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UMP : la méthode « un jour sans fin »

Publié le 23 novembre 2011 par Variae

Phase 1

Un fait divers survient et monopolise l’attention des médias nationaux. Sa sauvagerie et son injustice, la détresse des victimes bouleversent l’opinion, au point de faire passer son caractère de fait divers (probablement rare) au second plan.

UMP : la méthode « un jour sans fin »

Phase 2

Très vite, des tirailleurs UMP entrent en action. Ils occupent le terrain et balisent le débat en rivalisant d’adjectifs et de pathos pour désigner ce qui vient de se passer, en reliant le drame à des causes « sociétales » et morales (les racailles, l’irresponsabilité, la violence juvénile, la récidive …), ou à la défaillance, aux « dysfonctionnements » d’un corps constitué (les juges, les enseignants, …). Parallèlement sont dénoncées les tentatives « d’instrumentalisation » d’adversaires politiques qui leur répondent. S’ils avaient agi quand ils étaient au pouvoir, on n’en serait pas là !

Phase 3

L’affaire passe au niveau supérieur de l’Etat. Le Président (ou le Premier ministre) prend la parole, sur le même ton que les tirailleurs, et annonce une réunion au sommet, avec tous les ministres concernés. La signification est claire : l’exécutif s’occupe des problèmes des Français. Un message est passé aux corps constitués mis en cause : toutes les responsabilités seront découvertes et exposées au grand jour. Un autre message est passé aux Français : ce qui vient de se passer pourrait vous arriver, mais rassurez-vous, cela ne vous arrivera pas, grâce à la phase 4.

Phase 4

Sans prendre en compte le dispositif législatif existant ni la représentativité du fait divers par rapport à des problèmes plus structurels, le dépôt d’un projet de loi est annoncé (pour les victimes, contre les agresseurs). Tirailleurs et membres du gouvernement se succèdent dans les médias pour s’en féliciter. En France, il n’est pas possible queIl n’est pas admissible queLe laxisme, c’est fini, ce n’est plus acceptable. Plus jamais ça. On prie l’opposition, si elle regimbe, de faire front et de penser pour une fois à l’intérêt national. C’est une loi qui fera date et qui vise un problème quotidien de nos concitoyens. Tant pis pour les corporatismes mis à mal !

Phase 5

Les médias se lassent du fait divers et passent à un autre sujet de préoccupation. L’excitation législative retombe : si la loi est votée, on traîne des pieds pour l’appliquer, ou on se rend compte qu’elle n’est tout simplement pas applicable.

Phase 6

Quelques mois passent. Les mouches ont changé d’âne : l’obsession du moment s’appelle modernisation de l’Etat, révision des politiques publiques ou encore plan de rigueur. On peut faire mieux avec moins : les corps constitués, associations ou professionnels mis en cause lors du fait divers voient leurs crédits raccourcis, leur organisation bouleversée et/ou leurs effectifs scalpés. L’application de la loi votée devient impossible.

Phase 7

La situation s’étant nettement dégradée, les risques de fait divers tel que celui connu en phase 1 s’accroissent – et c’est ce qui finit par arriver.

Phase 8

Reprendre à la phase 1.

Romain Pigenel


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