer du trône de Juniper.
La communauté mormone a eu un effet davantage positif que celui laissé en saison inaugurale. Enfin accommodé de l’étrangeté de l’univers, on commence alors à apprécier vivement le travail scénaristique déployé autour de tout cet univers, grâce à quelques personnalités fortes telles que Loïs, Adaleen et Wanda, les piliers féminins de Juniper Creek et du côté sombre, Alby, Roman ou encore Frank.

Big Love ou une banalisation du mal efficace et virulente
Je n’ai jamais été de ceux qui ont vu en Big Love une première saison mitigée aussi réjouissante que très ennuyante, j’ai été pris de suite par cette série et son univers singulier ; cette famille me fascine férocement et la communauté mormone bien que plutôt malsaine m’intéresse vivement.
Big Love a tout des caractéristiques de la chronique singulière, son ton si juste lui permet de dépeindre des situations aussi romanesques que très réalistes ; Big Love excelle dans ce qu’elle effraie, amuse dans ce qu’elle alimente. Sans jamais juger ni condamner, Big Love dépeint une famille ordinaire affectée d’un héritage fondamentaliste lourd, sans hypocrisie ni faux semblants, elle démontre toute la normalité d’une famille subversive avec une empathie très appréciable.
Barb, Margene et Nicky sont assurément le pilier majeur de Big Love. Complexes, contradictoires mais surtout follement aimantes, ces trois femmes nous offrent une vision différente et singulière de la famille, du mariage et de la polygamie, un mode de vie à la fois contestable, spirituel et traditionnel.

Le puritanisme associé au vice à l’état pur, une articulation encore plus habile
Le postulat de Big Love était bourré d’ambitions et de dangers potentiels mais la saison inaugurale a évité les écueils et a produit une histoire prenante. La seconde saison, elle, a rehaussé le niveau déjà louable et servit plusieurs arcs passionnants, tous aussi bien écris et maîtrisés les uns que les autres.

Grâce à une écriture impeccable et une imagination sans bavure aidée par la mise en scène très HBO, l’aspect général de cette saison aussi réjouissant que captivant s’est ainsi distingué de la première saison, cette saison a dépassé la dimension familiale réalisée par le premier volet et introduit une approche différente, plus ambitieuse et davantage incisive de cette famille polygame ; le mélange du puritanisme teinté de religion au vice et à la transgression que comporte naturellement le mode de vie familial polygame est ici encore plus habile et captivant.
Après ce season finale aussi cataclysmique que le précédent, la troisième saison déjà en tournage nous semble promettre encore plus de revirements, de passions, d’enjeux sur le feu et d’histoires de mœurs revues et recorrigées à la façon singulière d’Olsen et Scheffer.

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