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Rengaine, de Julien Maret

Par Onarretetout

rengaineC’est dès la première page du livre de Lewis Carroll qu’Alice suit un lapin blanc dans son terrier qui prend soudain une pente très brusque. C’est sans doute l’introduction dans le rêve ; c’est aussi le chemin d’accès du lecteur aux aventures d’Alice au pays des merveilles ; c’est, bien sûr, une façon de s’endormir : tomber de sommeil.

Jean-Luc Nancy, en 2007, a publié un livre sous le titre Tombe de sommeil, où l’on voit bien le double sens du mot tombe. Il y aurait donc quelque chose de la mort dans le sommeil. Et de la chute aussi.

La chute, dans Mille milliards de milieux, de Claro, est aussi une forme de course contre la mort : « la fameuse phrase de Kittinger, le sésame de mes nuits, ma ritournelle en or : Je vais plus vite que la mort. »

Cette ritournelle m’amène à la Rengaine de Julien Maret, un livre qui se lance à corps perdu dans une chute qui emprunte beaucoup à Alice (obsession de la montre, jeu de cartes, sirop à boire, lapin, arbres, il y a même une Lisa quasiment au milieu du livre, qui pourrait se lire aLis…), et engage l’auteur dans une sorte de tube, de tuyau, de gaine. En sortira-t-il vivant ? Dans sa chute, Julien Maret entraîne les mots, désarticule les phrases, « de la même manière que quand nous sommes dans le train et que le paysage défile à toute vitesse sous nos yeux ». Partir, être parti, laissé tomber, être quitté, quitter, essayer les ténèbres, risquer encore l’humour si l’amour fait défaut, et « ne pas en revenir », « aborder l’inconnu ». Sous terre, peut-être, en graine, « comme un nourrisson », découvrant le monde. Espérer.


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