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Les luthériens et leur morale nous entraînent à l'aventure

Publié le 19 novembre 2011 par Laurent Carré

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Cela fait plusieurs semaines que je réfléchis à l'écriture de ce billet et j'ai quelques temps imaginé que finalement il serait dépassé avant d'être publié mais malheureusement il n'en est rien.

Comme quelques commentateurs l'ont écrit (notamment Paul Krugman, prix Nobel)l'Euro est virtuellement mort et ceci est parfaitement illustré par les réactions des marchés obligataires des ces dernières semaines. Nous avons vécu pendant une dizaine d'année sur l'illusion que la zone Euro était soudé sur le plan monétaire malgré la diversité (pour ne pas dire divergence) des différents pays qui la compose. Les grands prêteurs ne faisaient d'ailleurs pas de différences notables entre les différents pays de zone ce qui a permis à la Grèce, par exemple, de s'endetter au delà du raisonnable sans rendre son économie compétitive.

Quand la situation est devenu insoutenable, nos dirigeants se sont retrouvés devant un choix entre deux solutions:

  • Maintenir l'illusion et racheter collectivement la dette Grèce via la BCE ou le FESF. C'était la solution préconisée par la France pour faire simple.
  • Casser l'illusion et demander aux prêteurs de prendre leur responsabilité sous forme de décotes de créances. C'était la solution poussée par l'Allemagne et qui a finalement été adoptée.

Pourquoi l' élite allemande, pourtant très pro-européenne, a-t-elle poussée la Grèce au défaut malgré le risque collectif que celà entraîne ? Parce qu'elle trouve immoral qu'un pays qui n'a fait aucun effort soit "sauvé" par la collectivité et que ceux qui ont pris des risques (les prêteurs autant dire tous les épargnants européens) ne soit pas pénalisés.

Donc, au nom de la morale, on est en train d'entraîner l'Europe, donc la principale puissance économique du monde (il faut rappeler que (Allemagne + France) > Chine), dans des territoires inconnus avec les conséquences que nous commençons à mesurer. Il était toutefois évident que la situation ante était intenable à moyen terme car basée sur une illusion et pas sur une réalité. Il faut maintenant trouver une solution à long terme pour réconcilier une monnaie unique et le fait qu'elle soit partagée par 17 nations "souveraines" et si malheuresement aucune solution n'est approuvée par l'ensemble des peuples c'est le grand saut dans l'inconnu. Une autre option eut été de trouver une solution d'abord en gagnant du temps, mais la morale luthérienne en a décidé autrement.

L'élite politique et financière allemande, et en particulier l'un de ses membres les plus emblématique Wolgang Schäuble, a bien conscience que maintenant une des construction majeure de l'unité européenne est en danger et qu'il faut progresser vite si l'on ne veut veut pas que tout se termine mal et propose de redéfinir le modèle d'intégration de la zone Euro (ou de ce qu'il en restera). Les débats à venir autour de ce nouveau modèle et l'adhésion qu'il suscitera vont forger le destin collectif des Européens.


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