Magazine Culture

JE NE SUIS PAS CELLE QUE JE SUIS, de Chahdortt DJAVANN

Par Geybuss

JE NE SUIS PAS CELLE QUE JE SUIS, de Chahdortt DJAVANN

 Roman - Editions Flammarion - 536 pages- 21 €

Parution en août 2011

RENTREE LITTERAIRE SEPT 2011

L'histoire : Deux histoires en fait. Celle de Donya, en Iran, dans les années 80 et début 90. Une jeune femme révoltée contre l'oppression du régime Islamique des Mollahs, rêveuse, battante, étudiante. Coûte que coûte, elle veut quitter l'Iran jusqu'au jour où...

Celle d'une autre femme, jamais nommée, à Paris dans en 1994, dans le cabinet d'un psychanalyste. Elle se débat contre elle même, contre son passé enfoui, contre celle qu'elle est, qu'elle n'est pas, qu'elle ne veut pas être. Elle se rappelle son père, sa famille, son enfance, toujours sous la peur et les menaces d'un régime en place...

Tentatrice : Silvana Bergonzi

Fournisseur : Silvana et les éditions Flammarion, merci pour l'envoi.

-toile4.jpg

Mon humble avis : Quel roman poignant, captivant, bouleversant et révoltant. Un véritable coup de point qui transforme ce livre en coup de coeur pour moi !

Un roman à lire en cette période préélectorale en France, où l'on s'énerve des défauts de nos dirigeants et où l'on s'insurge devant certaines décisions injustes, en ces temps où des pays comme la Tunisie et la Libye vont se choisir une nouvelle orientation politique... inquiétante à nos yeux.... Car avec "Je ne suis pas celle que je suis", nous reprenons conscience de la base : notre chance de vivre en démocratie, de jouir de la liberté, de notre corps, de notre esprit, de notre droit, de notre identité... Notre gouvernement est hypocrite, le régime théocratique des Mollahs en Iran est barbare et contradictoire. Au nom de la religion, au nom d'Allah, on torture, on viole, que vous soyez étudiantes ou à peine sorties de l'enfance pour un nom, un code non respecté. Les gardiens de la révolution vous surprennent avec du rouge sur les ongles, c'est dans un sac rempli de cafards qu'on vous glisse les mains. Vous êtes violées, vous méritez la peine de mort puisque vous n'êtes plus vierges. Vous reposez et massez vos pieds après une marche éprouvante, vous vous retrouvez dans une cave, à la merci d'hommes tout puissants. Oui, l'homme est tout puissant et la femme n'est rien. Elle est considérée comme mineur à vie, n'a aucun  droit.

C'est cette vie là que nous raconte le récit de Donya, cette jeune étudiante Iranienne qui, part tous les moyens, veut quitter son pays. Chahdortt Djavann dresse ainsi deux portraits. Celui de cette jeune femme qui se rêve un destin héroïque, cette femme courageuse, qui garde la tête haute, qui ne renonce pas malgré toutes les épreuves, les obstacles et la peur qui noue le ventre. Portrait aussi sans concession d'un pays, l'Iran, de ses dirigeants de l'époque, les Mollah, d'une loi, la Charia et d'une religion extrémiste : L'islamisme. C'est fascinant et c'est déjà de l'Histoire, de l'Histoire à ne pas oublier. Moi, petite française protégée que je suis, j'ai grandi en voyant Khomeini à la télé. Mes neveux ne connaissent sans déjà doute pas cet homme.

Alors rien que pour ce témoignage de la vie des femmes en Iran suite à la Révolution, ce roman est incontournable. A lire maintenant tout en étant ravie de porter une jupe en sortant de chez vous et de sentir le vent dans vos cheveux...

Et il y a l'autre récit, celui de la psychanalyse d'une jeune iranienne à Paris, quelques années plus tard. Une iranienne qui ne trouve pas sa place en France et qui n'a plus la sienne en Iran. On déduit très vite que cette analysante est Donya. Au fil des séances, on va découvrir d'autres pans de sa vie. Il est alors il est plus question de l'enfance, du rapport au père, à la mère, à la violence. Ces séances sont extrêmement bien décrites, dans un style qui peut perturber un peu toute personne étrangère à cet environnement : l'hyperréalisme, transfert et contre transfert, trouble de la personnalité... On y sent le débat intérieur de la patiente envers elle même, mais également ses doutes envers cette analyse qui la ruine et qui semble lui causer plus de douleur que de réconfort.  On est atterrée devant les dégats psychologiques d'un régime totalitaire. Ces deux récits nous conte la vie entière de Donya... moins ces trois dernières années. Comment a-t-elle réussi à quitter l'Iran, c'est dans un autre tome que nous le découvrirons.... avec impatience.

Car on est accroché à ce destin peut ordinaire, partiellement autobiographique. L'histoire de Donya est un hymne à la femme, à sa force et à la liberté. C'est aussi une belle déclaration d'amour à la langue française... Puisque c'est dans notre langue que ce livre a été écrit, une langue apprise patiemment, avec persévérance en récitant par coeur le Robert pour s'enrichir de nouveaux mots. Une langue qui est moins douloureuse que le Persan, qui n'évoque pour la jeune analysante que cauchemar et enfer.

Devant une telle histoire si puissante, une si belle maîtrise de l'exercice littéraire et du rythme, on ne peut que s'incliner par respect pour l'auteure et pour que nos yeux rencontrent les pages de ce livre saisissant et sublime. Un livre trop fort et trop riche pour être enfermé et limité à un billet sur un blog. Et, en me relisant, je me trouve peu capable dans transcrire toute la grandeur. Alors libérez le, entrez dans ses pages et tournez les, même s'il y a de grandes chances pour qu'elles se tournent toutes seules, très vite, sans que vous vous en rendiez compte.

"J'avais l'impression qu'avec la vie, je dansais un tango : quand j'avançais, elle reculait et quand j'avançais, elle reculait"

"Ce n'est pas étonnant que la réalité se déforme sous mes yeux. J'ai dû tellement manipuler et annuler psychiquement la réalité que tout a été  déréglé dans mon cerveau. Il disjoncte de temps en temps; comme un compteur éléctrique qui ne peut supporter la charge'

"Sa vie lui était une prison, elle voulait s'en évader à tout prix. Elle ne savait pas pourquoi elle était dans l'incapacité à vivre une vie semblable à celle de ses camarades, elle ne savait d'où lui venait son inaptitude à se situer dans le monde des humains."

"Les gens se résignaient au régime comme à une catastrophe naturelle contre laquelle nul ne pouvait rien, qui suivait son cours et se terminerait d'elle même"

LIVRE COUP DE COEUR.... DEMAIN, DEUX EXEMPLAIRES DE CE LIVRE A GAGNER ICI SUR CE BLOG... CONTRE GARANTIE DE PUBLICATION D'UN BILLET SUR VOTRE BLOG ! ALORS A DEMAIN !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Geybuss 1558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines