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Richard TAILLEFER.

Par Ananda

FORETS QUI PORTEZ TOUT

 

 

 

Forêts qui portez tout

 

Forêt primitive

Elle nous conduit

jusqu'à ce que nous sommes

S'en souvient-elle

de ce long silence après l'orage

de cet embrasement ultime

entre le gel et le feu

Des nuits anciennes

avant le verbe avant les maux

avant même que l'homme ne prenne racine

 

Forêt de chair indomptable

 

Ici

rien n'est tout à fait mort ni tout à fait vivant

Parfois

Je cherche et guette

le moindre bruit du vent

Quand le ciel est noir

que la lune s'éclipse

Je songe à l'infini

de la forêt immense

Le calme est tel

qu'un chant y raisonne

Un oiseau sur la branche

se pose s'envole puis disparaît

 

Forêt Impénétrable

 

Plus je m'en approche

plus je m'en éloigne

Trop faibles sont mes pas

et je porte avec peine

Tout le poids solitaire du voyageur

Moi qui n'ai de souci

que de flâner d'un pas tranquille

Suivre

le cours d'eau du ruisseau

M'enfoncer et me perdre

dans les méandres de la forêt profonde

 

Forêt éphémère

Son souffle emporte tout

bien avant que la flamme

ne s'éteigne avec l'aube

Au loin

s'étend un horizon confus

de sève de cendres et de larmes

On dit

que l'absence n'est qu'une illusion

si la parole demeure

et propage son chant

J'attends dans la nuit

une éclaircie qui ne vient pas

Entendez-vous bramer le cerf dans la forêt qui gronde ?

 

Forêt carnivore

 

Chaque nuance

amplifie le rythme

Au gré du vent

la colline immobile

se prosterne dans les muscles du temps

Ici ce n'est

qu'un chevauchement de désir

Bouches dédoublées à l'infini

sous la morsure des strates

avant le baiser des veines assassines

Un territoire de peau incandescente

 

dans le vacarme des forces sismiques

 

Forêt captive

Il faudrait

d'un seul regard

entrevoir la plaine

retranchée dans ses quatre coins

entre le gris du ciel

et cette terre d'argile

qui court vers la forêt profonde

où nul homme s'invite

Ici où là

émergent d'énormes rochers blancs

si ce n'est quelques feuillages

rouges et mauves

égarés aux pieds des grands arbres

qu'un incendie menace

comme peau de chagrin

Pourtant

la nuit, tout près

j'entends le bruit du torrent

sur la pierre qui roule

annoncer le printemps

 

Forêt perpétuelle

 

Les vapeurs de l'étang

ont la couleur du ciel

De l'arbre en fleurs à l'arbre mort

quelle distance nous sépare

La mousse colore

le printemps des pierres

alors que les feuilles mortes

recouvrent déjà tout un désert de ronces

Le fleuve est sombre

et la pluie va tomber

Ne pas sombrer au creux de la vague

que porte le vent qui se lève

 

Seul sur ma barque de passage

je songe

et regarde un nuage

qui s'enfuit au loin

 

Forêt de lumière

 

Tu dis neige !

Un rouge soleil

recouvre la roche qui se dérobe

 

On distingue à peine

un dernier nuage

dans sa quête perdu du ciel

Fleuve qui se prolonge

au travers des gorges profondes

Au loin

un chemin nous emporte

avant que le soir nous rattrape

au pied de la montagne noire

Je vais, je viens

mais sans laisser de trace

 

 

 

Richard Taillefer


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